Le Décalogue devait tenir, comme son nom l’indique, en dix volumes. Il le fait plus ou moins, puisque le 11ème est une sorte d’épilogue qui éclaircit les points obscurs inévitables dans une œuvre de qualité d’une telle ampleur.
Le principe choisi par le scénariste Frank Giroud est de faire illustrer chacun de ses volumes par un dessinateur différent, et ça marche pas mal. Le fond reste donc, quant à lui, cohérent ; et adopte un angle d’approche réellement intéressant. En effet, pour une fois, le héros n’est pas un Homme mais un objet, et plus précisément un livre : « Nahik ». Cette pirouette scénaristique permet de traverser les lieux et les époques pour y suivre son parcours dramatique et sanglant.
Je trouve que le cycle démarre lentement, peut-être juste parce que les époques et les aventures contées ne sont pas mes préférées, mais à partir des 6ème/7ème tomes, il prend une belle ampleur. Le secret qui entoure « Nahik » s’éclaircit peu à peu, et pourrait bouleverser tout un pan de l’humanité. Cela dit, la douloureuse actualité de notre quotidien complique un peu l’analyse de l’idée de l’auteur. A vous de voir…
La plupart des dessinateurs ont un trait bien typé, et confèrent à chaque ouvrage une identité particulière et cohérente avec l’intrigue. D’ailleurs, il faut tirer son chapeau à Giroud, car il parvient à nous tenir en haleine tout au long de son cycle. Il ne commet pas l’erreur de se borner à son fil conducteur (Nahik) et sait le cantonner parfois à l’arrière plan pour raconter de vraies histoires et des drames très humains.
On en profite pour traverser des périodes très noires ou très « glorieuses » de l’Histoire, et c’est tout à fait plaisant.
En bref, voilà une œuvre qui fera date dans le monde la BD, bien menée et à l’identité visuelle paradoxalement forte. Et d’ailleurs, même les couvertures sont superbes
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Issue d’une collaboration multiple à l’image de la richesse de son (ses) intrigue, « Le Décalogue » est une aventure hors du commun.