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Sept vies à vivre
Sept vies à vivre



Fiche descriptive

Roman Graphique

Charles Masson

Charles Masson

Charles Masson

Delcourt

Mirages

21 février 2024


27€95

9782413077060

Chronique
Sept vies à vivre
Un cœur simple

1939. René a 13 ans, il vit isolé avec ses parents dans le massif des Bauges. Après la perte de ses sept frères et soeurs en bas âge, il ressent le besoin de vivre pour eux.

De son service militaire à son retour à la ferme familiale, du deuil de ses proches aux retrouvailles avec son amour de jeunesse, les sept vies que mène René mêlent le drame à la simplicité d'une existence dédiée aux autres.
un chef d'oeuvre!


Un cœur simple
Sept vies à vivre, planche de l'album © Delcourt / MassonRené est né dans le massif des Bauges dans une famille qui aurait pu être nombreuses si sept de ses frères et sœurs n’étaient pas morts en bas âge. Tandis que son père travaille comme menuisier et sa mère s’occupait des champs, René parle à ses frangins disparus. Puisqu’ils n’ont pas pu vivre la vie qui leur était destinée, René a décidé de la vivre pour eux… Il n’est pas longtemps resté à l’école qu’il a quitté avec après avoir eu son certificat d’étude. Il s’avait à présent lire et compter, qu’avait-il besoin de savoir de plus ? Il connaissait la nature mieux que quiconque et préférait arpenter ses chères montagnes que de rester enfermé dans une salle de classe…

En 1939, lorsque la guerre éclate, il n’a que treize ans. On remet à sa famille une carte d’indigent. Ils se savaient pauvre mais pas au point de susciter la pitié… Pour échapper aux allemands, nombreux sont ceux qui viennent trouver refuge dans la montagne… C’est là qu’il rencontre Céline, une jeune fille de la ville avec qui il va passer de plus en plus de temps… Mais en mai 44, les allemands prennent possession des Bauges et traquent les juifs et les partisans qui s’y étaient réfugié… Et lorsque, plus tard, leur ferme brûla, René et sa famille partirent s’établir dans la vallée…

Puis vint le temps du service militaire dans le désert marocain, sa blessure et ses retrouvailles impromptues avec Céline qui officiait comme infirmière et s’était fiancée… Le retour à la montagne, le mariage de sa sœur, la mort de sa maman, son mariage, le décès de son épouse puis père… Une vie simple consacré aux autres, une ni heureuse, ni malheureuse… une vie…


Sept vies à vivre, planche de l'album © Delcourt / Masson
un récit plein de tendresse et d’humanité
J’ai découvert le travail de Charles Masson avec son droit du sol, un ouvrage autobiographique bouleversant qui nous hante durablement bien après la lecture… Dans Sept vies à vivre, l’auteur s’intéresse une fois encore à des gens simples et ordinaires qui vivent des vies simples et (presque) ordinaires…

On s’attache dès les premières pages au personnage central du récit, ce fameux René qu’on découvre bébé et qu’on va voir grandir, devenir un grand gaillard attentionné et séduisant, puis vieillir au fil des pages, découvrant une vie faite de petits bonheurs simples, de drames et de rencontres enrichissantes… Sa fraîcheur et sa simplicité, qu’on aurait tort de prendre pour de la naïveté, le rende particulièrement attachant. Toute sa vie durant, il va s’efforcer de vivre pleinement en consacrant sa vie aux autres, toujours prêt à rendre service, à aider son prochain, sans calculs, juste par ce que c’est sa nature, d’être bon comme du bon pain, de voir toujours le verre à moitié plein et de vivre pour les autres, à commencer pour ses frères et sœurs partis au ciel… René n’est pas un héros, mais juste un homme, avec ses défauts et ses faiblesses… Un homme résolument optimiste qui traverse la vie et les drames de son temps avec une légèreté frôlant parfois la désinvolture et portera sur la société un regard plein de candeur…

Pourtant, sa vie simple est parsemée de drames… la mort de ses frères et sœur bien sûr, mais aussi celui du 6 juillet 1944 qui a vu les nazis fusiller les hommes de plus de 16 ans du petit village d’Ecole avant qu’ils n’incendient la ville… Un fait marquant qui a bien plus affecté notre brave René qu’il ne le laisse paraître… Sept vies à vivre, planche de l'album © Delcourt / MassonSa relation avec « sa » Céline qui sert de fil rouge à l’album est elle aussi particulièrement touchante. Retranscrite avec tendresse et sensibilité, avec ces nombreux rendez-vous manqués où René et elle semble être passé à deux doigts du bonheur, elle ajoute une touche de mélancolie à l’ensemble, ce qui le rend plus poignant encore…

Mais si le personnage s’avère particulièrement touchant, on le doit aussi à la structure même du récit, avec un René vieillissant et bedonnant, chevauchant un scooter avec un sourire radieux, qui commente cette vie dont il est non seulement le principal protagoniste mais aussi, un peu, le narrateur… Audacieux et parfaitement maîtrisé, ce parti-pris narratif confère à l’ensemble une saveur toute particulière, accentuant l’émotion de cet iconoclaste récit…

Pour mettre en image cette histoire simple mais bouleversante, l’artiste a opté pour un dessin épuré et une mise en couleur tout en trames et en aplats qui évoque les revues jeunesse qu’aurait pu lire René dans son enfance… Cette approche graphique singulière renforce l’émotion, faisant planer sur l’album un petit parfum de madeleine de Proust qui nous remmène à l’enfance (presque) insouciante qui fut la nôtre…

Sept vies à vivre, planche de l'album © Delcourt / MassonCharles Masson est un artiste rare dont chaque album est une petite merveille de sensibilité, de tendresse et d’émotions…

Sept vies à vivre nous raconte la vie simple, faite de petits bonheurs et de grands drames de René, un homme simple qui a le cœur sur la main et qui s’efforce de voir le verre à moitié vide, même lorsque tout n’est plus que ruine autour de lui… Parce qu’au fond de lui, il sait qu’il n’a pas vraiment le choix : il doit vivre les vies que ses sept frères et sœurs, morts en bas âge, n’ont pas eu la chance de vivre…

La structure narrative et le dessin faussement désuet renforce la force de cette histoire, tout en simplicité, qui vous chavire et vous chamboule, avec ce René vieillissant qui vient commenter le déroulé de sa vie au fur et à mesure qu’elle nous est dévoilée, tant et si bien qu’on éprouve une infinie tendresse pour ce cœur simple…

Ce destin ordinaire d’un homme qui traverse les drames de son temps s’avère aussi touchant et revigorant… Peut-être parce que nos petits malheurs semblent bien insignifiants au regard de ceux qu’affronte ce brave René qui garde son optimisme chevillé au corps, envers et contre tout…


Avec la débâcle, et sans lien quelconque, René quitta l’école avant son certificat d’études. Il était devenu un homme des bois, il était bien que dans la nature, plus que chacun, et mieux qu’à l’école, c’est sûr. Il avait un feu qui brûlait au fond de lui. Il disait partout : « Je sais lire et compter. Ça me suffit. D’avoir vu partir ses frères et sœurs, il se sentait besoin de vivre pour sept. Sept vies à vivre, pour un seul homme, c’est pas rien. Comme les chats, selon la légende, et ça le remplissait de joie. Il souriait tout el temps et blaguait fort, en rigolant.le narrateur
Le Korrigan




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