Après l’époustouflant Succombe qui doit Ozanam revient avec un polar épatant porté par un scénario parfaitement maîtrisé et un dessin âpre et rugueux parfaitement adapté au récit.

Etat du Nevada, de nos jours. Passionné de pêche, Ethan Karoshi est un flic besogneux dont le travail est salué par tous. Pour coller à l’image renvoyée par les héros de polars, il a une maîtresse torride et séduisante bien qu’il aime toujours sa femme, fils du shérif, son supérieur et sœur de son meilleur ami… Mais un grain de sable va gripper la mécanique de sa petite vie bien réglée : sa maîtresse est retrouvée, sauvagement assassinée… Autour de lui, les cadavres vont tomber et tout laisse à penser qu’il est le coupable désigné de ces meurtres sordides… Le piège se referme peu à peu sur Ethan et sa vie par en lambeau sans qu’il ne puisse rien y faire… Il a beau se débattre comme un beau diable, il est ferré et s’épuise inextricablement… Il perçoit l’issue fatale de ce combat perdu d’avance mais un doute subsiste : qui le hait suffisamment pour avoir échafaudé ce piège machiavélique?

Ozanam est un scénariste des plus talentueux qui explorent de nombreux genres avec la même efficacité. Mais s’il est bien un genre dans lequel Ozanam excelle, c’est bien le polar. Après l’œuvre coup de poing que fut Succombe qui doit mis en image avec un redoutable savoir-faire par Rica, il signe un nouveau polar hardboiled parfaitement maîtrisée qui évoque par certains aspects l’un des chefs-d’œuvre d'Alain Corneau, Police Python 357. A l’instar l'inspecteur Marc Ferrot, Ethan Karoshi va devoir enquêter sur un meurtre dont tout laisse à penser qu’il pourrait en être l’auteur. Falsifiant les preuves pour se couvrir le temps de comprendre ce qui lui tombe sur la gueule… Mais, à partir de cette partition connue, Ozanam a échafaudé un scénario brillant et inventif solidement charpenté. On suit avec délectation et un plaisir voyeuriste la lente et inexorable descente aux enfers d’un flic honnête et travailleur. Les dialogues sont finement ciselés et la voix-off d’Ethan qui nous permet de suivre ses états d’âme s’inscrit dans la plus pure tradition du roman noir… Quant à la chute, c’est un modèle de noirceur, au diapason du scénario…

Une fois encore, Ozanam a su trouver LE dessinateur idéal pour porter son récit. Parce que non content de signer des scénarios épatants, il parvient comme à chaque fois à faire équipe avec le dessinateur dont le style sera en parfaite osmose avec son propos. L’album est l’occasion de découvrir le travail d’un jeune et prometteur dessinateur danois, Mikkel Somme… On appréciera la couverture et la cigarette qui, faisant écho au titre, consume les premières et dernières pages de l’album…

Burn out nous faisait de l’œil de par la seule présence d’Antoine Ozanam au générique. Et le fait est qu’une fois encore nous avons été captivés par le travail de ce scénariste à l’écriture précise et percutante. Burn Out est un polar sombre au scénario millimétré qui captive le lecteur dès les premières pages pour ne plus le lâcher avant le générique de fin… Un petit bijou… Comme tous les albums de l’auteur…