San Francisco, 1906. Comme tous les soirs, la petite femme de chambre vient prendre son service au luxueux Palace Hôtel où elle reçoit comme instruction de s’occuper d’Enrico Caruso, considéré par beaucoup comme le plus grand ténor de tous les temps…

Tandis qu’elle monte lui apporter une luxueuse boîte de cigare, cadeau du maire de la ville, elle trouve la porte de sa suite entrouverte et la chambre en désordre. Tandis qu’elle s’apprête à refaire le lit, elle découvre sous les draps un étrange paquet qui l’intrigue tant qu’elle décide de l’ouvrir… Elle a à peine le temps d’apercevoir le coin du tableau qu’elle contient que deux malfrats font irruption dans la chambre… Elle est désormais le témoin gênant d’une sordide affaire dont elle ne comprend pas les tenants et les aboutissants…

Alors que ses agresseurs l’emmènent dans Chinatown pour la faire disparaître, elle parvient à s’échapper in extremis grâce à l’intervention d’un membre des triades... Mais la mafia comme les triades vont se lancer sur ses traces tandis que la ville est en passe d’être ravagée par le plus grand tremblement de terre de son histoire…

Complété par un dossier historique édifiant, ce nouvel album du tendem Damien Mari / Fabrice Meddour à qui l’on doit l’envoûtant Après l’enfer nous entraîne à la veille du terrible tremblement de terre qui transforma San Francisco en champ de ruines…

Mêlant avec art personnages historiques et fictionnels, le récit s’avère tout à la fois troublant et entraînant, tandis que l’on suit les péripéties d’une jeune femme de chambre qui frôlera plus d’une fois la mort alors que la vie de milers d’habitants est en passe de basculer… Introduit par une scène biblique formidablement retranscrite par le trait sensuel de Fabrice Meddour, le récit se fait choral en suivant d’un côté cette femme dont on ignore jusqu’au nom et le célèbre Enrico Caruso que l’on découvre dans sa loge, rongé par l’angoisse… et pour cause ! Le ténor doit payer son tribut à la mafia pour protéger les siens et convoyer un colis pour le compte de la Pieuvre… Ce fameux paquet qui est, par un malheureux hasard, tombé entre les mains de la jeune femme de chambre… La montée en tension est savamment orchestrée avec le séisme comme point d’orgue qui n’est que l’amorce du chaos qui va envahir les ruines de San Francisco, tandis que le Général Funston s’autoproclame Gouverneur pour assurer un semblant d maintien de l’ordre…

La façon dont la fiction s’intègre dans la trame historique est indéniablement l’un des charmes de l’histoire tandis que la femme ayant servi de modèle au tableau de Klimt s’avère particulièrement intrigante, voir même inquiétante par la façon qu’elle a de dominer les hommes qui se pâment à ses pieds afin obtenir d’eux ce qu’elle désire…

L’habile partition de Damien Marie est exécutée de main de maître par un Fabrice Meddour particulièrement inspiré. Son trait charnel et ses somptueuses aquarelles aux teintes sépias permettent à chacun des personnages de s’incarner pleinement. Les femmes que l’artiste met en scène viennent faire échos aux beautés séductrices que Gustav Klimt avait si bien su coucher sur ses toiles. Mais là où la jeune femme de chambre semble ignorer combien troublante est son apparence, le modèle du peintre viennois est, elle, pleinement consciente de son pouvoir de séduction et en use et en abuse… Les compositions de l’artiste sont de toutes beauté et si le récit aux accents de polar s’avère remarquablement bien mis en scène, la façon dont Fabrice Meddour retranscrit le tremblement de terre s’avère aussi saisissante que bluffante…

Premier volet d’un diptyque se déroulant durant le formidable tremblement de terre qui ravagea San Francisco le 17 avril 1906, cette nouvelle collaboration entre Damien Marie et Fabrice Meddour mêle avec art faits historiques et fiction nous envoûte dès les premières pages, sensuelles et vénéneuses…

Chargée de s’occuper du célébrissime ténor Enrico Caruso, une petite femme de chambre va être entraînée bien malgré elle dans une sordide histoire mêlant mafias chinoises et italiennes, femme fatale et tableau de Gustave Klimt alors que se profile le séisme qui allait transformer la ville en champ de ruines…

Les somptueuses compositions et les aquarelles délicates de Fabrice Meddour permettent à chacun des personnages de prendre chair tandis qu’elles nous immergent au cœur d’une ville bouillonnante qui va en quelques répliques sombrer dans le chaos… Il nous tarde de découvrir comment la jeune femme va pouvoir échapper à la vindicte du modèle de Klimt qui semble prête à tout pour retrouver ce fameux tableau que fit d’elle le peintre autrichien…

- Vous l’avez ?
- C’est tout comme… Il est à San Francisco, j’en ai la confirmation, et il me sera remis avant les premières lueurs du soleil. Ces maudits ritals savent ce qui leur en coûterait de perdre mon appui.
- Vous ne l’avez donc pas.
- Certes.
- Alors retournez à votre Presidio auprès de votre glacial épouse…
- Je lui ai dit que j’étais en mission. Je…
- Eh bien vous lui mentirez encore.
- Vous étiez moins farouche, il y a encore peu.
- Le feu de mes cuisses a un prix. Que vous connaissez Général.dialogue entre le modèle et le Général