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Écoute s'il pleut
Écoute s'il pleut



Fiche descriptive

Roman Graphique

Rodolphe

Patrick Prugne

Patrick Prugne

Daniel Maghen

28 août 2024


18€

9782356741882

Chronique
Écoute s'il pleut
Souvenirs d’enfance

Derrière chez nous, au fond de la vallée, il y avait trois moulins... Le premier, c'était le moulin de la Bée. Ensuite, un peu en retrait, le moulin de la Forêt. Le troisième était plus haut dans la vallée mais on n'y allait pas, les orties et les ronces rendaient les berges impraticables.

Il avait un drôle de nom, il s'appelait Ecoute-s'il-pleut et... Un jour je te raconterai.
un chef d'oeuvre!


Souvenirs d’enfance
Ecoute s'il pleut, planche de l'album © Daniel Maghen / PrugneDaniel est venu passer quelques jours d’été chez sa grand-mère… Mais, son grand-père étant mort l’hiver dernier et son cousin n’étant pas venu le rejoindre, il s’ennuie ferme, d’autant que le temps est à la pluie…

Un jour, alors qu’il enterrait un chat écrasé, il rencontre Paul, un gamin de son âge qui habite dans un des trois moulins à aube tapis dans la vallée. Ce dernier a tôt fait de l’y emmener et de lui présenter sa mère… Daniel est d’emblée frappé par la beauté de cette jeune femme qui s’occupe, seule, du moulin… Mais, lorsque sa grand-mère lui demande où habite son nouveau copain, cette dernière est interloquée : personne n’habite plus à « l’Ecoute s’il pleut » qui tombe en ruine au fil des années… Daniel n’a pas rêvé, il y a pourtant bien été à ce moulin…

Mais lorsqu’il y retourne, il trouve ce dernier délabré, comme abandonné depuis des lustres… De Paul et de sa mère, aucune trace… C’est alors qu’il croise aux abords de la masure Louis Blonville, l’ancien instituteur du village qui lui en apprend davantage sur Suzanne, la mère de Paul, et sur l’histoire d’amour qu’elle a vécu avec un soldat allemand durant l’occupation…


Ecoute s'il pleut, planche de l'album © Daniel Maghen / Prugne
quand ressurgissent les fantômes
Scénariste chevronné, Rodolphe signe avec cet album au titre poétique un récit délicieusement intimiste chargé d’une douce mélancolie, associant pour l’occasion sa plume aux pinceaux du virtuose Patrick Prugne dont les somptueuses aquarelles n’en finissent plus de nous éblouir au fil de ses albums…

Ecoute s’il pleut nous entraîne dans un petit coin de campagne d’autant plus verdoyant qu’il y pleut souvent… On s’attache dès les premières pages à cet adolescent qui n’est autre que le narrateur de l’histoire. Les récitatifs nous permettent de connaître ses états d’âme et de comprendre le trouble qui l’assaille lorsqu’il croise la route de Suzanne, la mère de Paul. Sa relation avec cet adolescent de son âge nous apparaît étrange, comme nimbée d’un mystère que l’on devine, la réaction de la grand-mère de Daniel venant accréditer nos soupçons, par ailleurs esquissés par l’illustration de couverture, et qui se confirmeront au fil des pages… Mais l’écriture de Rodolphe est si subtile qu’il nous happe littéralement et nous entraîne dans son récit dont se dégage un charme touchant avec d’autant plus de facilité que le mystère n’est pas tout à fait là où on l’attends, comme si les méandres scénaristiques de l’histoire épousaient ceux d’une des rivières alimentant en eau l’un des moulins dont il est question dans l’histoire…

Ecoute s'il pleut, planche de l'album © Daniel Maghen / PrugneAu fil des pages, un drame ancien ressurgit d’un passé que tous semblaient avoir oublié, jusqu’à ce que le scénariste vienne conclure son récit de façon magistrale, accentuant sa cruelle mélancolie… Le récit se poursuit d’ailleurs au-delà de la dernière planche par le truchement d’une lettre qui nous fera une ultime révélation, expliquant, comme Adso de Melk dans le Nom de la Rose d’Umberto Eco, le sens caché du titre, invitant l’esprit du lecteur à vagabonder, ses rêveries rejoignant celles d’un Daniel devenu père…

Si le lecteur sera remué par le scénario simple mais subtil de Rodolphe, le formidable travail graphique de Patrick Prugne le sublime, littéralement. Comment ne pas être bluffé par sa façon de peindre la nature et ses éléments, de donner à ressentir l’atmosphère d’une forêt après la pluie, les clapotis de la rivière ou le souffle du vent… Son travail sur la lumière est tout juste somptueux, soulignant avec subtilité l’atmosphère mélancolique qui baigne l’histoire et nous donnant à voir la beauté de la campagne où évolue des personnages sensibles et délicats… La couverture est à l’image des planches de l’album : somptueuse et remarquablement bien composée…

Ecoute s'il pleut, planche de l'album © Daniel Maghen / PrugneAvec Ecoute s’il pleut, l’éclectique Rodolphe fait montre de ses talents de conteur en tissant un récit intimiste et mélancolique qui réveille nos souvenirs d’enfance…

Après la mort de son grand-père, Daniel vient passer quelques jours d’été chez sa grand-mère. Son cousin ne l’ayant pas rejoint, il s’ennuie quelque peu, d’autant que le temps est à la pluie… Mais il va faire la connaissance de Paul, un jeune garçon de son âge qui allait l’inviter dans le moulin tenu par sa mère, une femme d’une beauté troublante… Oui lorsqu’il y retourne, le moulin, inhabité depuis des lustres, n’est plus que ruine… Là, en explorant la bâtisse délabrée, il rencontre l’ancien instituteur du village qui allait lui raconter l’histoire du moulin et de ses habitants…

Il y a une réelle adéquation entre le récit dont Daniel se fait le narrateur et le somptueux dessin de Patrick Prugne qui dépeint une nature sublime qu’on voit presque prendre vie sous nos yeux, entendant les clapotis de la pluie, le bruit d’une rivière coulant paisiblement sous les frondaisons d’une forêt, le tout baigné par une lumière parfois presque irréelle qui vient renforcer la douce mélancolie qui baigne le récit… On se laisse prendre et entraîner par l’écriture ciselée de Rodolphe et par les subtils méandres de son scénario, tout simplement bouleversant…


- Il habite où, ton ami ? Au village ?
- Non, non… Au moulin.
- Lequel ? Celui de la Bée ?
- Ecoute s’il pleut !
- ?!
- C’est le troisième, après le moulin de la forêt.
- Je le connais… Et comment tu dis qu’il s’appelle, ton copain ?
- Paul.
- Paul comment ?
- J’en sais rien… Pourquoi tu me demandes ça ? Quelle importance ?
- Daniel, personne n’habite à l’Ecoute s’il pleut… Ni Paul, ni personne !dialogue entre Daniel et sa grand-mère

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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