La création des Space Cowboys est sans nuls doutes l’un des évènements ludiques les plus jubilatoires de ces dernières années. Pensez donc! Une nouvelle boîte de jeux co-fondés par Marc Nunes, Philippe Mouret et Croc (les piliers d’Asmodée), Cyril Demaegd (fondateur d’Ystari) et Sébastien Pauchon (fondateur de Gameswork). Leur mot d’ordre : faire plaisir en se faisant plaisir! Alléchant n’est-ce pas? Aussi est-ce peut dire que le premier jeu édité les Space Cowboys, jeune société d’édition composées de « vieux » briscards, était des plus attendus… Et nous ne sommes pas déçu, bien au contraire!
Règles et matériel
Dotée d’une somptueuse illustration, la boîte ne manque pas d’attirer l’œil du chaland… Une fois la boîte ouverte, on constate que le ramage est à la hauteur du plumage!
Contenu de la boîte
40 jetons (7 jetons émeraude, saphir, rubis, diamants, onyx et 5 jetons or)
90 cartes développement (40 de niveau 1, 30 de niveau 2 et 20 de niveau )
10 tuiles nobles
Dit comme ça, cela n’a rien de jubilatoire… Mais d’une part les cartes et les tuiles sont superbement illustrées par le talentueux Pascal Quidault façon tableau de la renaissance et ensuite, il y a les jetons au poids similaire à des jetons de poker (de qualité!)… Leur manipulation apporte un réel plaisir quasi fétichiste au joueur invétéré…
Côté règles, elles sont courtes (quatre pages dont une reprenant l’illustration (superbe, au risque de me répéter) de couverture… Claires, concises, elles ne souffrent d’aucun défaut.
Bref, Splendor apparait comme un jeu aux règles fluides et au matériel irréprochable pour ne pas dire tout simplement jubilatoire. Ajoutons à cela une boite thermoformée irréprochable permettant de ranger efficacement tous les éléments du jeu et vous obtenez un sans-faute…
Déroulement d’une partie
Mise en place
Le jeu se met en place en une poignée de secondes :
On mélange séparément les tuiles nobles et les trois piles de cartes développement
On retourne autant de tuile noble que de joueur + 1 qu’on place en ligne
Les piles développement sont disposées en colonne et 4 cartes de chaque pile sont révélées.
Les jetons sont disposés en piles distinctes.
Voilà, c’est tout… A quelques ajustement près fonction du nombre de joueurs (à deux joueurs, on n’utilise que 4 jetons de chaque pierre précieuse, 5 à trois joueurs)…
Déroulement
A son tour de jeu, le joueur doit effectuer
une des quatre actions suivantes :
1Prendre 3 jetons pierre précieuse de couleur différentes
2Prendre 2 jetons de la même couleur (à condition qu’il y en ait au moins 4 de ladite couleur au moment du choix de l’action)
3Réserver une carte (i.e. prendre une carte visible ou située au sommet d’une pioche dans sa main, avec une main d’au maximum 3 cartes) et prendre 1 jeton or qui servira de Joker, remplaçant n’importe quelle gemme.
4Acheter 1 carte face visible ou de sa main. Le coût de la carte est payé en jeton ou à l’aide des bonus présents sur chaque carte développement précédemment achetée.
Un joueur ne peut avoir plus de 10 jetons (or compris) en main. Si tel était le cas, il doit se défausser des jetons excédentaires.
Une carte développement réservée ou achetée parmi celle visibles est immédiatement remplacée par une carte de même niveau (sauf épuisement de la pile)
A la fin de son tour, le joueur vérifie s’il reçoit la visite d’un noble. Pour se faire, il faut qu’il possède le nombre de bonus représentés sur la tuile noble. S’il peut attirer plusieurs nobles, il choisit celui qui lui sied le mieux.
Fin de partie
La partie s’achève lorsqu’un joueur totalise 15 points de Prestige ou plus. On finit alors le tour et le joueur totalisant le plus de Prestige est déclaré vainqueur. En cas d’égalité, celui ayant acheté le moins de carte remporte la partie.
l’Avis de la Rédaction
Splendor s’avère être un jeu
particulièrement fluide. Avec des
règles claires, bien écrites, impeccablement maquettées et rapidement expliquées, on peut rapidement entrer dans le vif du sujet… Et dès les premières manches les
subtilités de la mécanique épurée et concoctée par Marc André (auteur de
Bonbons, une variante particulièrement esthétique, ingénieuse et dynamique du mémory) s’avèrent particulièrement
raffinées.
La limite de trois cartes dans sa main introduit de façon simple et efficace un
soupçon de gestion, le choix des jetons
une once d’opportunisme et une dose de planification, les bonus associés à chaque carte du chaînage light mais savoureux alors que les tuiles nobles induisent des objectifs particulièrement rentables. Sous des
règles simplissimes se cache donc un jeu
particulièrement vicieux aux
choix cornéliens possédant une interaction (et donc une capacité de pourrissage, grâce notamment à la possibilité de réserver une carte) qui ravira les vieux routards…
Le
tempo du jeu est particulièrement appréciable. On démarre doucement, pour se développer suffisamment avant la grande course effrénée et frénétique caractéristique de la fin de partie…
Splendor est sans doute
promis à un bien bel avenir par ce qu’il peut être joué dans deux optiques totalement différentes : l’une familial, comme un jeu léger et rapide, l’autre comme un jeu calculatoire particulièrement subtil qui devrait séduire plus d’un joueur invétéré…
Certains esprits chagrins pourront regretter l’absence d’une thématique forte pour un jeu finalement très abstrait mais l’habillage du jeu est si élégant qu’au final cette absence de thème passe largement à l’arrière-plan, s’effaçant devant le plaisir ludique procuré par ce splendide
Splendor.
Côté critique, on pourra regretter que le coût de certaines cartes soient illisibles pour un daltonien, privant 8% des hommes de la possibilité de jouer à ce jeu… Le dessin de la gemme en lieu et place du rond de couleur (ou une trame différente dans ce dernier, reprise par exemple sur les jetons) aurait pu suffire à pallier à ce problème…
Note : Editeur réactif s’il en est, les Spaces Cowboys proposent une nouvelle édition du jeu avec le logo des gemmes à côté des cercles de couleur du coût des cartes, rendant le jeu daltonien-friendly…
Pour un coup d’essai,
Splendor est un coup de maître… un jeu splendide aux règles fluides qui masquent un jeu riche à la mécanique parfaitement huilée…
On aime...
Les règles fluides et épurées
La subtilité des mécanismes
La qualité du matériel et des illustrations
Les jetons façon poker
On n'aime pas...
le coût de certaines cartes illisible pour les daltoniens
pour pinailler, l’absence d’une thématique forte, mais franchement, on s’en tamponne le coquillard…