L’enfance d’Ayla fut heureuse jusqu’à ce qu’un terrible tremblement de terre ne la sépare de son clan…
Attaquée par un lion des cavernes et laissée pour morte, elle devait être recueillie par celui de l’Ours des Cavernes. Adoptée par Iza, la guérisseuse du clan, son apparence disgracieuse lui attire bien des inimités au sein de son nouveau clan, à commencer par celle de Broud, le fils du chef du clan. Apprenant peu à peu la langue de ceux du clan de l’Ours des Cavernes, elle va suivre les enseignements de sa mère adoptive qui lui apprend les secrets des plantes qui soignent.
Ne tenant pas compte des tabous de son clan d’adoption, la jeune Ayla va secrètement apprendre à se servir d’une fronde alors même que les femmes de l’Ours n’ont pas le droit de toucher les armes des chasseurs, sous peine de s’attirer les foudres des esprits… Lorsqu’elle sauve un bébé des crocs d’une hyène en utilisant sa fronde, Broud prend cela comme prétexte pour chercher à la bannir du Clan de l’Ours…
Il est étrange que les temps préhistoriques n’aient pas plus inspiré les scénaristes de bande-dessinée, malgré certains titres intéressants, de
Rahan qui a marqué des générations de lecteur en passant par
Lucy,
Vo'Houna ou
Nandertal… Mais le fait est que cette adaptation des
Enfants de la Terre, chef d’œuvre de Jean M. Auel, s’avère vraiment passionnante.
Ecrire un récit se déroulant dans la lointaine préhistoire est un exercice audacieux : comment rendre compte de la vie de l’époque sans prêter aux personnages des idées par trop contemporaines à la notre, sans analyser la vie de nos lointains ancêtres à travers le prisme déformant de nos sociétés ?
Mais, dès les premières pages de l’album, on comprend que l’auteur a fait un formidable travail… S’appuyant sans doute sur une solide documentation pour retranscrire tant la vie quotidienne de ces hommes et ses femmes qui vivaient alors, de leurs modes de vie à leurs vêtements en passant par connaissances, leurs croyances et leur outillage tout en décrivant avec soin leur environnement et les dangers qui les guettaient. Dans ce récit, Homo Sapiens et Neandertal cohabitent sur de mêmes territoires, se mélangeant parfois, comme cette jeune Ayla, née dans un clan d’Homo Sapiens, qui allait être recueilli et grandir un temps par des néanderthaliens.
Refusant les dictats de son clan, Ayla apparaît comme l’une des premières féministes de l’humanité mais elle devra affronter et souvent subir les croyances des hommes et des femmes de son temps… Difficile de ne pas s’attacher à ce personnage bousculé par les évènements qui allait être recueillie par une famille aimante et attentionnée qui allait l’aimer que l’une des leurs, malgré ses différences rappelant à tout un chacun ses origines… L’ensemble s’avère particulièrement crédible et cohérent et par la même passionnant tant l’auteur nous donne à comprendre de façon plausible ce que pouvait être la vie de ces hommes préhistoriques.
Le trait faussement naïf de Camille Moog colle parfaitement au récit qu’elle a si bien su adapter en s’appuyant sur le premier volume de la saga des
Enfants de la Terre. Son interprétation du personnage d’Ayla est d’emblée attachante, de même que celui d’Iza la guérisseuse ou de Creb le Mog-ur, tandis que celui de Broud, emmené à devenir chef du clan de l’Ours, est d’emblée antipathique… On prend plaisir à la voir grandir et évoluer, son apparence se modifiant subtilement au fil du temps qui passe alors qu’elle s’affirme peu à peu et ose imposer ses idées, même si elle doit aller contre l’ordre établi, telle une Antigone préhistorique... Les couleurs délicates de l’artiste permettent de poser de belles ambiances qui rendent la lecture de l’album plus immersives encore tandis que les décors évanescents ancre le récit dans le réel…
Adaptation du premier tome des Enfants de la Terre, saga préhistorique solidement documentée signée Jean M. Auel, Le clan de l’Ours nous entraîne il y a quelques milliers d’années, alors que Neandertal et Homo Sapiens cohabitaient…
Centré sur le personnage d’Ayla, séparé de son clan par un tremblement de terre et recueillie, blessée, par celui de l’Ours des Cavernes et accueilli par Iza la guérisseuse tandis que Creb le shaman de la tribu, la considère comme sa fille. Mais ses différences physiques et sa formidable capacité d’adaptation et d’apprentissage vont lui attirer les inimités de Broud, le fils du chef du clan appelé à prendre la place de son père…
Faussement naïf, le dessin de Camille Moog met en scène des personnages crédibles et attachant, reconstituant leur cadre de vie et leur quotidien avec force détails. On vibre avec Ayla au fil des pages, partageant ses angoisses, ses doutes, ses joies, ses peurs et ses révoltes… Et on est, comme elle, remué par la fin poignante et cruelle de cet album…
Ayla ! Non !! Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu as failli toucher une arme ! Tu veux attirer la colère des esprits, sur le clan ? Tu veux mourir ?
- Mais…
- Il n’y a pas de mais ! Ne fais plus jamais ça, tu m’entends ?! Plus jamais !dialogue entre Iza et Ayla