Sur une planète lointaine, la population est en constante augmentation. Bientôt, cette planète d’adoption ne suffira plus… C’est pourquoi les autorités décident d’envoyer une mission sur Ertha, leur planète d’origine qu’une poignée privilégiés avait pu quitter avant l’arivée d’énormes météorites qui allaient la percuter, pour voir si les conditions de vies y étaient à nouveau possibles…

Omula et ses parents feront partie de cette mission et vont s’embarquer à bord d’un vaisseau, avec chacun deux clones, pour accomplir cette mission d’exploration… Mais rien ne se passera comme prévu et les membres d’équipages vont succomber un à un à cause d’une intoxication alimentaire. Seul Omula et l’une de ses clones, Rema, survivront et parviendront à poser sans trop de heurts leur navette sur Erha…

L’antique cité d’Albalonga y est le théâtre de complots politiques. Alors que le roi Pocras se meurt, après avoir désigné l’un de ses fils comme héritier de la couronne, son frère, Amulius, fomente un coup d’état pour instaurer un régime autoritaire…

Ces deux récits vont se mêler et s’entremêler de façon inextricable pour tisser un récit dont on fait les légendes…

Si la couverture évoque d’emblée un péplum, le vaisseau traversant le ciel et survolant ces deux jeunes femmes montées sur un cheval interpelle et aiguise d’emblée notre intérêt pour le dernier album en date d’Yves Sente, scénariste à qui l’on doit les reprises de XIII, Black et Mortimer, Thorgal, La vengeance du comte Skarbek ou le Janitor, excusez du peu…

C’est peu dire que nous sommes happés par le récit choral dont chacune des deux voies s’avère captivante… D’un côté, une expédition venue d’une lointaine planète située dans une lointaine galaxie désireuse de s’assurer que le berceau originel de l’humanité est redevenu viable, de l’autre un récit antique où un ambitieux prince va tout faire pour ceindre la couronne de son défunt père, au détriment de son frère, le légitime héritier du royaume… Le passage de l’un à l’autre introduit une réelle frustration puisqu’on abandonne à chaque fois l’autre récit à un moment charnière avec un climax savamment orchestré. Le mélange des genres aurait pu donner une historie sans réelle saveur ni surprise… Mais il n’en est rien… Le scénariste compose une trame ébouriffante qui va prendre le lecteur à contrepied, esquissant un avenir subtilement différent de celui auquel il s’attendait…

Car le contexte du récit antique nous place en terrain connu : Procas, roi légendaire de la cité d’Albe-la-Longue, et ses fils, Numitor, son légitime héritier qui va être dépossédé de la couronne par son frère, Amulius, qui s’arrangera pour faire disparaître son fils, Lausus, et sa fille, Rhéa qu’il contraindra à devenir vestale et fera exiler lorsqu’elle sera enceinte et qui donnera, on le sait, naissance à Romulus et Remus, les fondateurs de Rome qui seront élevé par une Louve… Le lecteur est ainsi plongé dans la période précédent la naissance de Rome qui étendra sa domination sur le monde connu… Mais point de dieux qui président aux destinées des Hommes. Chaque élément se trouve être à sa place, parfaitement cohérent, de la conception des deux jumeaux par Mars à la louve qui élèvera les jumeaux… Ce parti pris purement historique apporte une dimension savoureuse à cette histoire connue de tous, jouant sur les mythes et les croyances pour composer un récit crédible et cohérent… Jusqu’à ce que l’auteur ne prenne le lecteur à contre-pied et se joue avec malice du destin.

Jorge Migue, dessinateur de Shangaï Dream ou des Décastés d'Orion, fait une nouvelle fois montre de son talent. La composition de ses planches s’avère particulièrement soigné alors que ses cadrages guident le regard du lecteur et accentue la dramaturgie de chaque séquence. Les personnages auxquels ils donnent vie s’avèrent attachants ou révulsant à souhait et son trait élégant et le soin apporté aux décors rendent les deux univers, antiquité pré-romaine et science-fiction particulièrement crédibles et immersifs…

Yves Sente nous entraîne dans un univers fascinant où un groupe d’humains bénéficiant d’une technologie très avancée est envoyée en mission sur Ertha, leur planète d’origine pour voir si la vie y est à nouveau possible. Seules survivantes de l’expédition, la jeune Omula et son clone Rema parviennent tant bien que mal à se poser sur dans une région dominée par un roi mourant qui vient de désigner l’un de ses fils comme héritier, provoquant la colère du second, qui va fomenter un sordide coup d’état… L’arrivée d’Omula et Rema aller bouleverser le destin de ce royaume antique…

Porté par le dessin classique mais crédible et efficace de Jorge Miguel, le fascinant récit d’Yves Sente joue avec la légende de la fondation de Rome pour tisser un récit crédible et cohérent avant que ses gamines venues d’une planète située à des années lumières de la terre ne viennent bouleverser le cours des choses…

La Fin d’un Monde amorce un dytique fascinant et cohérent dont il nous tarde de lire la suite !

C’est une honte. Mon frère Namitor n’a pas l’étoffe d’un roi ! Me considérer comme un simple commerçant, moi ! Crois-moi, Catus, ils s’en mordront les doigts. Mon père n’est pas encore mort, et nous avons encore un peu de temps pour nous préparer à changer le cours de l’histoire…Amulius