Alors qu’ils faisaient voile vers le Royaume d’Andor attaqué pendant leur absence, le navire de Chada, l’Archère du Bois de la Vigilance et de Thorn le Guerrier fait naufrage et s’échoue sur les récifs acérés d’une île inconnue… Ils vont devoir l’explorer et affronter les périls qui s’y cachent pour regagner Andor et le défendre chèrement…

Tel est le pitch de ce jeu à part entière qui s’inscrit dans le même univers que le célèbre jeu coopératif de Michael Menzel qui laisse les commandes à Gerhard Hecht pour se charger uniquement du dessin…


Illustré par Michael Menzel, le matériel du jeu est encore une fois très immersif… On ressent d’emblée l’appel de l’aventure et on retrouve avec un réel plaisir l’univers d’Andor, graphiquement très identifiable.

Le matériel est comme de coutume de grande qualité. L’éditeur a même glissé dans la boite une figurine supplémentaire appelée à servir dans une future extension (mais pourquoi ne pas avoir mis son socle dans la boîte ?... mystère…). La boîte propose quatre aventures constituées chacune de plusieurs cartes qui, si elles paraissent un brin exigües, s’avèrent parfaitement fonctionnelles.

Le livret de règles (12 pages) s’avère dense mais parfaitement abordable. Après une partie d’introduction permettant d’acquérir les mécanismes de base, le joueur peut sans problème se lancer dans les aventures proposées d’autant que pour chacune d’elle, une carte vient expliciter les nouveaux symboles… Bref, les aventuriers sont bien pris par la main… Mais le challenge n’en n’est pas pour autant aisé!

Contenu de la boîte : 36 cartes Aventure (grand format), 6 cartes Malédiction, 29 cartes Brouillard, 4 cartes alliés, 12 cartes Objet, 3 cartes Spéciales, 3 pions avec support en plastique, 1pion Malédiction, 1 pion bonus, 20 jetons Point de Volonté, 3 jetons Feu de camp et, pour chacun des 2 joueurs, 1 pion personnage (et son socle) et trois cartes Héros.

Mise en place
La mise en place s’avère particulièrement fluide : chaque joueur prend ses trois cartes Héros et tire trois cartes Malédiction et en place une face cachée derrière chacune des cartes Héros. On choisit l’Aventure que l’on souhaite faire, on prend les cartes de Début et de Fin et on pioche aléatoirement les cartes intermédiaires parmi celle de l’aventure choisie… La première carte Aventure indique combien de cartes Brouillard il faut placer en haut de la carte. La partie peut commencer!

Deroulement
A son tour de jeu, le joueur doit activer l’une des cartes situées au-dessus de sa pile pour se déplacer, combattre, activer un adversaire ou un allié… La carte est ensuite placée derrière la pile activée, de même que la carte éventuellement récoltée au cours de ce tour.

Pour les déplacements, le joueur peut en activant sa carte choisir de combien de case il souhaite se déplacer, en s’acquittant du coût (avancer la carte Malédiction, pioche d’une carte Brouillard, perte de Volonté…). A chaque case est liée une contrainte (en coût de déplacement ou autre).

Un joueur peut aider l’autre Héros en lui donnant Volonté et assistance pour les combats si celui-ci se trouve sur une case voisine ou sur sa propre case.

Fin de partie
La partie s’achève par la victoire des joueurs si chacun arrive à son terme (un astucieux système de décompte a lieu dès qu’un joueur arrive à destination). Ils perdent si le jeton Malédiction a rattrapé l’un des Héros, un joueur doit piocher une carte Brouillard et la pioche est vide, les trois piles d’un joueur sont bloquées à son tour de jeu.


Loin d’être une resucée de l’excellent jeu coopératif de Michael Menzel, Andor : Chada & Thorn offre une mécanique entièrement nouvelle inspirée du deck-building… que l’on pourrait appeler multi-micro-deck-building. Car ce n’est pas un mais trois (petits) paquets de cartes que les joueurs vont avoir à gérer en simultané pour planifier leurs actions, tirer parti de leur force et minimiser leur faiblesse…

On retrouve cette sensation délicieusement immersive induite tant par les illustrations léchées de Michael Menzel que par la mécanique simple et élégante du jeu et les multiples péripéties qui émaillent chaque aventure…

Les cartes Brouillards sont autant de cartes de rencontres inquiétantes qui viennent enrichir l’aventure… et donner du fil à retordre aux joueurs! Les combattre n’est qu’une option car certaines d’entre elles ont un effet activable, offrant un choix supplémentaire aux aventuriers…

Si l’aventure commence en général bien, la tension se fait rapidement palpable et les choix cornéliens… Quel chemin emprunter? Quelle carte activer? Si j’active celle-ci, je ne pourrais y avoir recours pour passer cette étape là… de bien cruels dilemmes en perspective, d’autant que le pion malédiction avance, inexorablement, obligeant les héros à aller sans cesse de l’avant… Sans trop se séparer toutefois puisqu’éloignés, ils ne pourront s’entraider! D’autant qu’un pion Héros sur une case masque les éléments s’y trouvant, permettant à son compagnon de route et d’aventure de la franchir sans encombre…

On appréciera les aléas de chaque scénario : chaque aventure étant constituée de plusieurs cartes combinables à loisir, chacune d’entre elle est suffisamment différente pour pouvoir se rejouer sans heurts et sans impression de déjà-vu… De plus, aux aléas des cartes Aventure viennent s’ajouter ceux des cartes Malédiction et surtout des cartes Brouillard qui obligent les joueurs à adapter leurs stratégies… D’autant que les choix qui s’offrent à chaque tour laissent un grand degré de liberté aux joueurs, leur donnant envie d’expérimenter de nouvelles tactiques et explorer de nouveaux chemins afin de parvenir au campement bien mérité…

Andor : Chada & Thorn est un délicieux jeu coopératif porté par une mécanique simple et élégante. Chaque aventure, combinée à des cartes brouillard aléatoires, offre un réel challenge aux aventuriers…

Le jeu semble idéal pour publier moult scénarios et extensions qui viendront renouveler un jeu déjà riche et passionnant en soit…

Porté par les superbes illustrations de Michael Menzel, Gerhard Hecht nous offre un jeu coopératif passionnant et élégant à découvrir de toute urgence!



le matériel très immersif
la mécanique originale
la course contre la montre induite par le pion Malédiction
l’impression de vivre une aventure épique
le rapport qualité/prix/plaisir de jeu imbattable



euh… La thématique ne plaira pas à tout le monde? Mais c’est vraiment pour chercher la petite bête…