Bucarest, de nos jours. Placardisé depuis des mois, l’inspecteur Marian Ferentari est appelée sur une scène de crime particulièrement sordide : un riche avocat a été retrouvé mort, chez lui, énucléé… Le meurtre a été commis devant ses deux enfants qui ont été pris en charge par l’hôpital Grigore Alexandrescu en état de stress aigu pour soigner leur violent traumatisme émotionnel… Sur l’ordinateur de la victime sont retrouvés des milliers de vidéos et photos pornographiques de femmes de tout âge…

Quelques jours plus tard, un jeune entrepreneur de la mafia est retrouvé empalé sur un chantier qu’il dirigeait avant le corps d’chauffeur de taxi, sauvagement mutilé et énucléé lui aussi… Ferentari est persuadé d’avoir affaire à un tueur en série sans qu’il puisse établir un lien entre les différentes victimes… Ne lui accordant aucune confiance, son supérieur, le commissaire Baratky ne prête pas foi à ses hypothèses mais n’en exige pas moins des résultats rapides…

Dans une ville gangrénée par la mafia, la corruption et la pauvreté, l’inspecteur va mener sa barque comme il l’entend, bien décidé à mettre fin aux sombres agissements du tueur…

Si vous envisagiez de passer quelques jours de vacances à Bucarest, passez votre chemin… Sector 5 a tout de l’anti-guide touristique tant il nous dépeint une société qui compte de plus en plus d’habitants vivant dans la grande pauvreté et une élite peu scrupuleuse qui concentre toutes les richesses… La violence semble quotidienne dans ce « secteur 5 » d’où l’espoir semble avoir été banni par la pollution dont personne ne se soucie, le bruit omniprésent, les embouteillages et la violence qui corrompt tout…

Etouffante, voire carrément suffocante, l’ambiance distillé par le scénario nerveux et solidement charpenté de Christophe Bec n’est pas sans évoquer des thrillers policiers tels que le Seven de David Fincher ou le Memento de Christopher Nolan… Glauque, violent et dérangeant à souhait, l’enquête nous entraîne dans les bas-fonds de l’âme humaine où se tapissent les monstres créés par nos sociétés occidentales et qui ne demande qu’à surgir pour exprimer leur bestialité… Le scénariste de Cartago, Prométhée ou de Pandemonium nous entraîne dans l’univers de camgirl qu’il dépeint sans fards avec force détails, pointant tant la détresse des femmes n’ayant plus que cette extrémité pour vivre que la perversité malsaine et dérangeante des utilisateurs qui vont être la cible d’un tueur particulièrement inquiétant…

Le découpage de l’album est nerveux à souhait, nous montrant en parallèle les agissements du tueur et ceux de l’inspecteur chargé de le traquer… L’un et l’autre nous entraîne dans les méandres tortueux de la psyché humaine pour en remuer la boue et s’y enfoncer, inexorablement. Chacun des personnages participent à la noirceur du récit, de l’inspecteur et de ses états d’âmes aux victimes, des mafieux qui s’engraissent sur la misère du peuple passant par le tueur, glaçant et totalement dérangé, et qui s’avère d’autant plus traumatisant qu’il n’est que le fruit d’une société en pleine déliquescence. Les amateurs du JdR Cops trouveront dans cet album matière à tisser un scénario particulièrement sombre…

Dessinateur d’origine roumaine résidant à Bucarest, Christi Pacurariu était tout désigné pour mettre en image ce scénario oppressant de Christophe Bec. La noirceur de son trait, la part faite aux ombres qui semblent absorber la lumière et l’espoir même d’une vie ordinaire est sublimée par la mise en couleur glaçante d’Alex Guimarães qui vient appuyer l’atmosphère ténébreuse et dérangeante de l’ensemble. La crudité de certaines séquences conjuguée à une mise en scène flippante de la violence et des scènes de sexe d’une crudité rare happent et révulsent tout à la fois le lecteur de ce polar suffoquant…

Christphe Bec nous entraîne dans le Secteur 5 de Budapest pour un thriller policier malsain et suffoquant…

Placardisé depuis trop longtemps, l’inspecteur Marian Ferentari va enquêter sur les morts atroces de plusieurs hommes amateurs de sexe et de camgirls qui ensanglantent Bucarest… Persuadé d’être face à un tueur en série à l’esprit particulièrement dérangé, il va travailler sur cette sordide affaire malgré les menaces de son supérieur hiérarchique qui le méprise ouvertement…

Solidement charpenté, le scénario de l’auteur de Pandemonium ou de Prométhée est puissamment mis en image par le trait sombre et acéré de Christi Pacurariu, dessinateur roumain vivant à Bucarest… La crudité de ses compositions renforce l’atmosphère oppressante distillé par le récit implacable et dérangeant de Christophe Bec… Remarquablement bien écrit, le personnage de Marian Ferentari gagnerait à revenir pour de nouvelles enquêtes explorant une fois encore les bas-fonds de Budapest et de l’âme humaine… S’il ravira les amateurs de polars horrifiques à la Seven, Sector 5 est bien évidemment à réserver à un public (très) averti…

Tout est biaisé, vérolé, rongé jusqu’à la moelle ! Et bon Dieu… J’xagère rien.Marian Ferentari