Avec
Wild River, Roger Seiter et Vincent Wagner nous invitent à découvrir la rudesse de la conquête l’ouest sauvage à l’époque peu après que Napoléon eut vendu la Louisiane aux tous jeunes Etats d’Amériques.
Robert Frazer a participé à la fameuse expédition des capitaines Lewis et Clark qui a atteint le Pacifique après avoir remonté le Missouri, traversé les Rocheuses et descendu la Columbia. Démobilisé, il s’est installé avec sa famille dans une ferme sur les rives de l’Osage River.
Alors qu’il revenait avec son jeune frère James fraîchement arrivé de l’est civilisé, il comprend que sa jeune épouse, Elisabeth, et son fils, Josuha, ont été enlevés par des guerriers Crows qui ont rallié la révolte du chef shawnee Tecumseh. Frazer va se lancer à la poursuite de cette bande d’indien, refaisant six années après, le parcours de l’expédition de Lewis & Clark… Mais la contrée, toujours sauvage, est devenue plus dangereuse encore, alors que les indiens prennent le chemin de la guerre…
Publié originellement par Casterman (pour les deux premiers tomes) et Cleopas (pour le troisième et dernier tome), voilà que les Editions du Long Bec proposent une élégante réédition, revue et augmentée, de ce western qui immerge le lecteur dans les prémices de la conquête de l’ouest. Cette présent édition est rehaussée de notes relatives à l’histoire et aux tribus indiennes rencontrées dans le récit, le tout accompagné de très belles illustrations signées Vincent Wagner.
Construit sur une base historique étoffée et porté par une structure narrative solidement charpentée riche en rebondissements, ce récit choral va nous montrer la rudesse de la vie dans l’ouest sauvage alors que la cohabitation entre natifs et européens se fait des plus difficiles. Le récit met en scène une galerie foisonnante de personnages fictifs ou réels qui porte un regard pessimiste sur la nature humaine et ses sombres penchants. Le regard que portent la majorité des pionniers sur les natifs est particulièrement méprisant et avilissant. En les taxant de «sauvage», ils peuvent justifier la spoliation de leur terre et la mise à bas de leur culture ancestrale… De quoi attiser la haine des indiens pour l’homme blanc, annonciatrice des guerres meurtrières à venir…
Il y a incontestablement une dimension épique dans ce western old time dont l’intensité va crescendo au fil des pages pour un final poignant qui se clôt avec un épilogue inédit qui referme le récit sur une note optimiste...
Le dessin réaliste de Vincent Wagner fait la part belle à l’immensité et à la beauté des paysages. Pour cette réédition, il a redessiné certaines cases et colorisé les planches du tome 3 qui avaient été éditée en noir et blanc. La couverture de l’album et son verni sélectif est du plus bel effet, rehaussant l’élégante illustration qui donne d’emblée le ton du récit.
C’est un réel plaisir de pouvoir retrouver ce récit historique et épique concocté par un duo d’auteurs chevronnés dans sa version définitive. En lisant cette captivante saga de près de 160 pages, on se demande pourquoi cette période historique, riche et finalement assez méconnue du grand public, n’a pas plus souvent servit de cadre à des récits… Cette élégante intégrale sera l’occasion de (re)découvrir cette formidable histoire qui se déroule dans l’ouest sauvage, rude, âpre et sans pitié…