La couverture de
World War Wolves, superbement composée, donne au chaland la furieuse envie de feuilleter cet album, premier tome d’une série ambitieuse qui joue sur les codes du récit de zombis, remis au gout du jour par l’excellent
Walking Dead de Kirkman et Adlard. Mais ici, point de Zombis mais des loups-garous, bien plus inquiétants car dotés d’intelligence…
Frappé par une maladie extrêmement contagieuse, une grande partie de la population américaine s’est progressivement transformée en lycanthropes. Les survivants à l’épidémie se sont regroupés en communauté autonomes pour tenter de survivre à ce terrible fléau. Dans le même temps, les garous s’organisent et une nation semble se mettre en place…
L’histoire chorale concoctée par le prolifique Jean-Luc Istin suit le destin de plusieurs personnages dont le seul objectif sera de survivre face à l’indicible menace. La famille Marshall tout d’abord dont le père, romancier à succès dans l’ancien monde, semble totalement démunit face aux dangers qui se tapissent dans l’ombre. Jeremy Lester, guitariste de Blues aveugle, qui va tout tenter pour sauver une petite fille dont le père s’est transformée en loup. Malcom Spolding qui ne doit sa survie au cœur du gigantesque garde-manger qu’est devenu Riker Island qu’à son incroyable don quasi instinctif pour réparer tout appareil défectueux…
Si on retrouve dans ce récit les bases d’un récit de survival, il se démarque nettement des autres récits zombinesques par la nature de l’ennemi. Les loups, dotés d’intelligence, ne se contentent pas de marcher lentement vers leurs proies, mais ont, le jour, une apparence humaine, leur permettant de se mêler à la population d’une enclave de survivants. Le mal peut dès lors se lover au cœur des hauts murs censés protéger les membres d’une communauté. Ils perdent peu à peu ce qui faisait leur humanité, à commencer par la compassion qui s’estompe peu à peu devant les lois de la nature. Ce décalage subtil confère au récit toute sa force et son originalité.
Faisant la part belle au récitatif, les auteurs nous entraînent dans le quotidien d’une poignée d’hommes et de femme sans doute appelés à se croiser au cœur des ténèbres. La dimension psychologique de chacun est finement travaillée, comme l’exige les codes du genre. L’idée d’entrecouper le récit de coupures de presse, d’articles de blogs, de textes griffonnés sur une feuille, accentue l’immersion du lecteur dans cet univers inquiétant, étoffant chaque protagoniste de façon redoutablement efficace.
Ayant déjà collaboré avec le scénariste sur
Elfes dont il signait les premier et sixième tomes (et à qui il fait un clin d’œil dans cet album), Kyko Duarte parvient en mettre en image le récit sombre et inquiétant de Jean-Luc Istin avec une redoutable efficacité. Il parvient à faire ressentir les émotions des différents personnages de façon saisissante, soulignant avec brio le caractère de chacun. Ses mises en scène sont soignées et ses cadrages s’avèrent des plus percutants…
Loin d’être une resucé de Wlking Dead auquel il emprunte le format et le style comics, World War Wolves s’avère être une nouvelle série qui se donne les moyens de ses ambitions. Porté par un scénario faisant la part belle aux personnages et un dessin d’une redoutable efficacité, il ravira à n’en pas douter les amateurs de survival…