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Le Voleur d'Amour
Le Voleur d'Amour



Fiche descriptive

Roman Graphique

Yannick Corboz (d'après le roman de Richard Malka)

Yannick Corboz

Yannick Corboz

Glénat

6 novembre 2024


36€

9782344052358

Chronique
Le Voleur d'Amour
d’Amour et de mort

Adrian van Gott est une énigme. Torturé, mystérieux, épuisé par les siècles déjà vécus, il collectionne les conquêtes mais vit seul dans son immense demeure nichée au cœur de Manhattan. Dans cette forteresse des hauts quartiers, il a amassé des livres, des tableaux, des souvenirs mais reste hanté par un douloureux secret.

Car Adrian possède un don unique, un étrange et monstrueux pouvoir qui le condamne à dévorer l’amour d’autrui pour assurer sa survie. Pour Adrian, l’amour se vole et ne se gagne jamais. Capable de percevoir les infimes variations de goût et de saveur dans un simple baiser, Adrian n’a eu de cesse d’assouvir son appétit de Constantinople au Paris de la Révolution.

Mais qui est-il et quel drame entoure son enfance dans la Venise des années 1780 ? Le jour où deux siècles et demi plus tard, sa route croise celle d’Anna à New York, tout bascule. Troublé, Adrian retrouve dans cette jeune danseuse la même saveur que possédait la seule femme qu’il ait jamais aimée. Pour la première fois de sa vie, il refuse l’inéluctable et jette un regard amer sur son existence passée.

Et si le temps était venu de briser ses chaînes ? Anna pourra-t-elle mettre fin à son insatiable quête d’amour ? Après avoir passé sa vie d’immortel à semer la désolation, Adrian a un tout autre plan…
un chef d'oeuvre!


d’Amour et de mort
le Voleur d'Amour, planche de l'album © Glénat / Corboz / MalkaNewYork, dans une immense et luxueuse demeure richement décorée située au cœur de Manhattan. Adrian a drogué sa compagne qui s’est endormie dans ses bras. Il se retire dans cette pièce à laquelle lui seul a accès pour lui écrire une dernière lettre et lui livrer sa tragique histoire et se décharger d’un trop lourd fardeau… Ce soir, il a décidé de mettre fin à sa trop longue vie…

Adrian van Gott est né au XVIIIe siècle dans la République de Venise dans une famille d’aristocrates de la rencontre de deux âmes tourmentées. Alors que ses aînés ont été emportés par l’épidémie de scarlatine qui ravagea la Sérénissime, il grandit sans amour… Un jour, alors qu’il aurait dû mourir noyé, il découvrit qu’il possédait un don unique et monstrueux qui le condamne à se nourrir de l’amour et des désirs de ceux dont il embrasse les lèvres. Ces nectars aux saveurs insoupçonnée sont a la source de son immortalité, de ses sens exacerbés, de son agilité et de sa force surhumaine…

Mais la nuit où ses pouvoirs lui furent révélés, il vola la vie de Célia, une jeune femme qu’il se sentait pouvoir aimer… Et lorsque des années plus tard, après avoir volé bien des vies pour survivre, voilà qu’il croise Anna, une jeune femme dont l’amour a les mêmes saveurs capiteuses que celle son seul amour… Pour la première fois de sa vie, il refuse répondre au désir du monstre qu’il porte en lui… Mais la jeune femme ne comprends pas qu’il refuse de lui accorder ce qu’il semble avoir accordé à tant d’autres…


le Voleur d'Amour, planche de l'album © Glénat / Corboz / Malka
un récit fantastique et envoûtant qui revisite avec brio la figure du vampire
Depuis la célèbre nouvelle de John William Polidori, la figure du vampire ne cesse de hanter scénaristes et romanciers. Et ce vampire émotionnel né sous la plume de Richard Malka n’est pas sans évoquer les Selenims, créatures maudites imaginées par Tristan Lhomme et se nourrissant, comme Adrian, des émotions de leurs victimes…

Si le récit, et nous y reviendront, s’avère captivant, c’est tout d’abord le dessin élégant et sensuel qui attire et captive le lecteur. Révélé par Célestin Gobe-la-Lune et consacré par l’Assassin qu’elle mérite, deux petits bijoux écrits par Wilfrid Lupano, Yannick Corboz signe son chef d’œuvre avec cet album. Ses aquarelles sont tout juste somptueuses et donnent vie à l’un de ces personnages marquants qui hantent longtemps le lecteur un fois l’album refermé par la sensualité et la bestialité qu’il dégage. Rarement vampire n’aura été dessiné d’une telle façon, alliant parfaitement Eros et Thanatos, suscitant tour à tour attirance et répulsion. Né d’un acte presque contre-nature, Adrian est un creuset ténébreux où se mélange une foule d’émotions contradictoires, du désir d’être aimé à celui de posséder l’autre, de la culpabilité qui le ronge à la haine qui l’emporte, de la compassion à la colère noire, de la violence des sentiments inexprimés aux vains désirs de vengeance, de la rédemption aux indicibles remords, l’inceste et la luxure, la peur d’aimer et ce manque d’amour dont il a souffert enfant et qui contient, en germe, toutes les souffrances à venir… Et si Adrian parait amoral et souvent monstrueux, il n’aspire au final, comme le Louis des Chroniques des Vampires d’Anne Rice, à retrouver son humanité perdue…

le Voleur d'Amour, planche de l'album © Glénat / Corboz / Malka
un dessin somptueux porté par un trait sensuel et élégant et des couleurs envoûtantes et fascinantes
Dans le sillage d’Adrian qui couche sa vie par écrit, le récit fait voyager le lecteur dans le temps et l’espace, du XVIIIe siècle au XXIe siècle, de Venise au Paris Révolutionnaire, de Constantinople à Séville et Gibraltar, du Serengeti à New-York… Le dessinateur compose des décors saisissants de beauté, nous offrant des scènes contemplatives tout juste somptueuse, éclairée chacune d’une lumière fascinante… Les étreintes d’Adrian sont tantôt sublimes et enivrantes, tantôt sanglantes et horrifiques, trahissant avec force les tourments d’Adrian, écartelé entre sa soif d’amour et son impossibilité d’aimer. On retrouve dans ce récit fantastique ce duel que se livrent Eros et Thanatos et qu’incarne si parfaitement le vampire et qui est sublimé par la nature même d’Adrian qui ne boit pas le sang de ses victimes et ne volent donc pas la vie mais s’approprie leur amour et leurs désirs… Incapable d’aimer à cause du péché originel de ses parents, il doit se contenter de voler l’amour de ses victimes…

Toute adaptation impose une relecture de l’œuvre originale et de douloureux choix narratifs qui vont de pair avec des coupes, souvent nécessaires. Yannick Corboz s’est approprié avec un indéniable talent l’œuvre de Richard Malka pour en faire une œuvre somptueuse et singulière dont le format généreux et l’édition classieuse permettent d’apprécier la virtuosité… Les dialogues sont rares mais les récitatifs tirés de la lettre qu’écrit Adrian à Anna s’avèrent envoutants, distillant au fil des pages ce sentiment de malaise diffus qui va en s’accroissant au fil des pages alors qu’Adrian a planifié son suicide, terrifié à l’idée de pouvoir faire du mal à l’amour de sa trop longue vie qui se consume d’amour pour lui, malgré le risque mortel qu’elle sait courir…

le Voleur d'Amour, planche de l'album © Glénat / Corboz / MalkaAprès avoir mis en image avec le talent que l’on sait les histoires des autres, Yannick Corboz devient auteur à part entière en signant le scénario singulier et le somptueux dessin de ce Voleur d’Amour, formidable et sublime adaptation du roman de Richard Malka…

Parce que ses parents ont commis un acte contre-nature et contre Dieu en lui donnant la vie, Adrian van Gott est maudit pour toute l’éternité. Incapable d’aimer, il possède le don de dérober l’amour et le désir de ses proies ce qui lui confère l’immortalité, des sens exacerbés et des capacité physiques surhumaines. Si chaque amour a sa propre saveur, Adrian retrouve chez Anna celle qu’avait Célia, la seule femme qu’il n’ait jamais aimé… Désirant la protéger de lui-même, Adrian décide, avant de la quitter, de lui révéler son histoire et sa véritable nature… avant de se donner la mort…

Porté par le trait élégant et sensuel de Yannick Corboz et ses somptueuses aquarelles qui distillent tour à tour malaise et émotions, ce Voleur d’Amour est un album sombre et lumineux où se mêlent et s’entremêlent Eros et Thanatos, dans la plus pure tradition vampirique, passant tour à tour de la sensualité enivrante à l’horreur sanglante… Les compositions du dessinateur de l’Assassin qu’elle mérite ou des Rivières du Passé font voyager le lecteur à travers le temps et l’espace dans le sillage d’un homme amoral en quête de rédemption. Album sombre et torturé mais néanmoins lumineux, ce Voleur d’Amour est un chef d’œuvre du neuvième art et l’ombre d’Adrian van Gott vous poursuivra encore, bien après sa lecture achevée…


Cette nuit-là j’ai connu l’amour et l’immortalité. J’ai su que je venais de me damner. Ma nouvelle vie pouvait débuter.Adrian van Gott

Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

Cette fiche est référencée comme inspi pour 1 jeux de rôle.

Vampire est un jeu de rôle dédié au Monde des Ténèbres, univers bâti par Whitewolf s’appuyant sur les romans d’Anne Rice et sa célèbre trilogie des Vampires et sur la littérature gothique.