Fiche descriptive Histoire 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta Tome 2 Xavier Dorison Thimothée Montaigne Clara Tessier Glénat 13 novembre 2024 35€
9782344058138 Chroniques |
Le Jakarta a fini sa sanglante traversée déchiqueté sur la barrière de récifs entourant les îles Abrolhos… Les naufragés ont trouvé refuge sur cet archipel isolé au large de l’Australie et la petite communauté s’organise pour survivre sous la houlette de l’implacable Jéronimus Cornélius… Officiant comme second à bord du Jakarta, il a survécu au naufrage et repris son emprise sur l’équipage. Sachant que la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales enverrait tôt ou tard un navire pour rechercher la précieuse cargaison, Cornélius et les mutins qui lui sont restés fidèles s’emploient à débarquer les survivants sur des îlots dénués de ressources. Ce faisant, il les promettant à une mort certaine et s’apprêtent à massacrer ceux qui ne lui seront d’aucune utilité pour s’emparer du vaisseau de secours qu’enverra la VOC sitôt la chaloupe du subrécargue Pelsaert arrivée à Java… Lucrétia Hans tente tant bien que mal de convaincre les rescapés de prendre les armes contre Jéronimus Cornélius et les mutins. Mais, par peur des représailles de la VOC, personne ne daigne vouloir la suivre… Connaissant le véritable visage de Jéronimus Cornélius et malgré les risques encourus, Lucrétia, s’obstine pourtant à refuser sa main tendue… un récit glaçant et oppressant inspiré de faits réels Signé Xavier Dorison et mis en image par l’incroyable Thimothée Montaigne, c’est peu dire que le premier opus de la série nous avait enthousiasmé, tant par la qualité de l’écriture et du dessin que pour le soin apporté à l’édition de l’ouvrage, avec son format généreux, son signet en tissu et cette couverture en simili cuir tout juste somptueuse… Autant d’éléments qui ne dépareillerait pas pour un tirage de luxe...Après un huis clos maritime oppressant, nous retrouvons les rescapés sur un îlot rocheux peu hospitalier où allait se jouer une tragédie sanglante orchestrée par le sinistre Jéronimus Cornélius… Exerçant une fascination dérangeante sur l’équipage et les passagers, ce personnage charismatique mais profondément malsain distille une ambiance oppressante sur la petite communauté. Tout instruit et séducteur qu’il soit, Cornélius est un pur psychopathe qui prend un malin plaisir à faire souffrir et à torturer psychologiquement ceux qui ont le malheur de tomber entre ses griffes, allant jusqu’à pervertir le pasteur qu’il oblige à tenir des propos clairement hérétiques… Loin de l’empêcher à mener à terme sa sinistre machination, l’amour qu’il porte à Lucrétia Hans prend une dimension des plus inquiétantes et prend des tournures glaçantes, voire répugnantes, tant il semble être capable de tout, octroyant des privilèges aux hommes qui lui sont fidèles et se débarrassant sans vergogne de ceux qui pourraient lui nuire… Rythmant ce second opus, leur confrontation s’avère captivante tant on sent, de par la folie de Jéronimus Cornélius, que tout peut basculer au moindre faux pas… L’ossature du récit s’inspire librement du tragique naufrage du Batavia et on retrouve dans l’album les étapes du sordide jeu de massacre orchestré par Cornelisz / Cornélius qui planifie avec méthode l’exécution des rescapés du naufrage. Si le récit implacable est conté de main de maître, l’épilogue nous montre à quel point la VOC fait peu cas du facteur humain au regard de ses sacrosaints profits, préfigurant aux dérives des grandes entreprises capitalistes modernes. un dessin virtuose rehaussé par une colorisation somptueuse Le thriller de Xavier Dorison est superbement mis en image par le trait réaliste et virtuose de Thimothée Montaigne… La composition de ses planches impressionne comme de coutume par ses cadrages aussi vertigineux que percutants alors que son travail sur l’expression et la physionomie des personnages contribue à distiller cet oppressant sentiment de malaise qui va crescendo au fil des pages… Son interprétation de Jéronimus Cornélius s’avère magistrale, l’artiste nous esquissant le portrait glaçant d’un homme indifférent au sort des autres et qui use de ses charmes et de son éloquence pour manipuler son entourage… Le dessin impeccable du dessinateur de Julius, prequel du Troisième Testament (tous deux scénarisés par un certain Xavier Dorison) est superbement mis en valeur par le formidable travail de colorisation Clara Tessier qui impressionne d’autant plus que c’est sa toute première incursion dans le neuvième art…S’inspirant du naufrage bien réel du Batavia, Xavier Dorison tisse un récit oppressant et glaçant qui nous raconte le destin tragique des survivants au naufrage d’un vaisseau de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales aux cales gorgées d’or… Le Jakarta s’est fracassé sur la barrière de récifs entourant les îles Abrolhos, au large de l’Australie. Ayant échappé au naufrage, Jéronimus Cornélius a repris son ascendant sur les rescapés, s’assurant la mainmise sur les armes et les vivres et donc son emprise sur la petite communauté… Sachant que la VOC armera un navire pour récupérer sa précieuse cargaison et conscient des ressources limitées dont ils disposent, Cornélius va planifier froidement la mort des rescapés pouvant lui nuire tout en tentant de ranger Lucrétia Hans à ses vues. Mais la jeune femme semble être la seule à voir clair dans son jeu, sans parvenir à convaincre d’autres rescapés à s’opposer au sinistre Cornélius… Les compositions virtuoses de Thimothée Montaigne sont sublimées par les couleurs subtiles et délicates de Clara Tessier qui fait une entrée fracassante dans le petit monde de la bande dessinée. Construit sur l’opposition entre Lucrétia Hans et Jéronimus Cornélius, le scénario de Xavier Dorison prend des allures de thriller dérangeant, sanglant et malsain, reprenant dans les grandes lignes le déroulé des péripéties auxquelles ont été confrontés les naufragés du Batavia… Superbement édité, 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta est un dytique aussi dérengeant que fascinant à ne manquer sous aucun prétexte… Mais à réserver à un public averti de par l’âpreté du propos et la folie furieuse d’un psychopathe qui fera date… - Je comprends vos sentiments… Oui, chacun peut être victime d’un moment de faiblesse. Mais la loi et l’autorité de la VOC sont les seuls garants de notre survie à tous… Mon cœur… aurait aimé vous gracier… Mais seul mon devoir envers le VOC commande… Jéronimus Cornélius
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