Arrivé en Amérique avec 100 dollars et 10 mots d’anglais en poche, l’acteur hongrois Béla Blaskó, alias Béla Lugosi, est passé à la postérité pour son interprétation du Comte Dracula dans le film de Tod Browning après l’avoir interprété sur les planches à Broadway… Mais ce rôle qui lui valut une renommée internationale allait lui coller à la peau toute sa vie durant…

Flambeur et volage, il dilapida ses cachets et refusa d’incarner la Créature dans le Frankenstein d’Anthony Leondis qui fut un immense succès. Au fil du temps, il est fut de moins en moins demandé sur les plateaux et allait sombrer dans la drogue et l’oubli avant de finir sa carrière dans les films d’Ed Wood, considéré comme le plus mauvais cinéaste de l'Histoire…

Si le rôle de Dracula l’a fait passé à la postérité, avec cet accent si caractéristique qui allait si bien au personnage, qui connaît la vie de cette acteur d’origine hongroise qui terrorisa des milliers de spectateurs ?

S’associant au fascinant Marion Mousse, Philippe Thirault se propose de nous conter la vie tumultueuse, tour à tour sublime et misérable de cet acteur emblématique du cinéma horrifique qui marqua l’âge d’or hollywoodien de son empreinte avec près de 110 films, 5 mariages et… un enterrement entouré de mystères et de légende… Ne dit-on pas de lui qu’il demanda à être enterré dans son costume du Comte Dracula ?

Le scénario s’avère inventif et jubilatoire de par la personnalité particulière de cet acteur… Sa structure narrative où la trame de la vie de Béla Lugosi s’enchâsse dans le dialogue entre lui et Danny Sheffield, un fan absolu du « maître » venu chez lui pour s’entretenir avec cet acteur qu’il admire. La façon dont Lugosi enjolive sa vie s’avère savoureuse… il en est de même avec sa relation avec Lillian Arch, son ex-femme, avec qui il entretient des relations très particulières alors qu’elle apporte un autre éclairage sur le personnage alors que les remarques de Sheffield replacent avec finesse les anecdotes de Lillian dans la filmographie de l’acteur… L’album s’avère tout à la fois drôle et touchant alors que Lugosi apparaît tour à tour flamboyant ou pathétique…

J’avoue être un fan inconditionnel de Marion Mouse depuis que j’ai découvert son travail avec l’avoir découvert avec les contrebandiers de Moonfleet, formidable adaptation du roman de John Meade Falkner signée par Igor Szalewa. Depuis, le dessinateur n’a cessé de me fasciner par son style si particulier, plein de fraîcheur et de vie… Son travail en noir & blanc s’avère superbe et immerge le lecteur dans cette époque où furent tournés les plus grands films de Lugosi.

Devenu immortel pour son interprétation du comte Dracula dans le film de Tod Browning grâce à son charisme inquiétant et son délicieux accent, Béla Lugosi a peu a peu sombré dans la drogue et l’oubli…

Par un savoureux dialogues entre un fan absolue et l’une de ses compagnes, Philippe Thirault compose un portrait à la fois touchant et pathétique de cet acteur emblématique du cinéma horrifique de l’âge d’or hollywoodien. Les dessins esthétiques du talentueux Marion Mousse immergent le lecteur dans les premières années du cinéma parlant jusqu’à la mort de Lugosi dont ont dit qu’il fut enterré dans ses vêtements de Dracula…

Bela Lugosi est un album édifiant et passionnant qui remet sur le devant de la scène l’un des plus fascinant Dracula du cinéma, digne de rester dans les mémoires aux côtés de Max Schreck, Christopher Lee Gary Oldman…

- Ce… ce que je veux dire, c’est que ‘est la même année que Bela arrive en Amérique et…
- Avec 100 dollars et 100 mots d’anglais.
- Oui, quelle réussite !
- Et quel homme admirable ! Un grand patriote ! Quel courage ! Et quand il avait tout, il défendait ceux qui n’avaient rien ! C’est… C’est…
- Oui… un vrai film hollywoodien.dialogue entre Danny Sheffield et Lillian Arch