



Scénariste aussi talentueux qu’éclectique, Dobbs se propose de nous entraîner dans les coulisses de l’histoire de France pour nous faire revivre treize batailles qui ont jalonné son histoire et contribuèrent à la constitution de la nation…
Mais le scénariste ne s’attache pas à en retranscrire l’exact dérouler ni à nous détailler les mouvements de troupes pour exposer les stratégies et les tactiques utilisées par l’un ou l’autre camp… Il fait un subtil pas de côté et se met à hauteur d’homme, mêlant personnages historiques et fictifs, pour mieux nous immerger au cœur de ces batailles… Chacun des 13 récits formant l’album est ainsi doté d’une ambiance singulière, s’offrant parfois des détours du côté de l’humour lorsqu’il s’agit de mettre en scène la Bataille d’Ivry… Mais pouvait-il en être autrement lorsque c’est Rodolphe Ohazar Lupano qui s’en charge ? Son Henri IV, roi depuis moins d’un an, y est délicieusement décalé alors que se déroule la décisive bataille d’Ivry qui sonna le glas de la Ligue et durant laquelle fut prononcée la fameuse phrase sur le panache blanc…

C’est d’ailleurs ce qui fait la force de cet album : chaque dessinateur apporte à l’histoire dont il a la charge une part de sa personnalité et de son univers. Et, comme à son habitude, le scénariste a un don pour s’entourer de dessinateurs au talent confondant… Et cette anthologie ne fait pas exception… Chacun apporte sa pierre à l’édifice comme chacune de ces batailles l’a fait à l’histoire de France. Quel plaisir que de retrouver l’impressionnant Florent Bossard qui dépeint avec son trait fascinant ces Vosges qu’il connaît si bien ou le trait souple et les couleurs envoutantes de Ludovic Chesnot avec ce récit savoureux et romanesque se déroulant tandis que De Gaulle et son hétéroclite unité de char tentait de barrer la route de Paris aux unités de panzers allemands… Sans pouvoir tous les citer, tous ont fait un travail admirable, nous livrant des planches somptueuses et de grands moments de bravoure graphiques, chaque histoire étant comme une petite parenthèse dans le déroulé de la bataille, nous donnant l’impression d’être un oiseau qui survole en quelque 192 pages l’histoire de France, de la célèbre Gergovie à Saucourt-en-Vimeu, du siège de Château Gaillard à celui de Chartres, de la bataille de Malplaquet à celle de Valmy, de Montereau à Champigny, de la première bataille de la Marne à celle du Vieil Armand ou à celle de Montcornet pour finir, fort logiquement, par la Bataille de France…
Violents, touchants, impromptus, romanesques, épiques ou humoristiques, chacun de ces récits s’avère captivant et entraînant, faisant montre du talent de l’auteur à explorer, malgré une thématique clairement définie, des genres très différents et de poser avec art et en l’espace de quelques pages 13 ambiances très différentes et 13 scénarios qui sont bien plus que des récits de guerres et de batailles…
Chapeauté par Dobbs, scénariste aussi éclectique que talentueux, 13 Batailles nous entraîne dans les coulisses de batailles dont l’issue a façonné la France, des plus célèbres aux moins connues…
Chacun des treize dessinateurs auquel il a associé sa plume apporte sa patte graphique et une part de son univers dans l’histoire dont il a la charge. Alors que le fracas des armes résonne, le scénariste met en scène quelques figures historiques mais plus encore des anonymes qui ont participé à ces escarmouches… Même si chaque histoire s’inscrit dans un contexte martial, chacune a une couleur particulière, explorant des genres subtilement différents, le récit se teintant de polar, de tragédie, de romanesque ou se faisant parfois délicieusement humoristique…
En nous donnant à voir la guerre à hauteur des hommes qui l’ont faite, joliment édité et porté par une couverture superbe et accrocheuse, 13 Batailles est un album concept édifiant, entraînant et captivant qui ravira les amateurs d’Histoire… et d’histoires…
Ils disent qu’on a perdu l’Hirtzenstein… Ils ont bombardé le peloton Deschamps, puis ils ont envoyé leur 25ème Régiment d’Infanterie.
- Si on a perdu le rocher au sud, ça veut dire que les copains du sommet vont bientôt être coincés, c’est ça ? Et avec ce qu’on a pris dans la gueule, pas sûr qu’on aille les dégager… Putain de montagne. dialogue entre poilus