![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Enfant, il n’y avait rien de plus doux que de se réfugier dans les jupes de sa mère qu’il aime tant. A la mort de son vieux père, il se réjouit car il l’aura désormais pour lui seul… Mais son bonheur sera éphémère : elle se remarie quelque mois après avec Jacques Aupick, un chef de bataillon qui compte bien reprendre en main l’éducation du jeune Charles. Il ne pardonnera jamais son remariage à sa mère… Après son renvoie du lycée Louis Le Grand, son beau-père l’oblige à embarquer sur un navire en partance pour les Indes pour un voyage censé l’endurcir et faire de lui un homme… A bord, ses propos acerbes tiennent à distance les autres passagers alors le jeune homme se rêve déjà poète. Il n’ira pas au bout de son voyage et reviendra prématurément chez lui et exigera, à sa majorité, qu’on lui verse sa part d’héritage paternel. Charles le dilapidera tant et si bien qu’on le placera sous tutelle, l’obligeant à quémander de quoi vivre à son banquier… ![]() la vie rêvée de Charles Baudelaire Après François Villon et Verlaine, ce fut donc à Baudelaire de connaître les honneurs d’une adaptation romanesque de sa vie tumultueuse sous la plume du regretté et talentueux Jean Teulé… Et, comme Je, François Villon sa Ô Verlaine, c’est au tour de Crénom, Baudelaire ! d’être adapté en bande-dessinée, comme beaucoup de ses fascinants romans, par les talentueux Dominique Gelli et Tello Gelli…On est d’emblée envoûté par le somptueux dessin des frères Gelli et ce dès la couverture, sublime et troublante où l’on aperçoit dans une obscure clarté un Baudelaire aux yeux rougis par la drogue et les excès enlacé par la troublante Jeanne Duval qui sera sa muse et donne son prénom au premier opus de cette ambitieuse trilogie… On découvre un Baudelaire meurtri par le remariage de sa mère qu’il juge comme une trahison, blessure qu’il portera sa vie durant et qui l’empêchera de faire pleinement confiance aux femmes… De là sa vie dissolue de dandy exubérant, son addiction aux drogues et son amour de la laideur. De là, ce comportement odieux et cette dépression qu’il traînera sa vie durant. Avec lui, on découvre le Paris révolutionnaire du XIXe siècle, les estaminets interlopes, le Jardin du Luxembourg, les bouges infâmes aux salles le Louvre où aimait à errer Baudelaire… On découvre aussi ses frasques sexuelles et ses relations avec Sarah la Louchette et surtout avec Jeanne Duval, femme à la peau d’ébène qui lui inspira des vers fascinant… ![]() un dessin somptueux, à la fois sombre et lumineux Le dessin somptueux, tout à la fois sombre et coloré, s’avère pour le moins envoûtant. On avait déjà apprécié le talent de Dominique Gelli sur son édifiante adaptation de Mangez-le si vous voulez du même Jean Teulé. Le trait épuré et l’encrage tour à tour souple ou sec esquissent un portait fascinant du jeune Baudelaire dont les fêlures et les blessures alimenteront l’œuvre pour donner naissance à ces fascinantes et vénéneuses Fleurs du Mal. Et la mise en couleur, en lumière devrait-on dire, sublime littéralement les planches de l’album et font de ce voyage aux côtés du poète une expérience fascinante…![]() ![]() On retrouve le style romanesque et flamboyant de ce formidable conteur qu’est Jean Teulé qui nous dresse le portrait d’un poète torturé qui trempe sa plume dans les plaies béantes de son enfance pour composer de sublimes poèmes et qui, malgré sa morgue et le mépris qu’il jette à la face de ses contemporains, s’avère tout de même touchant dans sa solitude d’écorché vif. Le dessin envoûtant des auteurs est quant à lui fascinant, avec ce trait épuré et cet encrage délicat rehaussé de couleurs subtiles à la fois sombres et lumineuses… - Il veut faire rimailleur mais la poésie, c’est quoi ? Tout cela est faux, extravagant, boursouflé ! On ne réussit pas dans la vie en agitant des grelots. Cette lubie pour songe creux, quelle perversion, quelle déchéance. Il se compte avec une superbe assurance comme le meilleur des poête à venir.
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