Témoin de l’assassinat de trois cowboys par un tueur armé d’un fusil à lunette, un jeune vagabond ramène les cadavres à la ville la plus proche. Warren, l’un des plus gros éleveurs de la région et employeur des trois victimes, lui propose de travailler pour lui… En acceptant son offre, en acceptant le travail, le jeune Durango ignorait qu’il allait se retrouver au centre d’une guerre entre éleveur déclenchée par le tueur au fusil…
Durango va déjà se mêler de ce qui ne le regarde pas en suivant les ordres de son patron mais en interprétant, à sa façon, sa partition… Tandis qu’une bande de Red Neck lancent un assaut en règle du ranch des Wesbury, Durango escorte Anna, la fille de Warren, qui part en ville pour négocier secrètement l’éventuelle vente du ranch familial qu’elle sait au bord de la faillite. Là, il croit reconnaître le tueur mais pour s’en assurer, il décide de fouiller sa chambre… Il a tôt fait de trouver la fameuse carabine et parvient une fois encore à filer de justesse…
Au fil des jours, il apparait que des agitateurs montent les propriétaires des ranchs les uns contre les autres pour acheter à vil prix des terres qu’ils savent gorgées de pétrole…
Avec comme point d’orgue la trilogie d’
Amos et s’inscrivant dans la veine des films de Sergio Leone,
Durango fait partie des meilleurs séries western que tout amateur de ce genre très codifié se doit de connaître…
Créé par Yves Swolf à l’aube des années 80, Durango, tueur inspiré par du Silence incarné par Jean-Louis Trintignant dans le chef d’œuvre de Sergio Corbucci et devenu gaucher par nécessité, était un être solitaire et taiseux qui ne tuait que par nécessité et avait la fâcheuse habitude de prendre le parti des faibles contre les puissants et de se mêler des affaires des autres… Mais de son passé, on ne savait presque rien, même si on devinait qu’il dû très tôt apprendre à se défendre… C’est pourquoi l’idée d’amorcer une série le mettant en scène jeune, avant même qu’il ne tue son premier homme, était de celles qui ne pouvait qu’attirer les aficionados de la série-mère…
Uniquement scénariste sur cette
Jeunesse de Durango, Yves Swolf nous narre les premiers pas dans le métier du jeune Durango, passant malicieusement sous silence ses origines et ses raisons d’être dans la région. Mais, avec ce second tome, son scénario s’étoffe alors que les masques tombent et que les différentes parties sont à présent clairement identifiées…
Après avoir mis en image
la Jeunesse de Thorgal, Roman Surzhenko semble de plus en plus à l’aise avec le western. Usant avec art du vocabulaire cinématographique qui donne de l’ampleur à l’histoire, l’artiste russe renforce la dramaturgie de chaque scène, aidé en cela par la colorisation soignée de Jackie De Gennaro qui pose les ambiances avec subtilité.
S’affranchissant des bordures blanches pour suggérer la simultanéité des actions de certaine séquence, son découpage s’avère quant à lui particulièrement efficace…
Après un premier tome qui prenait le temps de poser le contexte mais laissait Durango un peu en retrait, les choses se précisent avec ce second opus… Durango se rapproche du devant de la scène, se mêlant de ce qui ne le regarde pas nécessairement alors que les instigateurs du chaos qui s’installe peu à peu dans la région font tomber les masques…
Au fil des pages, son caractère semble s’affirmer pour se conformer peu à peu à l’image qu’on a de lui, après près de dix-huit tomes de la série principale…
Le scénario d’Yves Swolf est porté avec une redoutable efficacité par le trait réaliste et le découpage très cinématographique de Roman Surzhenko ainsi que par la colorisation subtile de Jackie De Gennaro. Nous ne sommes qu’à un tome de la conclusion de cette trilogie et le final s’annonce d’ores et déjà explosif…
Non d’un chien… le gant… les cheveux… c’est lui… Mais avant de le dénoncer, il me faut une preuve… Miss Warren sera présente… S’il me surprend, il n’osera pas m’abbattre.Durango