Après avoir affronté un monstre terrifiant ayant perdu toute apparence humaine et sachant qu’un rituel aurait lieu d’ici peu, Friday s’échappe de la cellule où elle était enfermée grâce à une étrange montre laissée à son intention par son ami défunt.

Cet artefact lui a fait remonter le temps t Friday se retrouve quelques heures avant que Lancelot ne trouve la mort dans l’incendie de leur QG. Désormais spectatrice des événements dont elle n’avait que partiellement connaissance, elle escompte pouvoir identifier le meurtrier de son ami, voir même empêcher son meurtre…

Au cœur de la forêt, elle assiste médusée à l’ouverture d’un portail d’où sort une horde de monstres qui participe à une cérémonie impie menée par un homme encapuchonné qui pourrait bien être Lance… Repéré, elle doit fuir en toute hâte pour échapper à l’une des monstruosités lancée à sa poursuite… Elle arrive in extrémis devant leur QG alors que Lance affronte son meurtrier…

[EncartG]un puzzle scénaristique fascinant et envoûtant[/EncartG]Scénariste notamment de Criminals et Reckless, deux séries qui comptent parmi les meilleures séries policières du neuvième art, Ed. Brubaker nous entraîne avec Friday aux frontières du réel.

Le premier opus posait les bases d’un récit intrigante empli de mystères… Mais, au fil des pages, un sentiment diffus de malaise s’insinuait dans le récit qui se colore peu à peu de fantastique et d’horreurs délicieusement déstabilisante, avec d’étranges événements se déroulant à la lisière de l’histoire, dans cette zone nébuleuse séparant le réel du fantastique… Ce troisième tome voit s’assembler les différents fils narratifs, chaque rouage du scénario s’imbriquant parfaitement dans la trame de l’histoire pour former un tout vertigineusement cohérent qui étend ses racines dans les légendes nordiques qui prennent corps de façon aussi fascinante qu’inquiétante. Le scénariste explore avec délice les paradoxaux voyages temporels où un personnage venu d’un futur proche peut croiser son double du présent, agir sur des événements qu’il connaît partiellement pour tenter d’infléchir la trame du temps et empêcher un drame de survenir…

Ed. Brubaker est véritablement l’un des meilleurs scénaristes de comics, à la fois formidable conteur et démiurge virtuose qui donne vie à des personnages délicieusement complexes et torturés qui rend chacune de ses histoires singulière et poignante…

En matière de virtuosité, Marcos Martin se pose lui aussi. Révélé par son travail pour DC et Marvel, le dessinateur envoûte le lecteur grâce à un sens de la mise en scène confondant et des cadrages ébouriffants qui accentuent avec art la dramaturgie de chaque séquence et mettent en relief les états d’âmes des différents protagonistes. Son trait expressif conjugué aux couleurs hallucinées de Munbta Vicente confèrent à la trilogie une atmosphère unique et étrangement irréelle alors que les créatures cauchemardesques auxquelles il donne vie semblant tout droit sorties d’un tableau de Jheronimus Bosch s’avèrent très réussies…

Avec une montée en puissance savamment orchestrée, ce troisième opus de Friday est la clef de voûte scénaristique où les différences pièce du puzzle narratif imaginé par le grand Ed Brubaker s’imbriquent parfaitement pour former un tout délicieusement et vertigineusement cohérent…

Grâce à la montre laissée à son attention par son défunt ami, Friday remonte le temps et se retrouve dans le passé, à quelques heures de l’incendie du QG dans lequel Lance a trouvé la mort… Fort de sa connaissance, certes parcellaire, des événements et des agissements de chacun, elle espère pouvoir identifier le meurtrier de son ami et, pourquoi pas, empêcher sa mort… Mais de terrifiantes créatures vomies par un portail semblent préparer un étrange rituel annonciateur d’une ère nouvelle…

Formidable conteur, le scénariste de Criminals ou de Reckless signe un récit fascinant qui nous entraîne aux frontières du réel dans le sillage de deux enquêteurs de l’étrange pour une enquête fascinante plongeant ses racines dans les légendes nordiques et le folklore local… Rehaussé par les fascinantes couleurs de Munsta Vicente, le dessin somptueux et envoûtant de Marcos Martin accentue l’atmosphère fantastique de cette trilogie captivante de façon saisissante… Et, si les auteurs ont refermé avec talent les différents arcs narratifs, on ne peut qu’espérer retrouver Friday et Lance dans d’autres enquêtes sur un nouveau terrain de jeu tant ce troisième tome de Friday est l’un de nos gros coups de cœur de cet automne…

C’était si étrange Elle était là. Elle voulait crier et prévenir cet autre elle… Mais tout était déjà arrivé et les choses s’étaient déroulées… comme ça. Le narrateur