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Echecs
Echecs



Fiche descriptive

Roman Graphique

Victor Pinel

Victor Pinel

Victor Pinel

Bamboo

Grand Angle

23 octobre 2023


24€90

9782818991916

Chronique

La vie, comme le jeu d'échecs.Facile à apprendre, amusant à jouer, difficile à gagner... impossible à contrôler ! Les portes d'un tram s'ouvrent et un jeune homme flashe sur une femme qu'il ne reverra plus.

C'est le point de départ de ce récit choral où les protagonistes, tous en train d'échouer dans leurs relations personnelles, sont comme les pièces d'un jeu d'échecs. Les pions se demandent si ce n'est pas le moment de sacrifier une pièce pour continuer à avancer. Les fous se croisent sans vraiment se trouver. Le cavalier, libre, capable de sauter au-dessus des autres pièces, mais vulnérable car, aussi insaisissable qu'il soit, un cavalier peut être pris par un simple pion.

Ils avancent tous, se confrontent, se déplacent dans leur vie comme sur un échiquier. Ils sont tous connectés sans même le savoir et vont jouer une partie qui va changer leur vie.
un chef d'oeuvre!


Un rôle à jouer
Echecs, planche de l'album © Bamboo / PinelAtteinte d’une maladie incurable, l’acariâtre Madame Dubois attend la mort en jouant aux échecs et voit d’un mauvais œil l’arrivée de Samir, visiteur bénévole dans sa vie solitaire… Elle vit dans un centre dont la directrice, Marion, s’investit à fond dans son travail pour oublier une vie personnelle et sentimentale désastreuse. Samir est tombée amoureux d’une fille entraperçue sur une place mais qu’il n’a pas osé aborder et qu’il ne reverra sans doute jamais. Après son service comme masseur dans l’établissement dirigé par Marion, Renaud rénove la maison, attendant le retour de son mari, parti à l’autre bout du monde pour mener des missions humanitaires…

Passionnée de lecture, Cécile vit avec un mari qui n’aime que la danse et chacun se refuse à vivre sa passion loin de l’autre… Surnommé le King, Mathieu est l’acteur en vue d’une série à succès mais il supporte difficilement ce rôle qui lui colle à la peau, si éloigné de ce qu’il est au fond de lui. Vincent est un ado charismatique et populaire qui aime gagner par-dessus tout et dont Estelle, la plus belle fille du bahut s’est entichée… Allez savoir pourquoi il lui préfère la discrète et mystérieuse Véro… Lys joue de la guitare dans la rue et vit des histoires sans lendemains, s’enfuyant toujours au petit matin… Julie prépare son mariage mais doute de vouloir passer sa vie avec ce compagnon avec qui elle a l’impression de s’être laissé enfermer dans la routine…

Les vies de tout ce petit monde vont se mêler et s’entremêler, jouant sans le savoir une fascinante partie d’échecs…


Echecs, planche de l'album © Bamboo / Pinel
une petite merveille d’écriture et d’inventivité
Révélé par son travail sur Puisqu’il faut des hommes du prolifique et talentueux Philippe Pelaez, le dessinateur espagnol Victor L. Pinel signe pour la première fois un album où il assume seul scénario, dessin et couleur… Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas choisi la facilité en optant un récit choral de 176 pages mêlant près d’une dizaine de personnages, le tout porté par une délicieuse et audacieuse analogie avec les échecs… L’exercice était périlleux mais disons-le tout net : c’est une grande réussite !

La structure narrative de l’album est une petite merveille de construction : vielle dame acariâtre et invivable (mais si étonnamment espiègle !) passe ses journées à jouer, seule, aux échecs, dans la chambre de l’établissement où elle attend la fin… Déboule dans sa vie un jeune homme sympathique et attachant, Samir, qui se pique de vouloir apprendre à jouer au « roi des jeux »… D’abord houleuse, leur relation va se faire tendre et touchante, même si Madame Dubois ne va rien renoncer à ses réparties cinglantes… De leurs discussions va sortir une façon originale d’aborder la vie, avec la preuve par l’exemple : chaque personnage de l’intrigue va revêtir le rôle d’une pièce : le roi, enjeux de la partie, les insaisissables dames, les fous qui n’occupent qu’une partie de l’échiquier, les tours, puissantes mais difficiles à manœuvrer, les insaisissables cavaliers et les pions, bien évidemment… Les rôles étant attribuées, le récit choral peut commencer…

Echecs, planche de l'album © Bamboo / PinelPour qu’une telle histoire fonctionne, il est nécessaire que le lecteur puisse s’attacher à chacun des protagonistes… Et la qualité d’écriture de chacun d’entre eux fait qu’on s’attache à chacun, impulsant un rythme soutenu au récit, la mise en suspend de chaque histoire induisant une délicieuse frustration qui s’estompe dès les premières cases où l’on replonge dans la vie d’un autre protagoniste que l’on va suivre avec le même plaisir. Peu à peu, on perçoit les liens ténus qui relient chaque récit aux autres et chaque pièce va devenir le personnage secondaire d’un des autres récits… Mais, à la fin de l’album, il apparait que l’édifice scénaristique de l’auteur s’avère plus fascinant et audacieux encore qu’il n’y paraissait jusqu’alors… Ce qui n’était qu’un récit feelgood néanmoins très réussi apparait comme étant un petit bijou narratif où chaque personnage, chaque pièce de l’échiquier, occupe la place qui est la sienne sur cette somptueuse partie d’échecs qu’est la vie ! Rien n’a été laissé au hasard si bien que sitôt l’album refermé, on est pris du désir de le relire à la lumière des révélations qui viennent éclairer chaque histoire d’une lumière nouvelle… Pour un premier scénario, on peut dire que Victor L. Pinel fait fort ! Très fort même…

un dessin bouleversant de justesse et d’émotions
Et le dessin dans tout cela ? Et bien il s’avère être parfaitement raccord avec ses récits enchevêtrés bouleversant de justesse. Son découpage impeccable et la subtilité de ses cadrages soulignent avec une finesse les liens qui unissent chacun des protagonistes : amitié, amour, gêne, respect, tendresse, attirances… L’auteur parvient à donner vie à cette poignée de personnages tous plus attachants les uns que les autres et à nous donner à voir et à ressentir leurs émotions et leurs états d’âme avec une acuité et une désarmante facilité qui sans doute n’est qu’apparente… Oui, vraiment, cet album est une petite merveille…

Echecs, planche de l'album © Bamboo / PinelJe suis positivement impressionné par le talent dont Victor L. Pinel fait montre avec Echecs. On le connaissait jusque-là comme un dessinateur expressif et talentueux à même de faire ressentir les émotions de chacun des personnages. Mais avec cet album on sait qu’il faudra désormais le compter comme un scénariste à suivre…

Pour son premier récit dont il assure scénario, dessin et couleur, il n’a pas (et de loin !) opté pour la facilité puisqu’il nous propose un récit choral à la pagination généreuse mêlant pas moins de dix personnages dont chacun incarne une pièce du jeu d’échec… le scénario de l’album étant une fascinante partie d’échec où chacun va jouer son rôle et faire des choix déterminant pour sa vie… et celle d’autres acteurs de cette comédie romantique.

Epuré et expressif, son trait donne vie à sa formidable galerie de personnage plus attachants les uns que les autres alors que la structure narrative de l’album, audacieuse et parfaitement maîtrisée, donne furieusement envie de s’y replonger sitôt le récit achevé…

Un immense coup de cœur que cet Echecs qui est dores et déjà l’un des grand coup de cœur de la rentrée !


- Alors, qu’est-ce que tu attends ?
- Je ne sais pas… j’attends le bon moment… je suppose…
- Le Bon ? Bon pour quoi ? De quoi tu parles ? Allez ! Bouge !
- Oh… Je… Je veux dire que… Il y a beaucoup de pièces. J’essaye de trouver la bonne option.
- Gamin, il n’y a pas de bonnes options ! La partie se déroule selon les décisions que l’on prend… Toutes les options pourraient être les bonnes ! Il n’y a pas une seule option correcte. Il n’y a pas une seule partie… un fou… un cavalier… Une tour… La Dame… Toutes les pièces sont différentes… Elles n’ont pas la même valeur… Mais à la fin, elles sont toutes importantes… Même un pion peut faire gagner la partie. Toutes différentes, mais au fond… Toutes pareilles.dialogue entre Samir et Madame Dubois

Le Korrigan




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