Eric Stalner nous entraîne dans le New-York de la fin de du XIXième siècle, une époque qu’il semble apprécier tout particulièrement…

New-York, 1892. Ellis Island est depuis quelques semaines la porte de l’espoir pour les milliers de migrant désireux de vivre aux Etats-Unis. Le jeune William Campbell s’amuse à jouer les sourds muets, manquant de se faire refouler avec sa mère… Peut-être aurait-il mieux fallu que ce soit le cas… Car sitôt débarqué sur le sol américain, un violent attentat fait de Will un orphelin… Traumatisé par ce terrible drame, l’enfant se mue dans un silence absolu tant et si bien qu’il est va être placé dans un établissement s’occupant d’enfants sourds et muets… Les années passent… Will devenu adulte décide de comprendre ce qu’il s’est réellement passé en cette journée tragique où est morte sa mère… Il remonte la seule piste qu’il a : une carte de visite du Pink Flamingo, un cabaret new-yorkais, tombée de la poche d’un type étrange qui a tenté de les prévenir le jour où la bombe a explosé sur le quai de la gare…

Après Vito, récit fantastique oscillant entre conte et réalité, Eric Stalner tisse un récit ancré dans l’histoire à la narration très originale. Le principal personnage jouant les mutiques, son ressentit est présenté sous formes de récitatifs qui confère au récit toute sa force et tout son charme. Frayant dans un milieu dangereux auprès de personnages interlopes ayant maille à partir avec la mafia, Will va, par ruse, se faire engager au Pink Flamingo en tant que comptable et amorcer son son enquête…

On retrouve avec plaisir le trait si particulier d’Eric Stalner qui possède une identité graphique forte. Le personnage de Will ressemble à ce héros qui ce héros aux multiples histoires qui traverse l’œuvre de ce scénariste et dessinateur, tel un acteur talentueux hantant l’œuvre d’un cinéaste. Ses planches particulièrement, fourmillant de détails qui crédibilisent l’ensemble, sont fort bien construites et s’avèrent particulièrement fluides. Les planches non colorisée d’Eric Stalner que l’on peut trouver sur son blog méritent incontestablement le détour pour leur encrage d’une grande finesse permettant de mieux appréhender sa façon de travailler…

Porté par une narration originale et efficace, un Long Silence pose les bases d’une série très prometteuse. Les acteurs sont en place dans un décor soigné, le drame s’est rapidement noué et l’enquête à rebours que va mener Will pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé sur ce quai de gare s’annonce passionnante… Surtout que de nombreux mystères semblent entourer ces évènements et les personnages qui y sont mêlés, de l’inspecteur Langstram en passant par la Duchesse… La scène finale, cliffhanger saisissant, annonce un développement passionnant…