



Dans un futur proche, Guy Montag fait travail consciencieusement sans se poser de question. Il est pompier et se doit de brûler les livres trouvé chez les citoyens, car la lecture est considérée comme nuisible au bien-être de l’individu et menace l’ordre social…
Mais un jour, il est ébranlé par sa rencontre avec Clarisse McClellan, jeune fille différente qui prend le temps de s’émerveiller de la beauté du monde et qui lui demande s’il est heureux… Une question qu’il ne s’était jusque-là jamais posée et qui va le faire douter du sens même de sa vie… Peu après, c’est une vieille femme qui a préféré se suicider et mettre elle-même le feu à sa bibliothèque qui allait ébranler qui allait le faire douter plus encore…
Son monde continue à se déliter et, lors d’une intervention, il dérobe un ouvrage pour tenter de comprendre ce qui pouvait justifier qu’une femme s’immole par le feu à l’idée de les perdre… Mais le sens du texte lui échappe, encore et toujours… C’est pourquoi il décide de se tourner vers Faber, un professeur d'anglais retraité qui possède, Montag en est certain, des livres…

Parmi les romans dystopiques marquant du XIXe siècle,
1984 de George Orwell,
Le meilleur des Mondes d’Aldous Huxley et
Fahrenheit 451 de Ray Bradbury font partie des classiques incontournables… Publié chez Casterman du vivant de l’auteur, cette réédition de l’adaptation de Tim Hamilton s’avère être une excellente idée tant elle est fidèle à l’œuvre originelle, comme le montre l’élogieuse préface, signée par le romancier lui-même… Joliment troussée, elle s’achève sur une demande très particulière de l’auteur, qui rend la lecture plus envoûtante encore… Pour ceux qui s’interrogent sur le titre énigmatique, sachez que la température de 451° Fahrenheit (soit 232,778° Celsius) correspond à celle de la combustion du papier…
Il est fascinant de voir qu’un ouvrage écrit au milieu du XXe siècle, il y a près de soixante-dix ans, trouve un tel écho dans notre société contemporaine, prouvant, si besoin était, l’incroyable modernité du roman :

des individus à ce point abrutis par les séries qu’ils n’ont qu’une vie sociale illusoire, des informations parcellaires qui ne permettent pas de comprendre les enjeux, de la culture qui n’est pas considérée comme un bien de première nécessité par nos dirigeants, d’un président qui karcherise
la Princesse de Clèves, estimant que le chef d’œuvre de Madame de La Fayette ne peut qu’intéresser les seules élites…
A l’instar de la société décrite dans le roman, dont les autodafés orchestrés par l’état évoquent ceux des pires régimes totalitaires, notre société verra-t-elle la fin de la civilisation du livre au profit de celle des écrans proposant des contenus prédigérés, détruisant peu à peu toute forme de culture et d’esprit critique en imposant une pensée unique comme socle de la paix sociale ? Même les fakes news qui polluent l’information occupent une place centrale dans le roman de Ray Bradbury, de la fonction des pompiers qui a été pour tout un chacun de détruire les livres par le feu ou la mise en scène télévisuelle de la mort Montag…
Reprenant le chapitrage du roman, Tim Hamilton s’est réapproprié avec brio le récit originel et l’a mis en scène avec un talent fou. Son remarquable travail graphique s’avère incisif, avec un sens du cadrage fascinant et un saisissant travail sur les contrastes qui contribuent à poser cette atmosphère si particulière qui règne sur l’histoire. Il donne vie à cette formidable galerie de personnages qui rend le récit si puissamment bouleversant.

Adoubé par Ray Bradbury de son vivant, Tim Hamilton signe une remar-quable adaptation de ce classique de la littérature d’anticipation en dépeignant une société dys-topique d’où les livres seraient bannis…
Pompier zélé chargé de la destruction par le feu des livres découverts, Guy Montag va voir son quotidien bouleversé par sa rencontre avec la jeune Clarisse McClellan qui va lui ouvrir les yeux et profondément bouleverser son rapport au monde… jusqu’à le faire douter du sens même de sa vocation… et de sa vie…
Soixante-dix ans après sa publication, Fahrenheit 451 n’a rien perdu de sa puissance évocatrice et de sa saisissante modernité… et cette adaptation, graphiquement aussi percutante que somptueuse, s’avère tout particulièrement réussie et permettra à de nouveaux lecteurs de découvrir ce monument de la littérature et l’on ne peut que saluer l’initiative des Editions Philéas de l’avoir réédité, avec une nouvelle couverture pour le moins réussie…
Tous les hommes ne naissent pas libres et égaux, comme dit la constitution. Mais ils sont tous rendus égaux. Quand chaque homme est l’image de tous les autres, ils sont tous heureux. Bref ! Un livre est une arme chargée dans la maison voisine. Il faut le brûler.le capitaine Beatty