Voilà plusieurs années déjà que le roi Nacar, souverain du royaume d'Andranor, a disparu. Le pPrince Mo Lonsouffre, lèverait une armée pour reprendre le trône auquel il estime avoir droit… Les croyances populaires racontent que le jeune homme serait le fruit des amours adultérins de la Sodamée, première épouse du roi, et d’un démon des profondeurs…

Alors que la guerre s’annonce et sentant sa régence contestée, la reine œuvre pour que sa fille, la princesse Irinelle, épouse en justes noces le Prince-Chevalier Loumaye de Lure afin qu’il puisse coiffer la couronne et mettre fin aux prétentions de Mo Lonsouffre… Mais la jeune femme, passionnée par le métier des armes dans lequel elle excelle, ne veut pas d’un mari chétif et couard er rejette cette union…

Un jour, alors qu’Irinelle revenait de la chasse, un ploutre qui a l’outrecuidance de chanter les louanges de Mo au pied des murailles du château royal tente d’attirer son attention pour pouvoir lui adresser la parole… Il est jeté au fond d’un sombre cachot, sans autre formes de procès… mais son geste attire suffisamment l’attention d’Irinelle pour qu’elle descende dans les prisons pour lui parler, en secret… Elle l’ignore encore mais son destin est en passe de basculer…

La couverture de l’album est élégante mais évoque peut-être plus celle d’un livre de jeu de rôle que celle d’un album de bande-dessinée… Mais la filiation est loin d’être anodine tant on a la sensation que le background de l’album n’est que la partie émergée d’une construction narrative bien plus vaste encore, de celle qui pourrait servir de cadre à un jeu de rôle…

Et s’il est une chose que l’on peut accorder à Alexis Robin c’est un impressionnant talent pour esquisser les contours d’un univers riche et cohérent tout en prenant le temps d’installer une poignée de personnages clefs et en déroulant une intrigue particulièrement convaincante… Sur le devant de la scène, on trouve donc l’intrépide et rebelle princesse Irinelle. Grâce à l’intervention d’un intrigant ploutre, cette dernière comprend que derrière les mensonges colportés par sa mère et les croyances se cache une vérité plus complexe qu’il n’y parait et que la nature du lien qui l’unit à Mo Lonsouffre n’est peut-être pas celle qu’elle croit… Pour l’heure, le prétendant à la couronne n’est qu’une ombre fuligineuse qu’on évoque avec crainte, et, bien qu’il donne son nom à la série, il n’y apparait que comme une menace sourde et prégnante qui pèse sur le Royaume d'Andranor… Pour faire bonne mesure, un autre mystère subsiste : qu’est-il advenu de ce roi disparu depuis des lustres sans que l’on puisse savoir avec certitude s’il est encore de ce monde…

Réalisé à quatre mains, le dessin de Lucio Leoni et d’Emanuela Negrin s’avère être très efficace. Leurs cadrages incisifs rendent la narration particulièrement fluide et soulignent la dramaturgie de chaque scène. Décors, costumes, faunes et flore lorgnent plus du côté des univers de medieval-fantasy que de l’heroic-fantasy, avec des architectures et des costumes d’inspiration moyenâgeuses. L’encrage épais met en valeur les personnages et les couleurs de Lucio Leoni s’inscrivent dans une veine plus classique mais néanmoins efficaces…

Ce premier chapitre de Mo pose les bases d’un univers de medieval-fantasy cohérent en immersif. Alexis Robin parvient à esquisser ses contours tout en brossant le portrait des principaux protagonistes et en déroulant une intrigue particulièrement entraînante…

Alors que la régence de la reine qui dirige le royaume depuis la disparition du roi commence à être contestée et que Mo Lonsouffre, bâtard royal, lève une armée pour s’emparer du trône, la reine songe à marier sa fille, la princesse Irinelle à l’héritier d’une puissante famille qui pourrait ceindre la couronne… Mais, ne pouvant se résoudre à épouser un tel couard, Irinelle décide de partir à la rencontre de ce demi-frère, soupçonnant que derrière les mensonges colportés par la reine se cache une vérité plus tortueuse encore…

S’inscrivant dans une veine classique, le dessin généreux de Lucio Leoni et d’Emanuela Negrin s’avère particulièrement efficace et il nous tarde de croiser enfin ce Mo Lonsouffre qu’on évoque au fil des pages sans jamais l’entrapercevoir…

Ecoutez, écoutez, braves gens,
L’histoire d’un destin édifiant,
Celui du Prince de Mo Lonsouffre,
Attendant au font de son gouffre
Attendant l’heure de sa revanche
Comme l’oiseau de proie sur sa branche
Ce jour damoiselles et damoiseaux
Approche et il ne fera pas beau
Se mettre en travers du droit chemin
De celui qu’on a écarté du bien…
ballade de Brimbolio