Fiche descriptive
29€95
Chronique | ![]() ![]() |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Ecrasé par les taxes, le peuple agonise. Unis dans la misère, la résistance s’organise au cœur de l’épaisse et mystérieuse Forêt de Malvern, chargée en légendes et en maléfices… Si Marion semble avoir tourné la page sur leur enfance, les sentiments de Pierre de Gris pour elle sont intacts et il met sa seconde vie à son service pour défendre sa cause et son idéal de liberté… Mais dans les brumes humides qui étouffent Gris, les meilleures intentions du monde sont perverties par la folie des hommes… ![]() mémoires d’un amour mort-né Alors que ses talents de dessinateur ont éclaté au grand jour dès son premier album, Les Métamorphoses 1858 sur le brillant scénario d’Alexie Durand, Sylvain Ferret a montré qu’il était aussi un scénariste émérite avec sa glaçante et poétique trilogie du Talion… Ses Mémoires de Gris s’inscrivent dans une même veine sombre et désespérée… car on n’échappe pas à son destin… En d’autres temps, en d’autres lieux, Pierre de Brume et Marion auraient pu s’aimer, fonder une famille et vivre heureux. Mais le bonheur semble avoir à jamais fui ces terres désolées où ne règne que la misère, la violence et la mort… A l’instar de Talion, il plane sur ce récit à la pagination généreuse une mélancolie morbide qui chasse l’idée même d’espoir… On reconnaît des motifs empruntés à la légende de Robin Hood, avec cette bande de brigands rançonnant les inconscients qui s’aventurent dans la ténébreuse Forêt de Malvern… Mais si la révolte des hommes de Sherwood était porteuse d’espoir et annonciatrice d’un avenir meilleur, la révolte des miséreux de Gris semble dérisoire tant elle semble d’ores et déjà vouée à l’échec. Le sort des brigands de Malvern semble scellé, les puissants de ce monde ne pouvant accepter qu’on défie ainsi l’ordre établi. Les décors qui servent d’écrin à l’histoire en sont des personnages à part entière, de par la façon dont le dessinateur les représente et l’atmosphère oppressante qui y règne… jusqu’à leurs noms, Havre Obscur, Griserive, Val de Brume, qui suintent autant le malheur que le désespoir… ![]() un conte médiéval cruel et mélancolique porté par un dessin somptueux, fascinant et oppressant Âpre et rugueux, le dessin de Sylvain Ferret s’avère une fois encore fascinant. Son trait réaliste est sublimé par une colorisation mélancolique qui vient renforcer la désespérance qui baigne l’histoire… Il parvient avec une facilité désarmante à nous faire ressentir la misère du peuple tout comme la violence que l’on retrouve dans toute les couches de la société. Si le découpage de certaines planches s’avère ample, on n’en ressent pas moins un sentiment diffus d’oppression, comme si le monde lui-même n’était qu’une prison, ou cette vallée de larmes qu’il était pour les cathares… Le subtil usage du rouge renforce la brutalité de certaines séquences alors que les teintes délavées des flashbacks rend la lecture de l’histoire particulièrement fluide… Le travail sur l’énigmatique musicien s’avère tout aussi fascinant… S’il semble évoquer le Coq ménestrel du Robin des bois de Disney, son rôle est ici plus trouble et plus ténébreux, ce deus ex machina introduisant un élément fantastique et mystérieux particulièrement dérangeant… Rehaussée d’or et mise en valeur par le dos toilé, la couverture est de toute beauté et pose d’emblée cette atmosphère oppressante et dénuée d’espoir qui baigne le récit…![]() ![]() Il y a des années, Pierre de Brume, fils du Seigneur de Gris, est parti combattre l’infidèle… Mortellement blessé après un acte héroïque, il est ramené à la vie par Marion, une sorcière qui fut durant son enfance sa meilleure amie… Mais le temps a passé et les regrets ont laissé place à l’amertume. Ecrasé par les taxes et les cruels traitements de leur seigneur et maître, le peuple vit dans la misère… Une lueur d’espoir semble s’être levée dans l’inquiétante Forêt de Malvern où des parias ont décidé de prendre les armes et de rançonner ceux qui avaient l’audace de s’y aventurer… Mais l’espoir peut-il survivre dans ces terres gastes ? Dès les premières planches, on est happé par ce récit sans héros et cette atmosphère pesante et viciée… Sous les crayons et les pinceaux ténébreux de l’auteur, le monde est semblable à une vallée de larmes. Les fils narratifs enchevêtrés comme les ronces acérées et vénéneuses des contes étouffent les flammèches vacillantes de l’espoir alors que, se retrouvant après des années d’errance, les deux amants maudits doivent se rendre à l’évidence : leur histoire est morte dans les brumes de leur enfance et rien n’y pourra rien changer… Mémoire de Gris est un conte médiéval cruel, envoûtant et sombrement désespéré qui fait montre des talents de conteur et de metteur en images de Sylvain Ferret… Si vous caressez l’espoir d’une fin heureuse, passez votre chemin, vos espérances ne sont que chimères… Tu n’as rien à faire ici, Pierre de Brume ! Tu arrives sept ans trop tard ! Pour moi, tu es mort depuis longtemps ! … Et je tiens à ce que ça reste ainsi.Marion la Guérisseuse
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