les Eléphants Rouges est le premier album de la série Communardes. Signée par le talentueux Wilfrid Lupano, elle propose au lecteur de vivre la parenthèse de la Commune au travers trois regards féminins…

Hiver 1870. Paris est assiégée par l’armée prussienne. Les parisiens sont affamés et souffrent d’un froid mordant. Victorine est une gamine de onze ans. Sa mère travaille difficilement pour gagner sa vie et s’engage dans le mouvement des femmes. Victorine passe tout son temps à s’occuper de Castor et Pollux, les deux éléphants du jardin des plantes…
Livrée à elle-même, elle intègre une bande de gosses des rues et en devient le chef. Son imagination fertile, alimenté par ses lectures, lui font échafauder un plan audacieux qui devrait mettre à mal les armées de Bismarck…

Loin de l’aspect romanesque de l’Aristocrate Fantôme (second tome de la série), cet album nous donne à voir les prémices de la Commune au travers des yeux d’enfants. Le récit concocté par Wilfrid Lupano nous entraîne dans les ruelles de Paris qui subissait alors un siège difficile alors que le froid et la famine s’ajoutaient aux souffrances de la guerre. Du haut de ses douze ans, Victorine souhaite que sa mère soit fière d’elle et veut s’engager dans cette lutte contre les prussiens. Les lecteurs de l’Aristocrate Fantôme croiseront à nouveau sa route et celle de sa mère puisque toutes deux y apparaissaient en personnage secondaire, les trois tomes formant ainsi une historie chorale qui balaye celle de la Commune…
Car ce n’est pas tant la Commune que le scénariste se propose de nous conter, mais bel et bien trois destins qui traversent cette brève parenthèse historiques qui vit naître les premiers mouvements féministes. Mais au travers de ce destin, par petites touches, il compose un tableau convaincant du climat insurrectionnel qui anima la ville de Paris…

Les crayons et pinceaux de Lucy Mazel mettent en scène avec une redoutable efficacité le scénario de Wilfrid Lupano. Son trait, plein de tendresse et de sensibilité, donne vie à des personnages attachants et dépeint avec justesse le siège de Paris tel qu’a pu le vivre une gosse de douze ans un brin rêveuse et idéaliste. Ses cases foisonnant de détails évoquent le quotidien des parisiens, le froid qui règne dans les rues de la capitale, la faim qui les tenaillent, avec ces rats qui pendent aux étals des bouchers alors que les animaux du Jardin des Plantes finissent dans les assiettes des bourgeois dans les restaurants huppés.

Porté par le dessin plein de justesse et de tendresse de
Lucy Mazel, ces Eléphants Rouges nous donnent à voir le Paris insurrectionnel de la Commune à la hauteur d’une enfant de douze ans. En s’appuyant sur le célèbre épisode des éléphants du Jardin des Plantes, Wilfrid Lupano, scénariste pour le moins éclectique, tisse un récit sensible et plein d’humanité… Un tome captivant pour une série historique et féministe qui ne l’est pas moins…