Le 21 août 1911, un tableau peu connu de Léonard de Vinci disparait du Musée du Louvre, laissant un trou béant entre l'allégorie du Titien et la Sainte Catherine du Corrège et provoquant un vif émoi et la démission de Théophile Homolle, le directeur du musée…

Rapidement, les soupçons de la police s’orientent vers le personnel du musée, et pour cause ! Le voleur n’est autre que Vincenzo Perugia, peintre en bâtiment et vitrier qui travaillait au Louvre et qui a un jour de fermeture du musée, a décidé de voler la Joconde pour la restituer à son pays d’origine…

Survenu à la fin de la belle époque, ce fameux vol de la Joconde par un italien est connu de tous… Et pourtant, la Joconde n’avait alors pas la notoriété qu’elle connaît aujourd’hui et n’était qu’un tableau parmi d’autres… Un petit tableau par ailleurs ! Et sans doute est-ce pour sa taille que Vincenzo Perugia décida de le voler, se débarrassant du cadre et en le glissant tout simplement sous son manteau…

Porté par une structure narrative alambiquée, le récit s’avère passionnant, nous montrant tant les motivations du voleur que le contexte de l’époque, tel le sort peu enviable réservé aux immigrés italiens… Malgré des digressions oniriques et poétiques, l’album est truffé d’anecdotes qu’on jugerait peu plausible dans une fiction et qui s’avèrent pourtant véridiques ! Les soupçons qui pesèrent un temps sur Picasso et Apollinaire, accusés du recel de deux statuettes ibériques; les motivations interlopes de Vincenzo Perugia et la façon rocambolesque dont il déroba le chef d’œuvre de Léonard de Vinci appelé à devenir le plus célèbre du monde… ou le fait que le tableau soit resté de longs mois simplement caché sous le lit de l’appartement insalubre et vétuste du voleur avant que Vincenzo Perugia ne retourne en Italie en 1913 et ne tente de revendre la Joconde à un antiquaire florentin qui ‘empressa de le dénoncer aux autorités… Joliment orchestré, son procès, point d’orgue de l’histoire, s’avère irrésistible, achevant le portrait saisissant d’un homme qui s’est rêvé être célébré en héros…

Le dessin élégant et généreux de Lelio Bonaccorso et ses couleurs sépias mettent en scène un Vincenzo particulièrement touchant, avec des traits, un costume et des gestuelles qui évoquent ceux du vagabond de Chaplin. Ses compositions soulignent l’aspect rocambolesque du scénario de Marco Rizzo, l’un et l’autre se complétant à merveille.

En volant la Joconde le 21 août 1911, Vincenzo Perugia a sans doute contribué à forger sa légende…

Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso nous entraînent dans les coulisses de ce vol rocambolesque, nous donnant à voir la France de la Belle Epoque à travers le regard d’un immigré italien désireux de rendre à l’Italie ce tableau dont il pensait que la France l’avait dérobé…

Truffé d’anecdotes hallucinantes qui auraient semblé peu crédibles dans une fiction, le scénario s’avère de Marco Rizzo est d’autant plus passionnant qu’il est porté par le dessin généreux et élégant de Lelio Bonaccorso, talentueux dessinateur avec qui il avait signé le fascinant et glaçant Mafia Tabloïds…

- Peruggia ! Je vous paye pour travailler, pas pour jouer les touristes !
- Oui monsieur Gobier, je voulais seulement…
- Retournez au travail ou je déduis encore des sous de votre salaire !
- Oui monsieur.
dialogue entre M. Gobier et Vincenzo Perugia