« 28 jours plus tard » a été pour moi une claque cinématographique, littéralement.

Passé assez inaperçu lors de sa sortie en salles, je suis tombé dessus un peu par hasard, et la surprise n’en fut que plus grande…

Film d’anticipation sans concessions, « 28 jours plus tard » nous propose de constater l’impact d’une contamination virale sur une population insulaire (la Grande-Bretagne) par une souche mutante de la rage, 28 jours après sa libération. Autant vous dire que ce n’est pas beau à voir…

L’on y suit les pérégrinations d’une petite bande de survivants dont une partie croit encore au miracle d’un hypothétique sauvetage… Pour parvenir à s’échapper de cet enfer, ils devront néanmoins d’abord le traverser, en évitant la mort et, peut-être pire encore, la contamination…

Les scènes alternent entre le réalisme cru des impératifs de la survie et les pauses quasi-bucoliques que ne manquent pas de faire les personnages dans ce monde abandonné et dévasté, ou les grandes surfaces sont enfin en libre-service
On comprend bien pourquoi ces survivants en sursis parviennent à se ménager des instants de rire et d’émotion, et l’on peut les en remercier et souffler, avant de retomber avec eux dans le cauchemar.

Cillian Murphy, un jeune acteur que vous avez peut-être déjà entraperçu ("La jeune fille à la perle") est tout à fait brillant en simple coursier forcé de se battre tout en tâchant de préserver son humanité. Les autres personnages sont tout aussi intéressants et attachants, et notamment Naomie Harris. Elle campe l’archétype de la survivante, obligée de refouler toute sa sensibilité pour ne pas risquer de crever au coin de la prochaine rue.

Dans ce film, la tension est presque palpable, le danger est à chaque pas, et rien n’est fait pour vous préparer à la violence de certaines scènes, qui vous scotcheront au fond de votre canapé ... Le tout est doublé d’une petite réflexion sur la bestialité de l’homme et sur la relativité de son humanité : a t-on vraiment besoin d'une raison pour être enragés?

Nous avons donc là un grand film, qui ne choisit pas vraiment entre l’épouvante et l’anticipation, et les réconcilie plutôt très bien. La réalisation y confine à un réalisme éprouvant, afin de servir au mieux le sujet. Accrochez-vous.

Imaginez que vous vous réveillez sur un lit d’hôpital, après un coma d'un mois, sans infirmière pour s'occuper de vous. Vous vous levez, faites un tour, tout est désaffecté, cassé, comme si tout le monde était parti après une émeute. Vous sortez de l’hôpital et là vous découvrez votre ville déserte. Sauf que la ville en question est une des plus grandes villes du monde et qu'il s'agit de Londres. Et quand par bonheur vous rencontrez enfin âme qui vive, c'est un pasteur fou, avide votre chair, qui se jette sur vous. La faute à un virus d'un nouveau genre, qui a touché une partie de la population, qui comme touché par la rage, a décidé de s'attaquer à tout ce qui bouge.

Vous auriez surement préférés rester dans le coma. Heureusement pour vous, c'est grosso modo le point de départ de ce film, et ce film, vous avez eu la bonne idée de vous le procurez. Danny Boyle filme avec brio les déambulations de Jim (le très bon Cilian Muprhy alors débutant) à travers l'Angleterre, à la recherche d'une échappatoire à ces "zombies" d'un genre nouveau. Zombie, le mot est lâché. On a en effet affaire à des "créatures" assoiffées de sang humain et qui attaquent les humains pour survivre, tout en les contaminant. Sauf que là nos "créatures" ne reviennent pas d'entre les morts et restent mortelles si elles ne trouvent pas de quoi se nourrir. Elles sont aussi beaucoup plus rapides, agressives, que le zombie traditionnel, à la démarche lente et qui pousse des cris plaintifs. 28 jours plus tard aura ainsi préfiguré le revival zombie à venir, tout d'abord avec "L'armée des morts" de Zack Snyder, remake d'un classique de George Romero, qui troquera le zombie lent pour des zombies agressifs et rapides. Puis c'est George Romero lui même qui se remettra à tourner des films.
Enfin et plus récemment, les comics et la série "the Walking Dead", qui peut être en clin d'oeil, reprend le gimmick du héros se réveillant à l’hôpital après un accident et se trouve confronté à une invasion zombie.

Julien Mondain