Fiche descriptive Fantastique Phicil (assisté de Stéphanie Branca) Phicil Phicil (assisté de Reiko Takakou) Delcourt Mirages 16 octobre 2024 24€95
9782413049296 Chronique Les Fantômes du Mont-Blanc Se souvenir des belles choses |
L’institutrice d’un petit village des Alpes a été nommée dans une grande ville où elle ne peut, à son grand regret, emmener Bernie, son bouvier bernois… Mais elle lui a trouvé un nouveau maître en la personne de Walter Weiss, un vieil horloger passionné par son métier… Alors qu’il allait avec son nouveau maître dans son nouveau foyer, Bernie croise dans un fourré une étrange créature aux allures de sorcière qui prétend avoir besoin de lui… Celle-là même que le chien allait croiser nuitamment juste avant de rencontrer le fantôme d’une jeune femme amnésique désireuse de recouvrer ses souvenirs… Bernie et elle vont partir à la recherche de sa mémoire enfuie… Au fil de leur aventure, il apparaitra qu’elle et sa famille juive était venue trouver refuge dans le village durant la guerre. Elle y vécut une fulgurante histoire d’amour avec un jeune horloger avant qu’elle ne doive fuir à l’arrivée des arlomands… un récit fantastique et onirique plein d’humour et de tendresse Ayant été enthousiasmé tant par le touchant, poétique et jazzy petit rêve de Georges Frog et l’envoûtant conte initiatique Grand Voyage de Rameau, ce Fantôme du Mont-Blanc ne pouvait qu’attirer mon attention.Montrant une jeune femme amnésique, deux chiens et un étrange oiseau courant devant un magnifique hôtel, la couverture ne lève pas le voile sur l’histoire mais on est d’emblée envouté par le trait si singulier de l’auteur… Faire du chien le narrateur est un artifice narratif surprenant mais qui pose d’emblée cette ambiance délicieusement onirique, avec ses remarques décalées qu’il fait en aparté… Et il y a ce petit monde si proche et pourtant si différent du nôtre qui permet toute liberté narrative à l’auteur, conférant au récit un aspect irréel et un brin intemporel, bien qu’on comprenne parfaitement ce à quoi il fait référence… Difficile de ne pas être attendri par ce jeune homme et cette jeune femme qui, peu avant-guerre, allait connaître l’amour avant d’être séparés et emportés par le vent de l’histoire qui se lève… Ce récit onirique entre songe et réalité est comme une seconde chance pour les amants de s’aimer, au-delà du temps et de l’espace… Si l’on croise la Mort, une sorcière, des géants, des chiens parlants et des fantômes, le récit n’en reste pas moins solidement charpenté. Le puzzle narratif concocté par l’auteur s’avère fascinant tant les différentes pièces s’assemblent de façon convaincante, porté que nous sommes par les émotions éminemment communicative des différents personnages et que l’auteur parvient à retranscrire avec art. Car, plein de tendresse et de douceur, le dessin enlevé de Phicil fait comme de coutume merveille. L’auteur anime avec brio des personnages, animaux ou humains, délicieusement décalés qui nous entraînent dans un récit écartelé entre passé et présent… Sobres et généreuses, ses compositions n’en sont pas moins d’une redoutable efficacité, portant joliment cette histoire qui nous réserve bien des surprises et s’achève étrangement comme elle a commencé… Mais entre l’amorce et son terme, que de choses ont été vécues ! Après ses oniriques et envoûtants le petit rêve de Georges Frog et le Grand Voyage de Rameau, Phicil est de retour pour un récit délicieusement surréaliste qui nous entraîne dans un univers familier à la fois semblable et pourtant si différent du nôtre… Sa maîtresse étant mutée à la ville, elle doit se résoudre à confier Bernie, un bouvier bernois, à Walter Weiss passionné par son métier… Une nuit, le fantôme amnésique d’une jeune femme figurant sur une photo et son chien lui apparaisse… Ensemble, ils vont tenter de réunir ses souvenirs en miettes et dévoiler un pan de son passé… Réfugiée avant la guerre dans la petite bourgade de Saint-Gervais-les-Bains, elle était tombée amoureuse d’un jeune horloger mais l’arrivée des troupes arlomandes allaient l’obliger à fuir, mettant fin à leur folle passion… Et si, des années après ces émouvants et tragiques événements, une chance de revivre leur amour leur était donnée ? Le dessin sensible et délicat et Phicil fait comme de coutume la part belle aux émotions. Narrateur de cette histoire poignante, le chien Bernie nous fait part de ses réflexions. Tandis que nous est dévoilé par bribes le passé de la jeune femme, les pièces du savoureux puzzle narratif d l’auteur s’assemblent peu à peu pour former une histoire d’amour délicieusement attendrissante alors que nos héros humains et canins sont guidés par une bien étrange sorcière… Car, à l’instar du Big Fish de Tim Burton, éléments historico-fictionnels et oniriques vont se mêler de façon inextricable, nous rappelant combien, avec cet avenir plus qu’incertain qui se dessine, il est important de se souvenir des belles choses pour que jamais elles ne s’effacent de nos mémoires… Avec son trait singulier aux charmes délicats, Phicil nous livre un récit simple aussi bouleversant que revigorant… Nous rendrez-vous ces extases sublimes que vous nous ravissez ?fragment de poème
|
||||