Il y a cinquante ans à peine, ce slogan qui semble être une évidence pour toute démocratie, cachait une réalité bien plus sombre… Cette trilogie, oscillant entre la biographie et le documentaire, s’avère très didactique, retraçant avec précision et efficacité ce combat non-violent engagé par un jeune homme qui va s’engager très tôt et militer activement pour défendre les droits élémentaires de tout citoyen… Alors qu’au sud des Etats-Unis les gens de couleur ne peuvent fréquenter les mêmes écoles, les mêmes commerces, les mêmes salles de spectacle et de cinéma que les blanc ni même voter, certains vont lutter, courageusement et au péril de leur vie, pour que soient enfin reconnus leurs droits.
Après un premier volume aussi édifiant que salutaire portant sur l’enfance de John Lewis, ce second volume,
1960-1963 se centre sur les
Freedom ride qui s’était donné pour but de tester un arrêt de la Cour Suprême mettant fin à la ségrégation dans les transports et sur la
marche sur Washington qui suivit… Difficile de ne pas être admiratif de ce combat mené sans armes ni violence par ces hommes et femmes alors que se déchaînaient sur eux la violence et la haine des ségrégationnistes… Ils connaissaient les risques mais se sont tout de même embarqués dans ces bus, sachant qu’à chaque étape des WASP ou des membres du KKK pouvait les attendre, les armes à la main…
La lutte non-violente engagée par ces hommes et femmes pour vivre debout force le respect et l’admiration…
La structure narrative du récit, ponctuée par la préparation du discours d’investiture de Barack Obama, impulse un rythme appréciable à l’album, évoquant le long chemin parcouru pour en arriver là… Mais les dernières planches font voler en éclat le formidable espoir né lors de la Marche sur Washington, rappelant que tout est encore à faire et que le long et douloureux combat pour l’égalité des droits a fait et va faire encore couler beaucoup de larmes et de sang…
Le trait réaliste de Nate Powell, qui a notamment signé le dessin du remarquable
Silence de nos amis, s’inscrit dans la veine documentaire et met en image de façon saisissante les événements relatés dans cet album par John Lewis lui-même et Andrew Aydin, qui n’est autre que son attaché parlementaire…
Porté par une narration graphique efficace, ce second tome de Wake Up America (March en v.o.) s’avère en tous points passionnant malgré un aspect didactique qui pourra rebuter certains. En retraçant l’enchaînement de ces événements qui ont marqués et contribués à faire évoluer les lois et les consciences, les auteurs font œuvre de mémoire, proposant la biographie d’un des acteurs majeurs de ce mouvement mais aussi et surtout un portrait saisissant de l’Amérique du début des années 60.