1793. Mené par le second, Fletcher Christian, les mutins du Bounty et une poignée de polynésiens établissent une communauté sur l’Île de Pitcairn…

Trois années ont passé… Des couples se sont formés et des enfants sont nés de ces unions… Mais au fil du temps, certains hommes blancs ont imposé leur domination aux polynésiens sans que Fletcher ne puisse rien y faire, perdant peu à peu son aura… Un matin de septembre, tandis que Maimiti, son épouse, donne vie à leur troisième enfant, les polynésiens prennent les armes et massacrent les blancs, décapitant celui qui fut leur chef…

S’amorce alors une lutte à mort qui allait sceller le destin de cette poignée d’hommes et de femmes qui rêvaient encore, il n’y a pas si longtemps, d’une société idéale…

Popularisée par Hollywood, la révolte du Bounty fait désormais partie de la légende des mers… Mais qui connaît ce que fut la vie des mutins après qu’ils aient pris possession du Bounty ? Qui savait qu’ils tentèrent, sous la houlette de leur second devenu désormais capitaine, de jeter les bases d’une société idéale après avoir accosté sur les rivages de l’Île de Pitcairn et brûlé leur navire ? Et qui connaît leur tragique destin lorsque leur fascinante utopie a viré au cauchemar sanglant ?

S’appuyant sur son roman, Le Bounty à Pitcairn, Sébastien Laurier associe sa plume à celle de Mark Eacersall, notamment scénariste du brillant GoSt 111 (mis en image par l’impressionnant Marion Mousse) et de l’excellent Tananarive (dessiné par le talentueux Sylvain Vallée) pour nous raconter cette histoire aussi passionnante que tragique et méconnue…

Le second tome voyait le ciel au-dessus de Pitcairn s’obscurcir, esquissant une suite des plus tragiques… Mais l’on était loin encore de la réalité… La révolte qui couvait explose et prend tout le monde de cours, redistribuant les cartes et hypothéquant la survie de tous sur fond de lutte à mort entre les différentes factions de la communauté. Blancs contre polynésiens mais aussi hommes contre femmes… En cette funeste journée de septembre l’utopie de Fletcher Christian n’est plus que lambeaux, les liens d’amours et d’amitiés ne pesant pas bien lourds sur l’autel de la survie…

Le dessin de Gyula Németh s’avère encore et toujours fascinant et il suffit de poser les yeux sur sa couverture pour s’en convaincre… Son trait plein d’élégance et son encrage subtile sont rehaussés par une mise en couleur somptueuse sublimé par un saisissant travail sur la lumière. Son découpage s’avère quant à lui fascinant, donnant à voir tant les passions qui animent les survivants du Bounty que la beauté âpre et sauvage des paysages de Pitcairn tout en donnant la mesure de la folie des hommes.

Ce troisième tome de Pitcairn - l'île des révoltés du Bounty marque un tragique tournant dans la vie de cette petite communauté qui rêvait de jeter les bases d’une société idéale… Mais, leur belle utopie allait se fracasser contre les côtes acérées de l’île de Pitcairn…

L’aura de Fletcher Christian n’est plus. Il n’a pas su mettre un terme au comportement de ses hommes et s’est attiré l’inimitié des tahitiens. La révolte qui grondait allait mettre un terme à l’utopie. Fletcher mort, décapité, c’est toute la communauté qui s’embrase…

Si la révolte des mutins du Bounty, attisée par la cruauté du Capitaine Bligh, est connu de tous, leur tragique destin l’est beaucoup moins… S’associant au talentueux Mark Eacersall (GoSt 111, Tananarive…), Sébastien Laurier signe une remarquable adaptation de son roman tandis que l’impressionnant Gyula Németh en signe les somptueux dessins…

- Elles se vengeront. Elles se vengeront toutes. Chez nous les femmes aussi font la guerre.
- Quel enfer… On ne peut pas vivre comme ça sur une petite île.
- Non. C’est pour ça qu’on ne fait pas de prisonniers.
- Et on va s’entretuer comme ça, jusqu’au dernier ? Tu comprends que cela ne finira jamais, Teraura.
- Alors tu dois leur parler. Tu es le seul qu’elles écouteront.
- Moi ? Je ne suis pas Christian.
- Christian a perdu son mana parce qu’il ne leur parlait pas. Il était parti depuis longtemps. Et tu le sais mieux que personne.
- C’est pas d’un nouveau chef qu’on a besoin mais de paix.dialogue entre Teraura et Young