Après avoir descendu un à un des trafiquants de drogue qui prenaient d’assaut le resto où il travaillait comme livreur, Lino est devenu un individu recherché par toutes les polices de Dark Meat City… Fuyant avec Vinz à bord d’un van délabré et embarquant au passage Willy, leur encombrant ami aussi lourd que lâche devenu entre-temps gourou d’une secte survivaliste ils font route vers Dark Vegas, la capitale de tous les vices avec un beau paquet d’oseille…

La ville offre d’innombrables plaisirs aux fugitifs qui pensent pouvoir se cacher au milieu de la foule riche et interlope qui y pullule… Nos trois amis venaient de prendre leurs quartiers à l’imposant et luxueux hôtel Cléopatra's lorsqu’un mystérieux virus hautement contagieux est balancé sur le centre-ville par les autorités, histoire de pouvoir tester en direct ses effets…

Le virus transforme les habitants de Dark Vegas en dangereux zombies à une vitesse vertigineuse et rapidement incontrôlable… Et le confinement mis en place par le gouvernement deviendra bientôt intenable… Des mesures radicales doivent être prises pour enrayer l’épidémie…

Parmi les BD déjantée mais parfaitement maîtrisée, le virevoltant Mutafukaz occupe une place de choix… Après une délicieuse incursion dans le western (Mutafukaz 1886), voilà que nos deux héros bien malgré eux sont de retour pour un récit décapant, drôle et irrévérencieux qui nous entraîne au cœur de Dark City, une version (à peine) déformée de la Las Vegas que nous connaissons avec les excès et la débauche de blingbling que l’on peut imaginer…

Rehaussée d’un fin liseré d’or, la couverture est tout juste une tuerie et l’on comprend sans mal que notre trio de héros (enfin disons notre tandem de héros et leur boulet) va se retrouver une fois encore en bien fâcheuse posture… Même le quatrième de couv, avec les logos signalétiques informant le lecteur qu’en ouvrant l’album il va être confronté à des scènes de violence, un langage ordurier, de la discrimination, du vice, des jeux d’argent, le tout saupoudré par une bonne dose de masculinité toxique est une petite merveille de mauvais goût…

La narration est une fois encore impeccable, entrecoupée de flyer publicitaires décrivant les hôtels qui vont servir d’écrin aux carnages ou de fausses pubs jubilatoires qui caricaturent en une petite page la mentalité américaine ou les copies d’écran d’échanges de SMS qui rendent compte de la (désastreuse) situation alors que les hordes de zombies contagieux débarquent et déciment la cité du vice. Les manœuvres du gouvernement pour débusquer et éradiquer la menace Macho sont glaçantes à souhait de même que la façon dont ils vont gérer la situation de crise qu’ils ont eux-mêmes créé, donnant du grain à moudre aux complotistes de tous poils… La rencontre du trio avec un combattant de MMA macho et testostéroné amateur éclairé d’armes à feu s’avère des plus détonantes alors que la jeune fille pacifiste qui va faire un bout de chemin avec eux tient des discours, certes humaniste, mais totalement en décalage avec la situation et les épreuves traversées…

Le dessin virtuose de Run fait quant à lui encore et toujours mouche ! Doté d’un sens du mouvement décoiffant et d’un sens du cadrage virtuose, l’artiste nous offre une fois encore un album irrésistible formidablement dynamique… Willy y est comme de coutume particulièrement lâche, lourdingue et veule (à se demander s’il faut-il vraiment sauver Willy !) et son attitude plus que son apparence nous donne une furieuse envie de lui coller de baffes… Vinz et Lino sont quant à eux fidèles à leur image, tantôt attendrissants (Vinz découvrant qu’à Dark Vegas il peut enfin devenir lui-même), tantôt émouvants (Lino doutant de sa véritable nature) et tantôt inquiétants lorsqu’ils s’abandonnent à l’ultra violence pour juguler la horde de zombies décérébrés bien décidé à les faire rejoindre leur bande… Ces changements perpétuels de registres, de la tragédie au gore et de l’humour au drame, confèrent toute sa saveur à cette nouvelle série, comme ils le faisaient pour ce qu’il convient d’appeler la première saison de Mutafakaz ou son spin-off western…

Après son fascinant et irrévérencieux Mutafukaz et sa déclinaison à la sauce western (Mutafukaz 1886) Lino et Vinz sont de retour pour une suite décapante…

Après avoir quitté sur les chapeaux de roues Dark Meat City, la police aux trousses après que Lino ait descendus les trafiquants de drogue qui menait un assaut contre le resto où il bossait comme livreur, Vinz et Lino ont embarqué à bord de leur van Willy et un bon sac de dollars avant de tracer vers Dark Vegas, anciennement nommée Las Vegas… Là, ils pensaient se la couler douce incognito dans les luxueuses chambres du luxueux Cléopatra's… C’était sans compter la volonté du gouvernement de se débarrasser de la menace que les Machos (cf tome 1) font planer sur leur démocratie américaine… Quitte à balancer un virus expérimental et hautement contagieux sur la cité du Vice…

Le scénario débridé, drôle et irrévérencieux de Run est mis en scène par son dessin dynamique et virtuose dont le style inimitable est au diapason de l’histoire… L’apocalypse locale qui se déchaîne à la fin de l’album nous donne furieusement envie de connaître la suite… Fichtre que l’attente sera longue !

- C’est la belle vie, ici, pas vrai ?
- Le lit et si frais et si moelleux !
- Tu sais Lino ? J’adore vraiment cette ville. Pour la première fois de ma vie… je crois que je me sens bien… dialogue entre Lino et Vinz