


Les éditions Rue de Sèvres continuent d’étoffer leur catalogue avec des titres tous plus captivants les uns que les autres signés par des pointures du genre… Walter Hill, Matz et Jeff associent leur talent pour nous concocter un polar immergeant le lecteur au cœur de la prohibition dans l’Amérique des années 30…
1931. Roy Nash, condamné à la perpétuité est sorti de prison par un malfrat. Pour payer sa dette, il va devoir mettre hors circuit trois bandits qui ont «oublié» de partager leur magot d’un demi-million de dollars avec un caïd local… L’un d’eux est parti au bras de la belle Lena, l’ex compagne de Roy qu’il ne parvient pas à oublier, une motivation suffisante à elle seule pour accepter le job… Une traque s’engage alors à la recherche des mafieux, une piste semée d’embûches qui l’entraîne dans des eaux bien troubles… D’autant que les motivations de Roy semblent complexes, écartelées entre la vengeance, le magot et la belle Lena…

Mené de main de maître par deux auteurs chevronnés. Walter Hill, metteur en scène (
Les Guerriers de la nuit,
48h,
Du plomb dans la tête –adapté de la trilogie signée par Matz et Colin Wilson-…), scénariste (
Guets-Apens,
Alien, 1,2 et 3…) et producteur confirmé signe avec
Balles Perdus son tout premier album, qui plus est édité d’abord dans la langue de Molière. Remarquablement adapté par Matz, le scénario tiré au cordeau s’avère solidement charpenté. Mettant en scène un bandit implacable mais romantique, le scénario oscille entre polar et thriller, ménageant des rebondissements savoureux et inattendus et mettant en scène une galerie de seconds rôles particulièrement travaillés. On ne s’ennuie pas un seul instant le long dans ce polar sombre de près de 120 pages où le titre finit tragiquement par trouver sa signification…
La partition graphique de Jef, dessinateur autodidacte au talent impressionnant (
Une balle dans la tête,
9/11,
Jim Morrison,
Poète du Chaos,
La traque…) est tout simplement remarquable. Son trait acéré et sa mise en couleur léchée font une fois de plus merveilles. Ses ambiances sont particulièrement soignées et ses décors, de l’aride Arizona aux cosmopolites Chicago et Los Angeles, sont remarquablement bien travaillés… Le tout est porté par une mise en scène nerveuse et des cadrages délicieusement cinématographique…
L’album est complété par une intéressante interview, rehaussé de crayonnés somptueux, où Walter Hill revient sur la genèse de l’album et ses intentions…
Le moins que l’on puisse dire c’est que Walter Hill, secondé par Matz, scénariste chevronné de polar, fait une entrée fracassante dans le neuvième art. La collection Rue de Sèvres s’enrichit d’un petit bijou superbement mis en scène par un Jef au sommet de son art… Incontournable pour tout amateur de polars sombres et nerveux…