Fiche descriptive Aventure Randolph Carter Tome 1 Simon Treins (d'après H. P. Lovecraft) Jovan Ukropina Stéphane Paitreau Soleil 5 juin 2024 15€50
9782302095748 Chronique La Ville sans nom La Quête de Randolph Carter |
Belloy-en-Santerre, Front de la Somme, Juillet 1916. La brigade du légionnaire Randolph Carter a été chargée d’aller inspecter les tranchées ennemies afin de comprendre pourquoi les allemands qui y tenaient position ne donnaient aucun signe de vie depuis quelques temps… Alors que les seuls soldats allemands qu’ils ont croisé étaient des cadavres, les voilà bientôt assaillis par des créatures monstrueuses qui allaient massacrer toute la brigade avant qu’un soutien de l’artillerie ne les taille en pièce… Seul rescapé de l’assaut, Carter est envoyé sur Marseille pour y être soigné. Il se lie à un autre légionnaire et va croiser la route d’un marin américain qui a semble-t-il sombré dans la folie … Il a couvert les murs de son misérable appartement d’écritures incompréhensibles et de dessins dont certains évoquent l’étrange pendentif que porte Carter autour du cou et qui fut trouvé par son oncle dans le métro new-yorkais… Peu après avoir tenté de tuer Carter après avoir entrevu son pendentif, le marin allait mourir et léguer ses carnets à Carter… le fascinant retour d’un personnage récurent de l’œuvre de Lovecraft A l’instar de Richard Pickman ou le roi Kuranes, Randolph Carter est un personnage récurent du Cycle du rêve, moins connu que ses écrits gravitant autour du Mythe de Cthulhu mais qui s’avère néanmoins aussi fascinant que dérangeants. Nombreux spécialiste des Lovecraft voient d’ailleurs dans Carter rien de moins que l’avatar littéraire du Maître de Providence…Scénariste de l’excellent diptyque Tuez de Gaulle, dessiné par Munch et colorisé par Scarlett, Simon Treins s’empare du personnage de Randolph Carter pour en faire le héros d’un récit apocryphe savamment orchestré et somptueusement mis en image… Pour la petite histoire, Simon Treins est un nom de plume utilisé par le prolifique et talentueux Jean-Pierre Pécau… L’idée directrice du scénariste est de tisser des liens entre les nouvelles où apparaissent Carter en comblant les vides et les lacunes par des récits originaux qui seront parsemés de références à l’œuvre originelle… Programme ô combien alléchant ! Mélancolique et désabusé, le personnage de Randolph Carter s’avère particulièrement intéressant en cela que sa vie fictive s’intègre dans la Grande Historie, telle les récits aventureux mettant en scène un certain Corto Maltese, et que sa filiation s’avère particulièrement ténébreuse, de cet oncle étrange qui lui légua ce fameux pendentif à cet ancêtre ayant été mêlé à l’affaire des Sorcières de Salem ou cet autre ayant participé à une croisade et combattu les guerriers de Saladin avant d’être fait prisonnier et initié à de bien sombres mystères… La quête de Carter pour comprendre ses origines est le moteur de l’action et nous entraîne de la Somme à Marseille et de Marseille au Moyen Orient… En grand connaisseur de Lovecraft, Treins / Pécau signe un récit s’inscrivant dans l’esprit de ses nouvelles et il nous tarde de le suivre jusqu’aux dans les Contrées du Rêve avant de le voir en revenir… Pour mettre en image cet album, Jean-Pierre Pécau retrouve le talentueux Jovan Ukropina, virtuose dessinateur avec qui il a déjà signé V-Girls - L'Œil du diable ou 1940 - Et si la France avait continué la guerre. Le remarquable travail de l’artiste serbe est sublimé par les couleurs subtiles et fascinantes du virtuose Stéphane Paitreau. Porté par un découpage ciselé, les planches de l’album sont d’un rare efficacité, les talents conjugués de Ukropina et Paitreau posant avec art l’atmosphère inquiétante et irréelle qui accompagne la quête de Randolph Carter, telle l’atmosphère horrifique de la séquence d’ouverture dans les tranchées de la somme, le malaise distillé par la chambre du marin dément ou son terrifiant récit couché par écrit dans ses carnets… Si Carter s’avère particulièrement convaincant, le marionnettiste qui dans l’ombre tire les ficelles s’avère inquiétant à souhait… Porté par sa passion pour l’heure du Maître de Providence, Simon Treins, alias Jean-Pierre Pécau, s’empare d’un personnage récurent du Cycle du rêve pour tisser un récit apocryphe qui joue avec les lacunes temporelles entres les différents récits mettant en scène Randolph Carter qui est considéré par beaucoup comme l’avatar littéraire de H.P. Lovecraft. Seul rescapé de sa brigade de légionnaire durant la bataille de la somme mais gravement blessé, Randolph Carter est envoyé à Marseille pour s’y faire soigner. Là, il se liera d’amitié avec un autre légionnaire et va croiser un marin dément… Après avoir tenté de l’occire lorsqu’il aperçut l’étrange médaillon hérité de son oncle pendant à son cou, ce dernier lui lèguera d’étranges et sibyllins carnets couverts de dessins et de notes manuscrites souvent incompréhensibles… Mis en image et en couleur avec virtuosité par le tandem formé par Jovan Ukropina, notamment dessinateur de V-Girls - L'Œil du diable, et l’impressionnant Stéphane Paitreau, le scénario fantastique et aventureux de Simon Treins puise sa matière dans les écrits de Lovecraft et s’avère aussi captivant qu’entraînant, entremêlant les fils de l’Histoire et de la fiction comme savait si bien le faire Hugo Pratt… Parmi les récits explorant l’œuvre de Lovecraft, cette nouvelle série tient le haut du panier et il nous tarde d’en découvrir la suite… C’est peu dire qu’il nous tarde d’en lire la suite en espérant qu’elle nous conduise au Seuil des Contrées du Rêve ! - Vous avez un sommeil très agité et dirait passionnant… Vous n’avez pas arrêté de parler. J’ai pris des notes…
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