Dans les terres arides séparant le Mexique des tous jeunes Etats-Unis d’Amérique, les tribu Apache Chiricahuas sont pris en tenaille entre des brigands mexicains et l’armée américaine qui cherche à les chasser de leurs terres ancestrales…
Alors que certains ont accepté de se laisser enfermer dans des réserves qui diminuaient comme peau de chagrin, d’autres, tels Geronimo, ont choisi de prendre le Sentier de la Guerre pour défendre leur terre et leur culture…
L’histoire de Golde West est celle de Woan, jeune apache banni de sa tribu pour avoir rompu l’harmonie du Gota en chassant ours-qui-se-tient-debout… Malgré son jeune âge, il parvint à survivre, seul, aux abords de la frontière, affrontant les éléments et les passions humaines, avant de croiser la route d’Inès, une mexicaine ravie aux siens par les Chiricahuas et élevé par eux, puis celle de Geronimo, chaman respecté et valeureux guerrier aux côtés de qui il combattit…
Avec Golden West, Christian Rossi revient à ses premières amours, signant, quelques décennies après la tétralogie du chariot de Thespis, Jim Cutlass (sur un scénario de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, excusez du peu…), W.E.S.T. (de Xavier Dorison et Fabien Nury) et une participation aux fascinants collectifs que sont Go West Young Man et Indians ! (scénarisés par l’impressionnant Tiburce Oger) un western plus personnel aussi captivant que fascinant…
Doté d’un format et d’une pagination plus que généreuse (174 pages !), l’album est tout juste somptueux. L’édition soignée, la couverture magnifique, jusqu’à la qualité du papier, rien ne semble avoir été au hasard pour donner à cette grand œuvre l’écrin qui la mettrait le mieux en valeur… Dès les premières pages, on ne peut qu’être impressionné par la composition des planches de l’album, par le soin méticuleux apporté à la mise en couleur et par le formidable travail de l’artiste sur la lumière. Ses ciels mexicains sont de toute beauté et contraste avec les teintes sépias et flamboyantes qui baigne ses décors. Il se dégage de chacune de ses planches une puissance saisissante et on suspend plus d’une fois la lecture pour admirer le travail du dessinateur et se plonger dans la contemplation de l’une ou l’autre de ses somptueuses cases. Indéniablement, Christian Rossi signe avec ce récit l’un de ses albums les plus abouti…
De son côté, le scénario s’avère tout à la fois dense et passionnant… Si, dans les grandes lignes, l’histoire de Geronimo est connue de tous, l’auteur nous donne à voir cette figure incontournable des luttes apaches au travers le regard d’un chiricahuas qui admire en lui tant l’homme que le chaman et le guerrier. Revoir l’épopée de Geronimo à travers les jeunes de Woan nous permet de mieux comprendre la mentalité et la riche culture indienne que l’on connaît surtout par le tableau qu’en a esquissé Hollywood et donc, pour l’essentiel, l’homme blanc… Et si le récit pourra paraître étrangement sibyllin à certains lecteurs, c’est parce qu’il possède sa propre cohérence, comme si l’auteur avait cherché à nous donner à voir le monde à travers le prisme de la culture apache, avec leur façon singulière d’appréhender le monde, leur rapport à l’espace, au temps, à la vie et à la mort qui leur confère un mode de pensée si différent du notre… Ce changement de paradigme rend l’histoire absolument fascinante, accentuant la charge émotionnelle du récit qui s’avère particulièrement poignant… Et il y a ce final saisissant avec ces dernières séquences se déroulant bien après les faits relatés, une mise en abîme vertigineuse et fascinante, qui referme en quelque sorte la boucle de la vie de cette figure légendaire qui incarne si bien l’âme apache et que Christian Rossi a si bien su retranscrire… Les deux dernières cases de l’album frôlent le sublime et m’ont littéralement bouleversé…
Malgré une bibliographie foisonnante s’étalant sur près de quarante-cinq ans, Golden West n’est que le second album scénarisé par Christian Rossi… Il y fait pourtant montre d’une grande maîtrise narrative avec ce récit qui nous donne à voir l’épopée de Geronimo à travers les yeux d’un indien chiricahuas …
Chassé de sa tribu pour en avoir rompu l’harmonie, le jeune Woan allait survivre, seul, au cœur d’une terre aride, pris en tenaille entre les mexicains et l’armée américaine… Mais sa rencontre avec Geronimo, chaman respecté par les siens et guerrier craint de ses ennemis, allait modifier le cours de sa vie…
On ne peut qu’être impressionné par les compositions virtuoses de l’artiste sublimées par une mise en couleur envoûtante et un travail sur la lumière tout juste somptueux… Si la structure du récit pourra surprendre certains lecteurs, c’est que l’auteur s’est imprégné de la culture apache, de leur vision si particulière de la vie et de la mort, de leur rapport à la nature, au temps et à l’espace pour créer un récit baigné de l’âme chiricahuas qu’il est parvenu à retranscrire, rendant son récit tout à la fois fascinant et bouleversant…
La structure du récit s’avère saisissante, avec cette dernière séquence qui referme la boucle de la vie de cette figure légendaire que fut Géronimo… Si l’album est superbement édité, je ne peux que conseiller l’achat de la version Canal BD qui, en plus d’une somptueuse couverture alternative est accompagnée d’un superbe cahier de crayonné qui nous entraîne dans les coulisses de l’album…
Golden West peut d’ores et déjà être considéré comme le chef d’œuvre d’un maître du neuvième art et un formidable hommage aux peuples apaches…
- Quel pouvoir as-tu, Woan ?
- Je suis devenu un bon chasseur. Je pense avoir l’esprit du Daim.
- As-tu eu un rêve ? Une voix t’a parlé ?
- Non, mais…
- Une voix m’a parlé. Je suis relié aux puissances supérieures. Elles m’inspirent, me préviennent du danger, exaucent mes vœux, s’ils sont justes.
- Et la malédiction qui pèse sur moi, Geronimo ?
- Elle ne m’ont pas éclairé. Pour le moment, tu es avec Lorzen et moi. Si le mauvais sort existe, il n’a pas prise sur nous. Sois patient. Sois vertueux. Accepte dans ton cœur et Usen, le donneur de vie, t’enverra un signe.dialogue entre Geronimo et Woan
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