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La Chambre des Officiers
La Chambre des Officiers



Fiche descriptive

Histoire

Philippe Charlot (d'après le roman de Marc Dugain)

Alain Grand

Tanja Wenisch

Bamboo

Grand Angle

01 Mars 2023


16€90

9782818993415

Chronique
La Chambre des Officiers
Des raisons de vivre

1914. Aux premiers jours de la guerre, un éclat d'obus défigure Adrien. Le voilà devenu une «gueule cassée», reclus au Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers.Adrien restera cinq ans dans cette pièce sans miroir.

Cinq ans pour réapprendre à vivre au rythme des opérations. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés d'une vie avec ses compagnons d'infortune. Cinq ans de «reconstruction» pour se préparer à l'avenir. Cinq ans à penser à Clémence qui l'a connu avec sa gueule d'ange...
un excellent album!


Des raisons de vivre
La Chambre des Officiers, planche de l'album © Bamboo / Grand / Charlot / WenischAdrien , jeune officier du génie, est gravement blessé par un éclat d’obus lors des premiers jours de la Grande Guerre alors qu’il effectuait une mission de reconnaissance sur les bords de la Meuse. Alors qu’elle n’avait pas encore vraiment commencée, la guerre est déjà finie pour lui et il ne foulera jamais les tranchées insalubres ou les champs de bataille jonchés de cadavres…

Il est transféré au Val-de-Grâce dans une chambre réservée aux officiers défigurés, chambre d’où on a pris soin d’ôter les miroirs et où on ne se voit que dans le regard des autres. Après avoir croisé son reflet, il songe à en finir avec son pistolet d’ordonnance, mais renonce, pour ne pas achever ce que les boches ont commencé… Il s’accroche au souvenir de Clémence, jeune femme qu’il a brièvement connu avant de rejoindre le front alors qu’elle était déjà fiancée.

Au fil des semaines, des mois et des années, rythmées par de multiples opérations d’une chirurgie faciale encore balbutiante, va se nouer entre ces « gueules cassées » une solide amitié...


une formidable adaptation d’un édifiant roman
Il n’avait pas fallu longtemps pour que François Dupeyron comprenne le formidable potentiel de ce roman à la fois intimiste et universel dans lequel Marc Dugain racontait la vie de son grand-père. Salué par la critique, sélectionné au festival de Canne et récompensé par deux César, le film qu’il en a tiré a permis au plus grand nombre de découvrir cette histoire, belle et tragique… La transposer en bande-dessinée relevait indéniablement de la gageure mais force est de reconnaître que Philippe Charlot et Alain Grand s’en sortent avec les honneurs…

La Chambre des Officiers, planche de l'album © Bamboo / Grand / Charlot / WenischOn y retrouve toute la force du récit originel, le drame bouleversant que traverse le jeune Adrien, sa famille qu’il souhaite préserver, les tourments qui sont siens, l’envie d’en finir, le rêve auquel il s’accroche ou l’angoisse de la vie d’après… Mais l’histoire n’est pas uniquement que celle d’une souffrance d’un jeune homme dont le visage a été arraché par un éclat d’obus allemand… C’est aussi, et surtout même, une bouleversante histoire d’amitié entre une poignée d’hommes et de femmes réunis par les aléas de la guerre et qui se soutiennent mutuellement dans les moments difficiles et tentent d’alléger leurs fardeaux… A travers l’histoire d’Adrien, Marc Dugain pointe toute l’absurdité de la guerre, avec ces destins fracassés, sans qu’il n’en ressorte rien… Le passage ou son grand-père avoue n’avoir tenu que parce qu’il était persuadé que la Grande Guerre serait la der des ders et qu’il avait en quelque sorte sacrifié son visage sur l’autel d’une paix durable et universelle, est tout juste bouleversant, alors que la montée du fascisme à travers l’Europe tout entière annonce la guerre à venir…

Difficile de ne pas être admiratif devant le formidable travail de découpage de Philippe Charlot, par le chapitrage impeccable introduit par une citation du livre et qui donne tout sa dimension à l’ellipse narrative… Malgré une pagination réduite, il parvient à retranscrire les tourments physiques et psychologique d’Adrien tout soulignant sa lente reconstruction et son envie d’aller de l’avant, malgré tout… La Chambre des Officiers, planche de l'album © Bamboo / Grand / Charlot / WenischOn songe immanquablement à la façon dont François Dupeyron l’a souligné avec finesse et efficacité avec la musique : la Marche funèbre de Siegfried accompagnant la première scène alors que son œuvre se refermait sur une musique plus alerte et pleine de vie, symbolisant le retour à la vie du jeune Adrien…


un dessin généreux et plein d’humanité
L’efficacité de son adaptation est renforcée par le dessin subtil et généreux d’Alain Grand qui met en scène avec finesse ces personnages tout en nuance et en subtilité. Il nous donne à voir autant qu’à ressentir les émotions qui traversent les différents acteurs de ce drame, retranscrivant avec justesse celles du jeune Adrien… Son découpage s’avère particulièrement inventif, telle la scène du réveil dessiné en « caméra subjective » qui nous immerge dans la tête d’Adrien qui tente de comprendre ce qu’il lui arrive… Percutante autant qu’intrigante, la couverture à elle seule fait montre de l’inventivité graphique du dessinateur… Talentueuse coloriste des Artilleuses ou de Furioso, Tanja Wenisch signe des couleurs subtile et lumineuse qui font ressortir toute l’humanité de ces personnages…


La Chambre des Officiers, planche de l'album © Bamboo / Grand / Charlot / WenischAvec cette Chambre des Officier, Philippe Charlot se prête pour la première fois au jeu de l’adaptation de roman… Déjà porté à l’écran par le talentueux François Dupeyron, le livre éponyme de Marc Dugain nous raconte la vie de son grand-père après sa blessure reçue aux premiers jours de la guerre…

S’il dépeint le quotidien d’une gueule cassée et son lent et douloureux retour à la vie, l’album nous raconte surtout une histoire d’amitié pleine de fraternité et d’humanité qui pointe avec une redoutable efficacité l’absurdité de la guerre.

La transposition du roman est d’autant plus efficace qu’elle est mise en images par l’impressionnant Alain Grand dont le trait subtil et généreux est sublimé par les couleurs délicate de Tanja Wenisch… Et c’est peu dire que cet album donne envie de se replonger tant dans le roman originel que dans le film qui s’en es inspiré… Une lecture bouleversante qui n’a rien perdu de sa force…


Entre nous, nous n’évoquons jamais l’avenir mais je commence à y penser… Un jour ou l’autre, il faudra se décider à sortir d’ici. Heureusement, nous avons, pour gagner du temps, l’alibi des nouveaux qui arrivent d Verdun par trains entiers. Pour ne pas les retrouver les veines ouvertes ou pendus au réservoir des toilettes, nous devons persuader de pauvres gosses qu’il leur reste de bonnes raisons de vivre..Adrien

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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