Sorti il y a près de trois années, le
Dracula de Georges Bess, formidable adaptation du chef d’œuvre épistolaire Bram Stoker, avait à juste titre fait sensation…
L’artiste avait composée des planches tout juste sublimes qui donnait à voir un Dracula dépouillé de ses atours romantiques et sensuels pour revenir aux sources du mythe, avec un monstre sauvage et bestial, un prédateur malsain prêt à tout pour assouvir sa soif et ses instincts primaires… L’album était alors décliné en deux versions, une classique et une plus luxueuse, dotée d’une couverture somptueuse qui proposait les planches dans un format plus généreux, plus à même de rendre justice au formidable travail de Georges Bess…
Pourquoi dès lors, à peine trois années après et après une seconde édition de la version luxe proposant un papier mat, republier l’album, une nouvelle fois déclinée en deux versions ? Parce que ce présent album est enrichit de l’adaptation d’une nouvelle moins connue,
l’Invitée de Dracula… Et, si la nouvelle a été publiée dix-sept ans après le roman de Stoker, à titre posthume, elle pouvait à l’origine en constituer le premier chapitre, racontant comment Jonathan Harker, faisant fi des sages conseils des autochtones, allait être confronté à l’indicible et au fantastique lors de la sinistre Nuit de Walpurgis… Les puristes considèrent quant à eux la nouvelle comme un premier jet, une ébauche du roman à venir tant il est vrai qu’il contient en germe le chef d’œuvre de Bram Stoker sans toutefois en avoir la force évocatrice…
On retrouve le trait sombre et fascinant du dessinateur qui adapte de façon aussi sublime que convaincante cette courte nouvelle de Bram Stoker, distillant avec art cette ambiance oppressante qui baigne la nouvelle originelle. A noter que l’album est complété par un (trop) petit cahier graphique qui permet d’apprécier plus avant le saisissant talent de Georges Bess…
Alors cet album est-il nécessaire ? Si vous avez déjà la première édition de l’album, l’album n’est clairement pas indispensable, à moins d’être un amateur éclairé de l’œuvre du dessinateur… Mais s’il ne se trouve pas encore dans les étagères de votre bibliothèque labyrinthique et que les vampires sont pour vous des figures emblématiques et incontournable de la littérature fantastique, n’hésitez pas à un instant et ruez-vous sur cette nouvelle édition… Une question persiste néanmoins : version luxe ou classique ? J’aurais tendance à préférer la classique, à cause du papier glacé utilisé pour la version luxe et qui ne permet pas d’apprécier le travail de l’artiste à sa juste valeur, affadissant un peu la force de ses crayonnés.
Trois années à peine après sa première édition, le Dracula de Georges Bess revient dans une version augmentée d’une vingtaine de pages…
Outre un (trop) petit cahier de crayonnés, vous trouverez quinze pages de BD supplémentaires, adaptation de l’Invité de Dracula, nouvelle de Bram Stoker publiée à titre posthume dans laquelle certains voient le premier chapitre ou l’ébauche de Dracula. On y retrouve les talents de conteur mais aussi et surtout de metteur en images de l’artiste et son trait puissant et fascinant qui nous avait tant charmé…
Si vous possédez déjà la première édition de l’album, à moins d’être un fan absolu de Bess ou de Stoker, cette version définitive est clairement dispensable… Par contre, dans le cas contraire, si Dracula fait partie de votre panthéon fantastique, n’hésitez pas un instant : cette adaptation de Georges Bess est un véritable chef d’œuvre du neuvième art…
En se signant à plusieurs reprises, il me supplia de ne pas m’enfoncer dans e chemin… Il répétait dans son jargon « Walpugris Nacht ! Walpugris Nacht !... » Impossible de discuter avec quelqu’un dont on ne comprend pas la langue !...
- Où donc mène cette petite route ? lui ai-je demandé
- Il est interdit d’y aller !
- Mais… interdit d’aller où ?
- Au village ?
- Il y a un village là-bas ?
- Oui… Enfin, il y a des siècles de cela, il y avait un village !dialogue entre Jonathan Harker et son cocher