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Le Village
Le Village



Fiche descriptive

Thriller

M. Night Shyamalan

Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Adrien Brody

18 Août 2004

1h 48min

Chronique

Une petite communauté isolée vit dans la terrifiante certitude qu'une race de créatures mythiques peuple les bois entourant le village. Cette force maléfique est si menaçante que personne n'ose s'aventurer au-delà des dernières maisons, et encore moins pénétrer dans les bois... Le jeune Lucius Hunt, un garçon entêté, est cependant bien décidé à aller voir ce qui se cache par-delà des limites du village, et son audace menace de changer à jamais l'avenir de tous...
un chef d'oeuvre!


Inquiétante fable moderne...
Fable philosophique et moderne plus que toute autre chose, le 4ème film de M. Night Shyamalan renoue avec le « 6ème sens » cinématographique dont le réalisateur avait fait preuve avec son film homonyme…

L’histoire nous renvoie apparemment quelque part dans un 19ème siècle finissant, où une communauté villageoise se tient isolée de la civilisation urbaine, frénétique et dangereuse, au-delà d’une insondable forêt...

A la lisière de ce village, dans les bois de Covington, l’on entend parfois s’élever les plaintes lugubres et profondes de ceux-dont-on-ne-parle-pas, avec lesquels les anciens du village maintiennent un pacte de respect des frontières et de non-agression.

L’isolationnisme qui en découle est l’élément clé du film, et ouvre les serrures de cette véritable boîte à mystères (à double fond) qu’est l’énigme du Village.

On ne pourra s’empêcher de voir dans ce lieu de perdition et d’obscurantisme quasi-puritain, une métaphore à peine voilée des Etats-Unis, jusqu’à la reconstitution du mythe fondateur des colons que sont les anciens du village. Satyre inquiétante d’un monde replié sur lui-même, ou les enfants n’ont plus vraiment le choix de leurs choix, « Le Village » est donc un huis-clos angoissant et fantastique aux consonances particulièrement douloureuses pour nos consciences et, surtout, celles de nos amis-requins…
Serait-ce que la genèse d’une nation coloniale porte en lui les germes du traumatisme de ce colonialisme ? Nous voilà renvoyés aux sources mêmes de la colonisation américaine… Que fuyaient ces gens pour qu’encore aujourd’hui leur isolationnisme soit si grand ? Pauvreté, oppression, répression, souvenirs funestes,…?

La redoutable simplicité de la mise en scène, l’usage de lumière et de décors naturels et le travail sur les couleurs, rendent ce film particulièrement réussi esthétiquement.

Plus encore, la pléiade de talents réunis, de Sigourney Weaver (« Alien ») à Joaquin Phoenix (« Gladiator », récemment), sert admirablement le film. On ne peut que s’incliner devant la justesse et la fraîcheur de Bryce Dallas Howard (la fille de maître Ron) qui joue une sorte de borgne au pays des aveugles. Adrien Brody, dans un rôle de composition à la mesure de son talent, nous offre un personnage tourmenté qui fait écho à la folie latente de ce lieu ouaté de non-dits.
Le chef spirituel du village, joué par la figure paternelle charismatique de William Hurt, est lui-même un personnage ambivalent, égoïste et qui emploie les valeurs et la rhétorique pour imposer ses vues intéressées et maintenir cloisonné ce petit monde. On finit par se demander si Mr Walker n’est pas perdu dans un fantasme de toute-puisance dont Le Village est le symptôme… Personnage emblématique du pouvoir américain ?

Pour moi, « Le Village » est un chef d’œuvre.
D’abord par la qualité de la réalisation, qui ne surprend certes plus beaucoup après 4 films, mais qui a le mérite d’avoir, par son succès, délié les mains de Shyamalan sur le choix de ses sujets.
Ensuite par sa terrible actualité, en tant que réplique miniature d’un pan de l’humanité qui fait de jolis efforts pour en ignorer le reste…
Enfin par sa valeur de réflexion historique sur les sources du colonialisme et ses implications dans le temps…
Et puis, tout simplement, parce qu’avec cette petite touche fantastico-horrifique, ça fout admirablement bien la trouille smiley !
Keenethic



Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.