     Laup est l’acteur principal d’un film consacré à une légende du blues : Robert Johnson… Le film, Robert Johnson, du blues dans les veines, est encensé par la critique et qu’il connaît un indéniable succès public lors des différentes projections auquel il assiste…
Mais un soir, lors d’une projection, alors qu’une question est posée à Gordon Moore, professeur d’université éminent spécialiste de l’histoire du blues, ce dernier se lève sans piper mot et quitte la salle… Ce qui ne manque pas d’intriguer Laup qui cherche à le rencontrer pour s’entretenir avec lui…
Mais le vieil homme n’est pas d’un abord facile… Lorsqu’il le retrouve, son chauffeur vient de démissionner, ne pouvant plus supporter ses sautes d’humeur. Laup se retrouve à le reconduire chez lui, sans savoir qu’il allait le mener bien plus loin, à la recherche d’une chanson perdue qu’aurait dédié à Moore une chanteuse aujourd’hui oubliée et dont il fut éperdument amoureux.
 Musicien lui-même, Philippe Charlot voue une passion au blues et au jazz, comme le prouve le magnifique Bourbon Street qu’il a signé avec le talentueux Alexis Chabert…
Dans ce récit entraînant, nous allons suivre un jeune acteur qui a incarné avec conviction le mythique Robert Johnson dont on dit qu’il doit ses talents de guitariste à un pacte passé avec le diable, à la croisée d’un chemin… Bien que d’autres bluesman revendiquent cette rencontre… L’itinéraire d’un jeune acteur, donc, et celui un vieil homme blanc qui a vécu les premières heures du blues lorsqu’ils commençaient à être gravés dans des microsillons… Les principales figures ont depuis sombré dans l’oubli mais ils furent remis en lumière par des guitaristes virtuoses tels Eric Clapton ou Keith Richards… D’abord houleuse à cause du caractère passionné du vieil homme qui ne supporte pas qu’on puisse encore faire des films sur le blues en noir et blanc alors que le blues est née sur une terre de couleur, leur relation se fait plus apaisée au fil des pages et un lien fort se noue entre ce jeune homme au printemps de sa vie et ce vieillard qui glisse peu à peu vers son terme…
Et la force de cette nouvelle histoire de Philippe Charlot réside indéniablement dans ses personnages bigarrés, de cette adorable Madam Jezie, l’assistante du Professeur qui prend soin de lui et le connaît sur le bout des doigts à la jeune Willie qui travaillera un temps comme serveuse dans le Delta Blues Café qui est au cœur de récit pour de multiples raisons… Sans oublier ce vieil homme raciste et acariâtre qui a hérité de son père d’une collection de 78 tour de blues mais dont il interdit l’accès à quiconque et avec qui Gordon Moore entretient des relations pour le moins… tendues…
 Tous ces personnages donnent vie à cette histoire simple et touchante qui nous donne une furieuse envie d’écouter ou de réécouter quelques morceaux de Delta Blues, à commencer par ceux du fameux Robert Johnson…
Après avoir signé ensemble Comme des papillons, Ellis Island, Harmonijka ou Londonish, Philippe Charlot et Miroslaw Urbaniak, alias Miras, se retrouvent dans ce Delta Blues Cafe pour un récit passionnant truffé d’anecdotes sur le blues qui confèrent son authenticité au récit, l’histoire s’avère poignante, avec une monté en puissance savamment orchestré et des séquences joyeusement rocambolesques qui montrent que dans la vie comme dans le blues, la liberté et l’improvisation sont à la source d’émotions inoubliables… Changeant subtilement de style pour mettre cette histoire en images, retranscrire l’atmosphère et les paysage qui virent naître le blues, le dessinateur polonais nous offre des planches somptueuses, animant cette poignée de personnages pleins de vie né sous la plume de Philippe Charlot… Et si la composition de chaque page s’avère remarquable, c’est peu de dire que cette couleur si chère au professeur Gordon Moore sublime le dessin de Miras… Anna et lui nous livrent une partition remarquable, posant avec art des ombres et des lumières tout à la fois subtiles, somptueuse et nuancées… Quant à la couverture, elle est tout simplement magnifique, tant dans sa composition que dans sa réalisation soignée…
 Après I]Comme des papillons, Ellis Island, Harmonijka ou Londonish, Philippe Charlot retrouve Miras pour signer un album consacré à l’une des musique les plus fascinantes : le blues…
Acteur principal d’un biopic consacré à Robert Johnson, Laup effectue une tournée promotionnelle du film, adulé par la critique et par le public… Mais un soir, alors qu’on interrogeait un éminent spécialiste de l’histoire du blues, ce dernier se lève et s’en va, sans piper mot. Sa réaction ne va pas manquer d’intriguer Laup qui décide d’en savoir plus… Il ignore encore que cette rencontre allait l’entraîner dans son sillage à la recherche d’un 78 tours disparu…
Truffé d’anecdotes authentiques et porté par des personnages bigarrés particulièrement attachants, un dessin somptueux et la passion du scénariste pour la musique, ce Delta Blues Cafe s’avère aussi poignant que passionnant tout en nous donnant la furieuse envie d’écouter ou de réécouter ces premiers enregistrements de blues, à commencer par ceux du mythique Robert Johnson dont on dit qu’il doit ses talents de guitariste à un pacte passé avec le Diable… Une B.O. tout indiqué pour accompagner la lecture de l’album !
- Tunica Grace ? Je n connais pas.
- Normal. Personne ne la connaît, à part les gens d’ici, grâce à Gordon.
- Regardez ! C’est elle ! La photo a été pris dans ce café, il y a bientôt soixante ans.
- Quelle beauté !
- Personne ne lui résistait ! Elle a disparu, un beau matin.
- Elle a dû laisser des malheureux derrière elle.
- Un, surtout…dialogue entre Laup et Madam Jezie
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