Les croque-morts ont décidemment le vent (du desert) en poupe! Après l’excellent Undertaker signé par Xavier Dorison e Ralph Mayer, Frédéric et Julien Maffre nous proposent Stern, une nouvelle série originale mettant en scène un héros atypique, Elijah Stern qui, après avoir exercé tous les métiers, se retrouve à revêtir la panoplie de croquemort, un métier plein de surprises…

Kansas, 1880. Elijah Stern, croquemort de son état, est appelé pour s’occuper de la dépouille mortel de Charles Bening, passé de vie à trépas dans un bordel de Morrison, dans le comté de Coffey. Son épouse, membre éminent de la ligue de Tempérance, propose à Stern un marché qui ne se refuse pas : monnayant une somme rondelette, elle lui demande de disséquer son défunt mari et d’en extraire le cœur, les poumons et le foie afin qu’ils puissent être photographié et diffuser pour expliciter les ravages de l’alcool. Stern comprend bien vite que la mort de Bening n’est pas fortuite. Comme le confirmera le médecin, il a bel et bien été assassiné… Les soupçons s’orientent vers la prostituée que Bening avait l’habitude de fréquenter… Mais certains détails font tiquer Stern qui va mener son enquête…

Porté par un personnage central complexe au passé trouble, ce premier tome inaugure cette nouvelle série particulièrement enthousiasmante. Le scénario concocté par Frédéric Maffre s’avère tout à la fois original et alambiqué, plongeant ses racines dans le passé trouble des personnages. Porté par des dialogues pour le moins percutants, le récit est conduit avec une redoutable efficacité, une qualité d’écriture et un sens du rythme épatant. L’histoire met en scène une galerie de personnages hauts en couleur et aux caractères affirmés. Si le croque-mort et le clochard sont rapidement identifiables, il faudra attendre la fin du récit pour savoir qui endosse le rôle de l’assassin… La structure de l’histoire ou la dernière scène réponds aux premières planches sibyllines s’avèrent quant à elle parfaitement maîtrisée…

Après la Banque, Julien Maffre signe une partition graphique remarquable et saisissante. Sa colorisation subtile souligne à merveille les différentes ambiances du récit, des scènes nocturnes à celles baignée d’un soleil écrasant, des geôles crasseuses aux intérieurs cossus. Il met en scène avec une redoutable efficacité des personnages atypiques, attachants ou répugnants, par le truchement de cadrages percutants et d’un découpage impeccable dans des décors soignés et pleins de vie.

Frédéric et Julien Maffre s’essayent au western avec un talent évident. Fertile en surprises et en rebondissement, cette première enquête de Stern, héros pour le moins atypique, s’avère particulièrement captivante. Evoquant le titre d’un film de Sergio Leone, Le croque-mort, le clochard et l’assassin pose les bases d’une série enthousiasmante dont on attends le prochain tome avec impatience…