Soyons honnêtes, on ne pouvait rêver mieux que le casting dont bénéficia Richard Donner (« Les Goonies » !, « L’Arme fatale », « Prisonniers du Temps » plus récemment) pour réaliser ce film situé quelque part entre le conte de fées et l’historisant. Nominé aux oscars des meilleurs effets spéciaux, meilleur son, meilleurs effets sonores et meilleur montage en 1986, « Ladyhawke » fut tout simplement le meilleur film fantastique (ou plutôt d’heroic-fantasy) cette année là, sauf lacune de ma part. Richard Donner, connu surtout pour ses deux flics blanc-black, semble avoir un goût particulier pour le genre médiéval-fantastique, puisqu’il a depuis renouvelé la tentative avec « Prisonnier du Temps », avec il est vrai un peu moins de réussite.
Donc, on retrouve dans « Ladyhawke » Rutger Hauer et Michelle Pfeiffer en amants séparés par l’aube et le crépuscule, et dont l’histoire nous est en quelque sorte contée à travers les yeux du jeune Philippe/Matthew Broderick. Etienne de Navarre (Hauer) est majestueux sur son imposant et sombre frison, en chevalier tourmenté. Isabeau (Pfeiffer), quant à elle, est simplement d’une sombre et sublime beauté, comme à son habitude dans ses meilleurs rôles…
Déjà, donc, le film vaut pour la présence de ses interprètes. Mais surtout, c’est l’ambiance claire-obscure qui envoûte le spectateur, qui cherche à comprendre le mystérieux secret de ce couple qui ne se croise jamais et dont Philippe devient le lien par-delà la malédiction de l’évêque. Le ressort dramatique nous offre un exercice de style tout en douceur en tissant une superbe variation romantico-fantastique. Le film fut tourné en Italie, et la beauté du vieux continent y transparaît tout le long, notamment lors de ces séquences nocturnes et forestières…
La musique d’Andrew Powell est…surprenante, puisqu’elle alterne entre des morceaux inquiétants, mystiques…et « électro-rocks » (ou quelque chose comme ça) ! Inégale et parfois décalée, elle apparaît comme un choix artistique contestable et comme l’un des seuls défauts du film. Elle me rappelle d’ailleurs la BO du « Dune » de David Lynch, qui, elle, avait le mérite d’être une merveille de musicalité en symbiose avec l’univers d’Herbert, même si la réussite partielle du film la fit vite oublier. Mais donc, les morceaux musicaux de « Ladyhawke » oscillent entre le kitsch risible et une sombre justesse, qui retranscrit parfois fort bien la mélancolie qui émane de l’œuvre. Je pense que la partition doit être le reflet d’une courte période où l’on s’essaya dans la musique de film au mélange des genres, avec plus ou moins de bonheur pour nos oreilles contemporaines.
Le film, au charme désormais légèrement suranné, est au final une œuvre poétique et crépusculaire, où le romantisme tient une place prépondérante. Mais « Ladyhawke » est aussi le reflet, en même temps que le dernier fleuron, d’une époque qui fût l’age d’or cinématographique de l’Heroic-Fantasy (« Conan », « Excalibur », « Legend »,…) ; que l’on retrouve avec plaisir, et dont on attend la renaissance avec impatience…