Colorado, Plaine de Foxwood, 1869. Une bande de salopard massacre un village Cheyenne. Seul un gamin, Dull, échappe à la tuerie…

Douze ans plus tard, Dull parcourt l’Ouest sauvage en compagnie d’Osacar Carjat, un photographe itinérant qui l’a pris sous son aile. Ensemble, ils illustrent les fameuses avis de recherche où figure la récompense pour la capture des hors-la-loi à prix… Si Son mentor sait lorsque c’est nécessaire faire parler la poudre, Dull possède un don précieux : il est capable de dessiner un portrait fidèle à partir de la description faite par un témoin… Mais un don hérité de ses ancêtres cheyennes confère à ses dessins un pouvoir chamanique : plus l’individu représenté est proche et plus le dessin se colore de rouge…

Alors qu’ils traquent sans répit « l’homme aux sourcils brûlés » qui dirigeait les hommes qui ont massacré la tribu de Dull, leur route allait croiser celle de Silent Rose, une chasseuse de prime désireuse de mettre la main sur cet homme cruel que traquait son frère… Une improbable alliance allait se nouer… Le sang ne va pas tarder à couler…

Après leur envoûtant Obscuria, David Boriau et Steven Dhondt se retrouvent pour signer un western implacable et violent qui nous entraîne dans l’ouest sauvage, dans le sillage d’un photographe et de son jeune assistant…

Au cœur de ce récit, ces fameux dessins ou photographie qui ornent les affiches de recherche que les chasseurs de primes arrachent des murs du bureau du shérif avant de se mettre en chasse… Mais le scénariste introduit un élément fantastique qui confère à son histoire cinglante une saveur unique alors que la violence distillée par les séquences d’action et la façon dont elles sont mises en scène par les crayons inspirés du dessinateur flamand. Son travail lorgne du côté du cinéma d’un Sergio Leone ou d’un Quentin Tarantino, avec des cadrages improbables et virtuoses, tel ce plan où le regard du lecteur prend le contre champ du trou béant laissé par une balle dans la bouche d’un outlaw…

Si le récit s’avère particulièrement rythmé et entraînant, il est d’autant plus efficace qu’il s’appuie sur une galerie de personnage foisonnants et haut en couleur : Dull, orphelin doté d’un don peu commun hérité des chamans de sa tribu, Oscar Carjat, photographe au grand cœur incarnant un américain au regard implacable assistant Dull dans sa soif de vengeance, et Silence Rose, chasseuse de prise noire et son improbable pistolet à l’anachronique silencieux en tête bien évidemment… Mais la galerie de personnage secondaire n’est pas en reste et rend l’intrigue particulièrement prenante, l’apparence de chaque personnage ayant fait l’objet d’un soin tout particulier, de leur costumes à leur attitude en passant par une gestuelle qui leur est propre… Mention spéciale à « l’homme aux sourcils brûlés » dont l’apparence s’avère terrifiante et à celle de Rose, iconoclaste pistoleros cache-poussière noir, les yeux masqués par des lunettes en verre fumée qui masquent un regard froid et déterminé…

Difficile de n’être pas une fois encore bluffé par le formidable travail graphique de Steven Dhondt don le trait dynamique fait merveille alors que ses cadrages ciselés et particulièrement percutant nous immerge dans ce western violent qui se teinte subtilement de fantastique… Si les scènes de fusillades sont d’une efficacité diabolique, son découpage confère de l’ampleur à ses planches, nous donnant à voir et à ressentir l’immensité de cet ouest sauvage qu’il dépeint avec un plaisir, un talent et une virtuosité saisissante…

David Boriau et Steven Dhondt, les auteurs d’Obscuria se retrouvent pour signer un western multi-culturel violent se situant à la confluence de l’œuvre de Sergio Leone et de Quentin Tarantino.

Le lecteur est entraîné au cœur d’un ouest sauvage et violent dans le sillage d’un jeune cheyenne, de son mentor photographe et d’une chasseuse de prime implacable, tous trois déterminés à retrouver « l’homme aux sourcils brûlés » pour lui faire expier ses nombreux crimes…

Porté par une foisonnante galerie de personnages iconoclastes hauts en couleur, le dessin dynamique et virtuose de l’impressionnant Steven Dhondt et ses cadrages percutants, le scénario à la lisière du fantastique de David Boriau s’avère être d’une redoutable efficacité… Amateurs de westerns baroques, cruels et sanglant, ne manquez ce one-shot sous aucun prétexte…

- Abel, le gars que vous poursuivez, il a descendu l’assistant du maire et s’est tiré… Moi et mes adjoints ont a été averti trop tard ! Il s’est enfui en direction du nord, et ça fait deux jours. A mon avis, vous allez avoir du mal à le retrouver… Même avec votre indien…
- Vous vous méprenez, nous poursuivons les témoins, pas les criminels.
- Bien, dans ce cas-là, Giselle va faire votre bonheur. Elle a discuté avec le gars juste avant le crime.
dialogue entre le Shérif de Foxwood et Osacar Carjat