Fiche descriptive Heroic-Fantasy La Complainte des landes perdues, cycle des chevaliers du pardon Tome 1 Jean Dufaux Philippe Delaby Jérémy Petiqueux Dargaud 11 Novembre 2004 25€
9782871296836 Chroniques |
Avec « Moriganes », je fais un pari. Le pari que ce nouveau cycle de la Complainte des Landes Perdues, intitulé Cycle des Chevaliers du Pardon, sera un chef d’œuvre ; car comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on s’abîme dans cette atmosphère entre mythes et légendes, puisant son inspiration dans le corpus mythologique celtique antique et servi par deux maîtres de la bande-dessinée. « Moriganes » nous emmène à travers les brumes du temps, à rebours par rapport à la saga des Sudenne, à l’époque où la confrérie des chevaliers tentait de repousser les derniers assauts des sorcières sur l’Eruin Dulea. On y retrouve Seamus, alors tout jeune apprenti chevalier sous l’égide de Sill Valt, qui tâche de prouver sa valeur et sa foi. Il y est confronté aux signes avant-coureurs de sa destinée glorieuse mais tourmentée… Poétique et barbare à la fois, « Moriganes » est une porte ouverte sur un monde en transition, où la civilisation des Hommes tente de faire refluer un hypothétique autre monde assimilable, il me semble, à Féerie. Seule la conviction en un dieu de pardon peut sauver les vivants des incursions des forces occultes de l’Univers ; et les chevaliers en sont le bras armé. Le parcours des chevaliers est épique, depuis l’oracle sibyllin révélé à Seamus jusqu’à la confrontation avec l’ennemie. Si la chute apparaîtra sans doute plus évidente au lecteur qu’aux protagonistes de l’histoire, il n’en demeure pas moins que l’horreur est au rendez-vous ; et qu’elle promet beaucoup. En effet, si l’on voit aboutir l’autre projet de Jean Dufaux sur un cycle antérieur consacré aux Sorcières, vous pouvez trembler… Au dessin, l’immense Rosinski (« Thorgal ») a laissé la place à Philippe Delaby, déjà artisan de la série historique « Murena » aux côtés de Dufaux. Je trouve que son trait est encore plus en osmose avec Les Landes Perdues que celui de son prédécesseur, pourtant incontestable de richesse et de réalisme. Doux et stylisé, il illustre à merveille ce monde brumeux à la jonction entre l’ancien monde et le nouveau, entre les croyances d’autrefois et l’hégémonie du dieu unique, entre la nostalgie d’un monde qui se meurt et les promesses d’un monde meilleur. La mise en couleur directe, douce et patinée, rehausse encore plus le romantisme de l'oeuvre. Ensorcellant... Ce conte d’autrefois aurait pu être un « one-shot », mais le destin d’un certain Seamus nous incline plutôt à penser que son épopée ne fait que commencer et que le cycle trouvera le peu d’identité et de cohérence qui lui manque au fur et à mesure des épisodes… Véritablement envoûtant, le Cycle des Chevaliers du Pardon vous entraîne à la rencontre de démons et de merveilles, et le voyage risque d’être aussi splendide qu’inquiétant…
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