L’incursion fracassante de Lesya de l’autre côté du mur séparant Noepolis pour y dénicher la convoitée N-Dorphin lui a valu d’être intronisée membre des Deadly Eves, ce qui attise la jalousie de Sam qui espère depuis longtemps intégrer leurs rangs…
De son côté, traqué par les agents COEVO et par les membres de son propre clan, Kenzell n’a d’autre choix que de se réfugier dans les dangereux bas-fond de Junk Town… Sa tête est bien vite mise à prix…
Mais, malgré son ascension fulgurante, Lesya est considérée comme traitre à son clan lorsque Sam découvre une connexion illégale et est traquée à son tour… Se retrouvant par hasard dans les bas-fonds, les deux fugitifs vont devoir s’allier pour survivre… Mais ont-ils seulement une chance de s’en sortir indemnes ?
Six mois après un premier opus décoiffant et immersif, Joël Dos Reis Viegas nous entraîne à nouveau dans son récit dystopique âpre et violent où la guerre des sexes atteint son paroxysme dans une société déchirée par un mur séparant hommes et femmes à cause d’un virus sexuel mortel…
Comment ne pas être une fois encore bluffé par la virtuosité des cadrages de l’auteur, par la puissance de son découpage qui impulse un tempo de lecture aussi entraînant qu’oppressant qui entre en résonnance avec son histoire construite autour de deux récits alternés qui suivent pour l’un un DJ surdoué et pour l’autre l’ascension fulgurante d’une gamine d’Uptown Jungle au sein des puissantes Deadly Eves… On se doute que les destins de ces deux personnages, dont le lien qui se noue entre eux évoque l’histoire d’amour impossible des amants de Vérone, vont une fois de plus se télescoper… Et, au vu des soupçons qui pèse sur chacun d’entre eux dans leurs clans respectifs, pas sûr que ce soit pour le meilleur…
Le trait punchy de Joël Dos Reis Viegas met en scène des personnages aux silhouettes élancées, multiculturels et attachants qui évoluent dans un monde violent qui pointe les travers de nos sociétés contemporaines dont beaucoup sont indubitablement imputables au patriarcat. Mais l’auteur joue avec les codes pour brouiller les pistes, décrivant deux sociétés qui vivent en parallèle et se haïssent viscéralement. Les femmes, plutôt viriles, ont mis en place une société très hiérarchisée, limite monacale, d’inspiration carcérale. Par contraste, les hommes semblent plus sensibles, comme s’ils laissaient leurs émotions s’exprimer pleinement. Cette approche iconoclaste estompe paradoxalement les différences entre hommes et femmes… Le soin apporté à leurs gestuelles, à leurs vêtements et à leurs attitudes accentue avec art ce savoureux changement de paradigme, renforçant l’atmosphère si particulière qui baigne la série.
Rythmée par une typo bien sentie, les dialogues s’avèrent on ne peut plus percutants, accentuant la musicalité du scénario et du dessin alors que les punchlines fusent.
Joël Dos Reis Viegas revisite avec art l’histoire de Roméo et Juliette, pointant à travers la société dystopique qu’il esquisse avec art les travers de nos sociétés contemporaines.
L’audace de Lesya a valu à cette jeune fille d’Uptown Jungle d’être intronisée membre des Deadly Eves, suscitant la jalousie de Sam… De l’autre côté du mur qui déchire Noepolis, Kenzell est traqué par ses pairs qui le considère comme un traitre… Devenus parias dans leurs clans, tous deux vont se retrouver dans le no man’s land, pour le meilleur mais surtout pour le pire…
Le trait dynamique, les cadrages virtuose, le soin apporté à l’apparence et à la gestuelle de chacun des personnages, le changement de paradigme entre hommes et femmes qui estompe paradoxalement les différences entre les sexes, des dialogues pêchus, le climat ultra violent qui règne sur la ville et un découpage tout juste bluffant font de ce manga un divertissement intelligent qui, comme toute bonne œuvre d’anticipation, nous donne à réfléchir sur nos société contemporaines… Bref, en un mot comme en cent : vivement la suite !
Voilà, t’es officiellement des nôtres maintenantSœur Amy
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