Schiinkel est un croque-mort, au sens propre comme au figuré… Il suit les portes flingues qui laissent dans leur sillage des cadavres et du plomb… Les cadavres c’est son fond de commerce… et son plat préféré… Il a jeté son dévolu sur Lady Kätlin Sorrow qui enchaîne les duels sur un rythme effréné… Mais ce jour-là n’est pas son jour de chance : recherché pour ce qui s’apparente plus à des meurtres qu’à des duels, la belle est abattue d’une balle dans la tête par Kendal Jones, un chasseur de prime qui aurait pu la livrer vivante… Schiinkel décide de l’accompagner…
Okaar Albericht est un nain chanceux. Alors que les mines de ses amis et collègues donnent à peine de quoi vivre, la sienne dégorge d’or… Mais l’or comme l’argent ne fait pas toujours le bonheur… Hanté par de tragiques évènements survenus dans son passé, il s’abruti dans le travail, faisant peu cas de l’or qu’il récolte… Mais un jour, dans les entrailles de sa mine, il trouve une porte gigantesque et sent qu’on l’appelle, au-delà du seuil… Derrière, se trouve une sorte de temple au cœur duquel se trouve un étrange totem qui l’attire, comme un aimant…
A des lieux de là, une créature va se réveiller d’outre-tombe, semer la mort sur son passage et réveiller les cadavres, constituant une véritable armée autour de lui qui fait route vers l’étrange monolithe…
Jean-Luc Istin rejoint les éditions Oxymore fondées par Mourad Boudjellal, créateur des éditions Soleil… Féru de fantasy, il pose avec
Le Nain, le Chasseur de prime & le Croque-mort les bases d’un genre mêlant western et fantasy, ou la rencontre de J.R.R. Tolkien et de Sergio Leone…
Découpé en plusieurs chapitres qui impulse un rythme savoureux au récit, les personnages sont introduits façon le
Bon, le Brute et le Truand, permettant de découvrir, in situ, le gobelin, le pistolero et le nain et d’esquisser, sans en avoir l’air, un univers fantastique et baroque bougrement intéressant, comme l’était celui des jeux de rôle
Warhammer Fantasy RPG qui mêlait Renaissance et fantasy,
Castle Falkenstein mêlant Stempunk et Fantasy ou
Shadowrun, mêlant fantasy et cyberpunk…
Et le fait est qu’il ne faut que quelques pages pour s’immerger dans ce monde iconoclaste et fascinant où le scénariste joue à mélanger les codes du genre, soignant tout particulièrement ses ambiances et mettant en place des personnages délicieusement archétypaux qu’il tord avec jubilation, donnant naissance à un gobelin croque-mort qui ne se contente pas de croquer les cadavres, un nain chercheur d’or qui se moque bien d’en trouver ou un chasseur de prime un peu trop hanté par un impérieux désir de vengeance…
Les destins de ces trois personnages vont comme il se doit se télescoper, pour le meilleur mais surtout pour le pire ! Le final à grand spectacle est apocalyptique à souhait et le récit est émaillé de nombreuses scènes de duels ou d’action particulièrement efficace… On appréciera la courte nouvelle qui va nous entraîner dans le passé tourmenté d’Okaar Albericht… A ces trois personnages qui donnent son nom à l’album, encore faut-il ajouter un méchant innomé pour le moins inquiétant qui, revenu d’entre les morts, va lever et commander à une armée de damnés qui vont affronter une armée de nain particulièrement belliqueux…
Sublimé par les somptueuses couleurs de Nanjan, le trait puissant de Bertrand Benoît porte avec une redoutable efficacité le scénario de Jean-Luc Istin, posant les bases d’un univers à la croisée des genres… Ayant signé les somptueuses couvertures de plusieurs albums se déroulant dans le monde d'Aquilon, ce talentueux coloriste revient à la BD avec un album parfaitement maîtrisé. Ses compositions posent avec force cet univers étrange et envoûtant. Le character design de ses personnages est tout juste parfait alors que ses cadrages percutants renforcent l’impact des scènes d’action…
Jean-Luc Istin quitte les mondes d’Aquilon pour un ouest sauvage peuplé de créatures fantastiques…
Ce premier opus de West Fantasy met en scène trois personnages archétypaux mais iconoclastes : un nain chercheur d’or se souciant bien peu d’en trouver, un goblin croque-mort qui ne se contente pas de croquer les orteils des cadavres et un chasseur de prime hanté par un impérieux désir de vengeance… Un totem exhumé dans les tréfonds d’une mine d’or allait faire se télescoper leurs destins alors qu’une armée de mort converge vers lui…
Mêlant western et fantasy de façon particulièrement convaincante, Le nain, le chasseur de prime & le croque-mort est mis en image par le trait puissant d’un Bertrand Benoît particulièrement inspiré dont les compositions sont mises en valeur par les couleurs du talentueux Nanjan qui n’en finit pas de nous impressionner… Un scénario solide, un univers baroque et dépaysant, des personnages originaux, une narration impeccable et un dessin de haute tenue… Comment en pas attendre avec impatience le second opus de la série ?
- Je te vois venir, croque-mort. Tu me demandes si tu peux me suivre afin que nous nous rendions un service mutuel.
- C’est cela même.
- T’avoir sur mes talons ce serait comme avoir la mort aux guêtres. Ça ne me réjouit pas des masses.
- Tant qu’il ne s’agit que de la mort des autres.
- J’accepte à une condition.
- Qui est ?
- Si ne meurs, tu ne me croqueras pas et tu laisseras ma dépouille en l’état.
- Deal !dialogue entre Kendal Jones et Schiinkel