Dans la lignée des DoggyBags, Lowreader nous propose des récits délicieusement horrifiques regroupés autour d’une thématique commune… Pour ce troisième opus, le corbeau nous entraîne dans trois histoires aux ambiances très différentes qui chacune va nous entraîner dans l’enfer du web qui, s’il nous fait parfois (rarement ?) côtoyer le meilleur, nous fait aussi découvrir les ténèbres qui se tapissent dans l’âme humaine…

La couverture de Cogumeli annonce d’emblée la couleur avec une geek obsédé par son portable dont le nez et les yeux saignent tandis qu’elle semble avoir basculé dans un monde qui échappe à tout contrôle… Pour ce nouvel album, Run a regroupé autour des auteurs et des dessinateurs particulièrement talentueux qui vont nous faire découvrir trois sombres facettes du World Wide Web… Chaque récit est introduit par un texte qui pose le cadre et refermé par un second qui met en lumière certains faits divers particulièrement glaçant qui font écho avec l’histoire glaçante qui vient de nous être contée… Et en matière de tragique et d’horreur, la réalité se fait parfois plus improbable que la fiction… Chaque histoire est censée être rapportée et commentée par les animateurs d’une émission de radio qui y vont de leur petit commentaire après chacune de ces glaçantes histoires…

Comme son nom l’indique, le premier récit s’inscrit dans l’univers glauque et malsain des Red Rooms, légende urbaine numérique, successeur des Snuff movie… On raconte que sur sur internet, en des lieux non référencés par les moteurs de recherche, on trouverait des Stream Live Video Online où l’on pourrait voir de gens véritablement torturés à mort… Fahrid demande à son pote de lui faire visiter le Darkweb où ce dernier se procure sa came, où on peut acheter des armes, voir du porno illégal, embaucher quelqu’un pour tabasser ou en un tuer un autre et ce aussi facilement qu’on commandait jadis des CD… Au fil de la discussion, ils en viennent à parler Redroom et s’inscrive sur un site pour mater des lives… Bien évidemment, tout va déraper de manière sanglante et particulièrement flippante… L’angoissant scénario de Run est remarquablement mis en image par le toujours impressionnant Petit Rapace dont le trait semi-réaliste met en scène des personnages ordinaires et dont les visages expressifs nous foutent clairement les chocottes…

Salamon Testamentuma s’appuie sur un fait édifiant : suite au cuisant échec commercial du jeu vidéo E.T. l’Extraterrestre sorti à la va vite, l’éditeur, Atari, a enterré des palettes du jeu dans le désert du Nouveau-Mexique… Dans le scénario de Run, c’est un jeu totalement inconnu qui allait être retrouvé par deux influenceurs spécialisés dans le jeu vidéo… Après un teasing ingénieux, ils vont brancher leur vieille console et y insérer la cartouche pour un live d’anthologie… Mais si le jeu a été enterré sous le sable du désert, ce n’était pas uniquement pour couvrir un échec commercial cuisant… Ce que nos deux influenceurs vont rapidement découvrir… à leurs dépends ! Basé sur une structure classique du récit de genre, avec une fin qui nous fait comprendre que l’horreur ne fait que commencer tandis que le scénario de Run est d’autant plus efficace qu’il est mis en image par Rours très inspiré…

Red Pilled nous entraine quant à lui dans le quotidien d’un jeune homme qui n’en peut plus de se laisser marcher sur les pieds à longueur de journée… Mettant en pratique les conseils machistes et masculinistes d’un influenceur reconverti en coach de vie et qui pousse ses abonnés à choisir s’ils veulent être de vrais mecs ou des lopettes… Un conseil que Peter va appliquer à la lettre, avec de bien funestes conséquences pour lui comme pour son entourage… Avec une esthétisme très seventies, Pivwan signe une histoire implacable qui pointe la possible toxicité d’internet et des influenceurs ne comprenant pas que leurs propos peuvent être pris au pied de la lettre par des personnes fragilisées et cabossées par la vie…

Ajoutons à cela un nouvelle signée Florent Maudoux qui nous montre une fois encore qu’il est un formidable conteur en plus d’être un dessinateur virtuose, et vous obtenez un excellent cru de Lowreader !

A chaque numéro, Lowreader vient nous apporter notre shot d’horreur, de sang et d’adrénaline… Alors méfiez-vous, on devient rapidement accroc !

Chapeauté par Run qui signe deux des trois scénarios de ce troisième opus, les histoires nous entraînent dans l’enfer du web qui, s’il permet à tout un chacun de communiquer avec n’importe qui, met aussi en lumière les zones les plus sombres de l’âme humaine… Red Room, jeu vidéo maudit et influenceurs pervers sont au menu de ce troisième opus où l’on retrouve les talentueux Petit Rapace, Rours et Pivwan, ainsi que Florent Maudoux qui nous parle de harcèlement et de vidéo amateur…

Chaque histoire est présentée comme un récit relaté dans une émission de radio, les animateurs commentant l’histoire après coup, avant d’introduire la suivante… et chacune s’appuie des faits bien réels ou des légendes urbaines numérique, ce qui en accentue plus encore le malaise… Un excellent cru que ce Lowreader qui, comme les deux précédents, s’inscrit dans la lignée des fascinant et délicieusement horrifique Doggybags !

- Et c’est quoi tous ces liens ? Ça mène où ?
- Potentiellement à ce qui t’intéresse.
- Comment sais-tu ça ?
- J’ai déjà cliqué, une fois, pour voir… Ça linke vers une page d’inscription.
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dialogue Fahrid et son pote