![](Images/tiny_Fiches/231219095047.jpg) ![](http://sdimag.fr/Img_PAO/Matos_BD/Rodina_pl4.jpg) ![](http://sdimag.fr/Img_PAO/Matos_BD/Rodina_pl3.jpg) ![](http://sdimag.fr/Img_PAO/Matos_BD/Rodina_pl1.jpg) 1942. Lena est lycéenne et milite en distribuant des tracts antinazis dans une petite ville d’Union Soviétique occupée par les allemands. Deux mois plus tard, elle est arrêtée, embarquée dans un train, débarquée en pleine voie avant d’être enfermé sans ménagement dans le camp de travail d’Errouville, en Lorraine, où étaient enfermés des ukrainiens, des polonais, des soviétiques, des tziganes et des juifs…
Dans la nuit du 7 ou 8 mai 1944, un détachement de Franc-Tireurs et Partisans-Mains d’Œuvre Immigrée commandées par Jules Montanari fit évader vingt-quatre hommes et 37 femmes russes et biélorusses, dont Nadedja Lissoviets et Rozalia Fridzon…
Alors que les hommes rejoignirent le maquis, la Résistance a voulu placer les femmes dans des familles sûres jusqu’à la fin de la guerre. Elles refusèrent et obtinrent, de haute lutte, le droit de combattre… Elles formèrent Rodina, le seul unique et détachement exclusivement féminin de la Résistance française…
Tout n’avait pas été dit avec Bella ciao, l’intimiste et bouleversante trilogie dans laquelle Baru revient sur l’immigration italienne en Lorraine. Il restait encore une page à écrire. C’est chose faite avec ce Rodina qui nous parle de l’histoire du seul bataillon composé uniquement de femmes de la Résistance française… Assurant le lien entre ces deux récits, le personnage de Téo qui devient le narrateur de l’histoire…
![Rodina, planche de l'album © Futuropolis / Baru](http://sdimag.fr/Img_PAO/Matos_BD/Rodina_pl3.jpg) Une fois encore, cet album de Baru touche à l’intime et à l’universel. Pour amorcer son récit, l’auteur part d’un certain Enrico, vieux violoniste, qui jadis s’appelait Heinrich Becker et qui fut un soldat allemand… Comment cet étrange personnage a-t-il pu s’intégrer dans la cité ouvrière de Téo ? Tellement d’histoires ont couru sur lui qu’il est difficile de faire la part des choses. Alors Téo se propose de nous raconter sa vie et les anecdotes vraies ou inventées, réelles, déformées ou amplifié par les souvenirs de ceux qui gravitent autour de lui… Au fil des rencontres, des discussions et des échanges, il va se replonger dans les années 40 et reconstruire à rebours l’histoire de cette poignée d’hommes et de femmes qui composaient cette communauté italienne et dont le destin fut lié au camp d’Errouville ou à celui d'Hussigny, annexe du Struthof de sinistre mémoire… De ces récits et de ces destins enchevêtrés va sortir une vérité, alors que le temps a depuis longtemps fait son œuvre…
On sent dans ces pages tout l’amour que porte Baru à ces terres qui l’ont vu grandir et l’infini tendresse qu’il porte à ses personnages que son dessin délicat, si singulier, met en scène, avec un désarmante évidence… Le dessinateur n’a pas son pareil pour insuffler à ses personnages cette humanité, cette étincelle de vie qui les rend si profondément touchant et qui fait qu’ils nous laissent le souvenir diffus de personnes de chair et de sang qu’on aurait réellement croisé, à un moment de notre vie. On sent dans cet album tout le savoir-faire de cet auteur, sa parfaite maîtrise des cadrages et de la narration graphique au service d’un récit captivant à la structure délicieusement alambiquée… A la fin de l’album, on est envahi par une douce mélancolie qui nous accompagne longtemps après avoir refermé l’album…
![Rodina, planche de l'album © Futuropolis / Baru](http://sdimag.fr/Img_PAO/Matos_BD/Rodina_pl4.jpg) Le talentueux Baru n’avait pas encore tout dit dans son bouleversant Bella Ciao qui parlait de la communauté italienne venu travailler dans les mines de lorraines…
Avec Ronina, il va une nouvelle fois s’intéresser aux siens, vivants ou disparus, pour nous raconter leur histoire, avec tendresse, pudeur et retenue… Son récit gravite autour d’un vieux personnage entouré de mystère : Enrico, le violoniste. Tant de choses courent à son sujet qu’il est bien difficile de faire la part du vrai et du faux… Téo va enquêter sur ce personnage qui s’appelait jadis Heinrich Becker et qui fut soldat allemand et communiste… Son histoire allait croiser celle d’une poignée de femmes ukrainiennes, polonaises ou soviétiques qui, après leur libération du camp de travail d’Errouville formèrent Rodina, l’unique régiment composé uniquement de femme de la Résistance française…
Entre anecdotes et souvenirs, Baru tisse un récit intimiste poignant et baigné d’une douce mélancolie.
Je vous ai déjà dit (j'ai vérifié) qu'Enrico s'appelait Heinrich, en réalité... Heinrich Becker, précisément, et qu'il était allemand.
Vous vous rendez compte, un allemand dans nos cités ?! Alors que pour tout le monde ici, un allemand ça restait, encore et toujours, un boche... Et ça fait quinze ans que la guerre est finie...
Pourquoi il est venu ici ? Pourquoi tout le monde l'appelle Enrico ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Mystère... Remarquez, je dis mystère, mais c'en est pas vraiment un, en fait. Mais il y a tellement d'histoires qui circulent sur lui que c'est devenu impossible de connaître la vérité.
Alors je vous en livre deux, les principales, les autres n'étant que des variantes... Téo, le narrateur
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