Un brin benêt mais attentionné et plutôt mignon, Aether sert comme valet au palet royal de Valéria… Un jour, des créatures insectoïdes envahissent le palais. Leur carapace chitineuse résiste à la puissante magie de la princesse Tatiana Louisdottir comme à la rapière affûtée de Meeri, membre de la garde et bretteuse surdouée… Pour protéger son ami qui se retrouve en bin fâcheuse posture, le jeune homme s’empare d’une étrange épée accrochée au mur et, bien que la maniant comme un béotien, trucide la bestiole…

Malgré l’efficacité de l’épée, qui ne semble pouvoir être manipulée que par Aether, devant le nombre sans croissant d’assaillant, la Princesse, le jeune homme et la bretteuse n’ont d’autre choix que de fuir… La princesse les téléporte à bord d’un dirigeable croisant au-dessus du palais qui vient d’être réduit en cendre… Ce dernier est sous commandée par Opale Sengens, pirate libre et farouchement indépendante et bricoleuse de génie…

Commence alors une formidable aventure pleine d’action et d’émotions dans le sillage d’Aether, tellement benêt qu’il ne se rend pas compte que Meeri, son amie d’enfance, est amoureuse de lui depuis toujours alors que la princesse, malgré ses remarques dénigrantes, doit se rendre à l’évidence : elle n’est pas insensible à son charme…

Premier album signé par le romancier Olivier Gay, le premier tome des Gardiennes d'Aether semblait être destiné à rester orphelin, condamnant les lecteurs à ne pas connaître la suite des aventures rocambolesques et drolatiques d’un jeune homme trop gentil et d’une poignée de femme aussi dangereuse que protectrice… Et voilà que Toutes pour un déboule sur les étals avec sa couverture attirante et son signet en tissus du plus bel effet… Changement de nom mais pas de ton ! Ce volume à la pagination généreuse est une sorte d’intégrale, reprenant le premier tome et lui adjoignant le second sans que ce dernier n’ait jamais été publié… Qu’importe si c’était le prix à payer pour lire la suite des aventures d’Aether !

On se replonge avec une jubilatoire facilité dans cet univers déjanté et potache sorti de l’imagination débordante d’Olivier Gay, romancier à qui l’on doit notamment La Magie de Paris ou La Main de l'Empereur. On devine le passé de rôliste dans la richesse de son univers, les répliques irrésistibles de ses personnages et son sens du rythme… Nul temps mort : ici, les péripéties s’enchaînent sur un rythme endiablé alors qu’un twist inattendu vient redistribuer les cartes, laissant nos héros dans un bien fâcheuse posture ! Inutile de me chatouiller, je ne parlerai pas pour ne pas divulgâcher cette histoire entraînante riche en jeux de mots et en situations rocambolesques et burlesques…

On s’attache rapidement à ces personnages, d’Aether, candide de service (à double titre !) peu rompu au métier des armes et qui ne voit même pas que Meeri et Tatiana sont raides dingues de lui ! Et, chose plutôt rare dans les récits de d‘héroic-fantasy (fut-elle teintée de steampunk !) les femmes ont ici la part belle puisqu’elles sont tout à la fois les véritables héroïnes de l’histoire, prêtes à tout pour sauver un jeune homme… Et cette inversion des normes donne lieu à une foule de situations savoureuses et impromptues qui permet à l’auteur de faire montre de ses sens du comique et de la répartie…

Après avoir fait ses armes dans le jeu de société (Mad Trip, Pow !, Trek 12 ou Les Ombres de Macao… tous de petit bijoux ludiques !), Jonathan Aucomte amorce donc une nouvelle carrière dans le neuvième art… Et le fait est que son dessin d’inspiration manga s’avère follement expressif, lui permettant d’animer avec talent les personnages joyeusement décalés imaginés par Olivier Ray dont les postures souvent appuyées et exagérées les rendent plus irrésistible encore. Illuminés par le travail de colorisation de Yoann Guillé, ses cadrages soulignent avec force le comique de situation et l’humour cinglant des réparties… Olivier Gay et Jonathan Aucomte se sont clairement trouvés et on ne peut qu’espérer que le tandem nous prépare un nouveau récit…

Venu du roman, Olivier Gay dévoie Jonathan Aucomte (qui s’est taillé une solide réputation dans le monde du jeu) s’associent pour signer un récit d’heroic-steampunk-humoristico-fantasy décalé et jubilatoire destiné à un public adolescent et plus si affinité… Porté par un trio de femmes fortes prêtes à tout pour sauver un jeune homme courageux et intentionné mais profondément incompétent tendance benêt entraîné bien malgré lui dans une aventure qui le dépasse clairement et qui consiste à sauver le monde, rien de moins…

Un dessin au style enlevé et dynamique, un scénario déjanté, des répliques potaches et décalées qui ne dépareilleraient pas dans une partie de JdR et des rebondissements impromptus à tendance twistiques sont au menu de ce one-shot qui clôture une série qu’on pensait, bien heureusement à tort, être avortée : j’ai nommé Les Gardiennes d'Aether… Oui, Toutes pour un est une très sympathique récit d’aventure parfaitement calibrée pour un public adolescent (mais leurs vieux parents ayant su garder la folie de leur folle jeunesse rôlistique pourront leur emprunter ).

- Vous l’avez fait exprès ?
- Mais non, rhô, c’est juste un accident. Tout va bien. Si on prend la tâche rapidement, ça devrait partir. Il faudrait un peu de vinaigre blanc…
- Vous osez vous moquer de moi ? Que quelqu’un lui donne une épée ! Voyons si ce freluquet a des tripes. Littéralement.dialogue entre un Prince et Aether