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L’Enfer
L’Enfer



Fiche descriptive

Roman Graphique

Nicolas Badout (d'après le scénario du film d'Henri-Georges Clouzot )

Nicolas Badout

Nicolas Badout

Sarbacane

5 mars 2025


26€

9791040804451

Chronique

1962, Marcel et Odette, heureux jeunes mariés, prennent la gérance d’un hôtel situé dans le Cantal, au pied du viaduc de Garabit qui surplombe en majesté le lac de Grandval. Ils sont amoureux, débordants d’envies, de vie et d’espoir : l’avenir leur appartient !

Dans ce cadre naturel exceptionnel, les mois et les années passent, l’hôtel a désormais ses habitués, la vie s’écoule doucement entre farniente, apéros, parties de cartes et ski nautique sur le lac…

Tout va pour le mieux, si ce n’est que Marcel ne supporte plus le fracas infernal du train qui, plusieurs fois par jour, emprunte le viaduc : blablam, blablam… Marcel dort mal, puis ne dort plus. Le manque de sommeil lui procure des hallucinations puissantes, il entend une voix insistante, qui lui répète qu’il devrait mieux surveiller la jolie et avenante Odette, qu’elle lui ment effrontément, qu’elle le trompe sans vergogne, là, sous ses yeux. Ne voit-il donc rien ?! Oui, il en est sûr désormais, elle le trompe. Mais avec qui ? Et où ? Et quand et comment ?…
un excellent album!


Glaçant et oppressant
L'Enfer, planche de l'album © Sarbacane / Badout / Clouzot1962. Jeunes mariés, Marcel et Odette avaient tout pour être heureux. Gérants d’un hôtel situé au pied du viaduc de Gabarit surplombant le lac de Grandval et amoureux comme au premier jour, l’avenir semblait leur appartenir…

Mais Marcel ne supporte plus de bruit obsédant du train qui franchit le viaduc plusieurs fois par jour. Il dort peu et mal et est peu à peu hanté par des hallucinations et une voie aussi insistant qu’obsédante qui lui adjoint de mieux surveiller sa si jolie femme… Le doute s’insinue peu à peu dans son esprit…

Au fil des jours dont chacun est un calvaire, il est persuadé que sa femme lui ment effrontément et le trompe… Une jalousie maladive s’empare de lui… Il va la suivre, la questionner de façon de plus en plus insistante tout en tentant de se persuader qu’il se trompe. Peu à peu, sa raison vacille, gangrené par la jalousie… Sa vie et celle de son épouse deviennent un véritable enfer…


S’appuyant sur le scénario original de Henri-Goerges Clusot, sur les séquences de son film inachevé et sur ce qui a été tourné et écrit sur cette œuvre désormais mythique, Nicolas Badout signe un album déroutant et fascinant…
L'Enfer, planche de l'album © Sarbacane / Badout / Clouzot
Lorsqu’il démarra le tournage de l’Enfer en 1964, Clouzot bénéficiait d’un budget illimité et pouvait s’appuyer sur des acteurs talentueux : Romy Schneider et Serge Reggiani… Mais, malgré ses 13 heures de rushs et ses expérimentation graphiques hallucinantes et hallucinées, le film restera inachevé… Trente ans après, Claude Chabrol réalisa une adaptation du scénario de Clouzot… Mais le regret de ne pouvoir visionner le film tel que l’avait imaginé le réalisateur originel n’en reste pas moins grand, ne serait-ce que pour voir comment le réalisateur allait intégrer les hallucinations de Marcel, dont celles où l’on voyait Romy Schneider nimbée de couleur psychédéliques et d’ombres hallucinées et hypnotiques…

les mortels et implacables rouages de la jalousie
L'Enfer, planche de l'album © Sarbacane / Badout / ClouzotS’il surprend, l’univers graphique singulier de l’auteur retranscrit pourtant fidèlement l’atmosphère oppressante de l’histoire, avec ce saisissant travail sur les contrastes et ces frontières entre réalité et hallucinations qui se brouillent et s’estompent tandis que Marcel s’enferme peu à peu dans la folie, rongé par une jalousie maladive qui frôle la névrose. L’artiste a fort intelligemment choisit de donner à Marcel et Odette l’apparence de Serge Reggiani et Romy Schneider, comme pour renforcer les liens entre son album et le film tel qu’il aurait pu être si le tournage lui-même n’était pas devenu un enfer. Du lac qui devait être asséché en cours de tournage et qui rendrait impossibles les raccords, obligeant le cinéaste à gérer de concert trois équipes techniques pour tourner les plans nécessaires à l’histoire au maquillage des acteurs pour permettre un traitement de l’image nécessaire aux séquences hallucinées jusqu’au perfectionnisme du cinéaste qui causèrent la dépression de l’acteur principal puis l’infarctus de Clouzot, harassé par ce tournage qu’on affublera du qualificatif de « maudit »…

Le dessin Nicolas Badout donne vie à ce couple à la dérive, emporté par le torrent de la jalousie… Le noir et blanc était nécessaire pour contraster avec les fameuses séquences où Marcel croit voir les mensonges de son épouse au cours de ces visions fantasmatiques alimentée par son manque de sommeil et sa jalousie exacerbée… L’ensemble fonctionne à merveille et dépeint avec art ce sentiment malsain qui n’a plus rien à voir avec l’amour… Les monologues obsédants et répétitifs accentuent le malaise et ce sentiment terriblement oppressant qui gagne en amplitude au fil des crises pour nous conduire à un final tragiquement implacable…

L'Enfer, planche de l'album © Sarbacane / Badout / ClouzotEn 1964, Henri-Georges Clouzot amorçait le tournage de l’Enfer où Romy Schneider et Serge Reggiani devaient tenir les rôles principaux. Après un tournage calamiteux que certains qualifièrent de « maudit » et près de 13 heures de rushs, une dépression et une crise cardiaque, le cinéaste a préféré jeter l’éponge… Après un long travail de recherche, des heures de visionnages et de lectures, Nicolas Badout s’empare du scénario originel pour un signer une saisissante adaptation…

Gérants d’un hôtel bien achalandé situé au pied de viaduc de Gabarit, Marcel et Odette auraient pu être heureux si la jalousie maladive frôlant la névrose ne s’était pas emparée de Marcel… Obsédé par le bruit des trains franchissant le viaduc et dormant peu et mal, ce dernier est hanté par des hallucinations et une petite voie intérieur qui prend un malin à le tourmenter… Pour lui, le doute n’est plus permis : sa si ravissante femme le trompe, devant ses yeux et il soupçonne tout le monde, connaissance, clients ou personnel, d’être son amant… Sa vie et celle de son épouse devient rapidement un enfer…

Pour son premier album, Nicolas Badout fait montre d’un saisissant talent. Adoptant un style singulier mais fort pertinent, il prête au couple les traits de Serge Reggiani et de Romy Schneider. Tout en contraste, ses noirs et blancs distillent cette ambiance oppressante qui aurait dû baigner le film alors que le mari glisse inexorablement vers la folie. Lorsque la jalousie s’empare de Marcel, la couleur vient donner des teintes irréelles à ses hallucination, comme souhaitait le faire Clouzot par un travail saisissant sur la couleur, dont cette scène désormais mythique de Romy Schneider fumant une cigarette avec ces ombres dansantes qui estompaient les frontières entre hallucinations fantasmées et réalité… Cet Enfer est une indéniable réussite qui apaisera les regrets des cinéphiles de n’avoir jamais pu voir ce chef d’œuvre annoncé et hélas avorté de Henri-Georges Clouzot…


- Mais… Fais voir un peu, toi… Mais oui, c’est ça, tu es jaloux.
- Jaloux ?!
- Je ne te le reproche pas… Ça prouve que tu tiens à ta petite femme ! Allez, rejoins-moi sous la douche. dialogue entre Odette et Marcel

Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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