1855… Eadweard Muybridge quitte son Angleterre natale pour la Californie où il espère se faire un nom. Débaquant avec d’autres migrants à New-York, il travaille d’abord comme libraire à Las Vegas, sans grand succès… Gravement blessé dans un accident de diligence qui pourrait être la cause de son caractère fantasque, il retourne en Angleterre pour y être soigné… Se découvrant une passion pour la photographie et fasciné par le procédé technique de cette nouvelle science, il l’étudie avec assiduité…
De retour à San Francisco en 1967, il travaille dans studio de photographie mais ne s’y épanoui pas. Il a besoin d’espace. Pendant cinq mois, il arpente la vallée de Yosemite et y prend de nombreux clichés avant de monter un laboratoire de photographie itinérant qui le mènera notamment en Alaska… Courtisé par les marchands d’art, il se marie avec une jeune femme ayant près de la moitié de son âge… Après avoir froidement abattu l’amant de cette dernière, il est libéré grâce à l’intervention du riche Leland Stanford, alors Gouverneur de Californie. Grâce à la manne financière de ce mécène qui a fait fortune dans le chemin de fer et consacre désormais sa vie au chevaux, il tente de développer un appareil à même de capter le complexe mouvement de leur course et de le fixer sur un support… Après des années d’essais, il parvient enfin à capter la course d’un cheval au galop et entamera une série de conférence sur le nouveau et le vieux continent…
Pionnier du cinéma, on lui doit notamment la première projection payante d’un film grâce à un procédé alors révolutionnaire…
Pour beaucoup, la première représentation publique payante d’un film projeté a été réalisée a été réalisée à Paris par les Frères Lumière. Pourtant, quelques années avant un certain Eadweard Muybridge réalisa cet exploit en projetant grâce à sa géniale invention : le zoopraxiscope… Son nom est étrangement tombé dans l’oubli bien que ses travaux étudiant le mouvement des animaux soient encore utilisés de nos jours par de nombreux artistes…
S’appuyant sur une solide documentation, le talentueux Guy Delisle nous conte l’histoire atypique de cet homme brillant qui fut tour à tout libraire, photographe, inventeur, époux, assassin et pionnier du septième art… A travers sa vie aventureuse, l’auteur retrace l’histoire de la photographie et des premiers balbutiements du cinéma dont il a été un des acteurs… Son plus grand fait d’arme : avoir pu capter le déplacement d’un cheval au galop en utilisant plusieurs appareil photo se déclenchant à quelques fractions de seconde d’intervalle, bousculant les idées reçues et communément admise par les scientifiques comme par les artistes… Si Muybridge n’avait pour sa part aucun intérêt particulier pour la plus belle conquête de l’homme, pour son mécène, Leland Stanford, qui désirait connaître l’exact mouvement du cheval pour peaufiner le dressage de ses chevaux de course, cela tournait presque à l’obsession… Une passion et l’inventivité de deux hommes ont donc révolutionné la captation de l’image animée…
Subtil dosage entre biographie et histoire de la photo et du cinéma, le récit de Guy Delisle nous livre au fil des pages des informations édifiantes, réactivant certaines connaissances et les complétant par d’autres… En plus d’être passionnante par le portrait saisissant qu’il fait de ce personnage fantasque que fut Eadweard Muybridge, la lecture de l’album s’avère ainsi très enrichissante et la pertinente frise chronologique placée à la fin de l’album nous permet de l’intégrer dans la trame de cette époque foisonnante…
Le dessin épuré de Guy Delisle s’avère follement expressif et l’usage des aplats de gris confère à ses planches une note délicieusement désuète qui resitue le récit dans son époque, seul la lumière, élément intrinsèquement lié à la photographie, se pare de couleur. Le trait parfois caricatural du dessinateur apporte une touche humoristique à l’histoire, sans jamais affadir le propos et l’ensemble s’avère tout à la fois fluide et cohérent. Le dessinateur a par ailleurs recours à d’intéressant subterfuge graphique pour décomposer le mouvement de certaines séquences et en faire une succession d’image fixe, mélangeant avec brio le fond et la forme… La dernière planche notamment s’avère tout juste brillante, venant accentuer sa dramaturgie… Cerise sur le gâteau, Guy Delisle nous propose de découvrir de nombreux clichés réalisés par l’inventeur-photographe-assassin afin de nous permettre de mieux comprendre son apport à l’histoire de la photographie en tant que science et en tant qu’art…
Le talentueux Guy Delisle se propose de nous raconter l’histoire édifiante et méconnue d’un aventurier qui devint un pionnier de la photographie et un inventeur de génie…
Eadweard Muybridge a quitté son Angleterre natale pour faire fortune aux Etats-Unis. Tour à tour libraire, photographe, aventurier, assassin et inventeur, il mis au point pour le compte de Leland Stanford un processus pour capter le mouvement d’un cheval au galop après avoir s’être pris de passion pour la photo et monté un atelier itinérant pour prendre des clichés in situ… Sauvé de la pendaison grâce à l’intervention de son riche mécène, il allait faire de nombreuses conférence sur sa fabuleuse invention devenant, bien avant les Frères Lumière, le premier inventeur à réaliser la projection payante d’un film…
Porté par un dessin épuré et expressif, cette édifiante et captivante biographie nous conte en parallèle l’histoire de la photographie et des balbutiements du cinéma, deux arts dont Eadweard Muybridge fut l’un des pionniers et des acteurs… Fluide, drôle et instructif, Pour une fraction de seconde est un album riche et passionnant à ranger aux côtés des excellents Pionniers de Guillaume Dorison, Damien Maric et Jean-Baptiste Hostache…
Flou et figé, c’est tout ce qu’on arrive à faire ! Quelle misère ! Toutes ces photos sont mortes, il n’y a pas de vie ce n’est pas naturel !
- Le client aime bien.
- Et tout ces décors en carton, c’est ridicule ! Depuis quand une colosse romaine repose sur un tapis ? Ça ne rime à rien !
- Bah ! Mais calme toi !
- Ce n’est pas pour moi, je démissionne !
- Enfin, Eadweard…
- J’ai besoin d‘espace… de beaucoup d’espace…dialogue entre Eadweard Muybridge et Sillas Selleck
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