Avec
Duke, Hermann renoue une fois encore avec le western, genre qu’il affectionne et dans lequel il excelle…
Mullins tient la ville d’Ogden sous sa coupe. La mine, les bâtiments, les bêtes, tout lui appartient et pour cela, il se donne le droit de rendre lui-même justice… Il utilise pour ses basses œuvres le sinistre Mc Caulky qui s’impose par le plomb et la peur qu’il inspire, n’hésitant à tuer, homme, femme ou enfant pour marquer les esprits…
Duke, shérif adjoint de la bourgade, pense qu’il ne peut laisser un homme telle que Mc Caulky s’en sortir… Sa mission est de le mettre hors d’état de nuire, même s’il doit pour cela se mettre le shérif de la ville à dos…
Mettant en scène un héros tourmenté poursuivit par ses propres démons, Yves H. signe un western crépusculaire violent et sans concession. L’ouest sauvage y est décrit tel qu’il dû être: rugueux et violent, déjà gangréné par le capitalisme exacerbé où la loi du plus fort régnait déjà en maître, sans se soucier du vernis des apparences.
Les méchants sont de vrais salauds, de Mullins à Mc Caulky, et les gentils ne le sont pas vraiment… Chacun des personnages oscille entre le gris clair et le noir, les valeurs morales s’effritant derrière la noirceur de l’âme humaine…
Le dessin âpre et réaliste d’Hermann est comme de coutume somptueux et ses cadrages d’inspiration cinématographique servent au mieux l’action. Ses paysages sont superbement rendus, donnant tant à voir qu’à ressentir et ses sublimes couleurs directes soulignent avec finesse l’atmosphère de chaque scène… Pour un peu on sentirait le mordant du vent glacial, la chaleur pesante du soleil, l’odeur des feuilles mortes en automne ou le bruit des sabots dans la neige.
Ses personnages n’ont rien de gravures de modes et on lit dans leurs traits la souffrance et les tourments qui sont les leurs… Le dessinateur belge ne cherche pas à dessiner le beau, mais à retranscrire le réel pour servir au mieux le récit…
A l’instar d’un cinéaste, Hermann use avec une redoutable efficacité des silences qui en disent souvent plus longs que des dialogues, fussent-ils finement ciselés… Témoin cette scène de duel où le pesant silence est subitement déchiré par le bruit des flingues…
Yves H. et Hermann signent avec Duke un western crépusculaire sombre, âpre et violent… Duke, personnage central du récit, est un héros animé par un certain esprit de justice mais tourmenté par ses sombres penchants…
Porté par le dessin réaliste et la mise en couleur somptueuse d’Hermann, la boue et le sang inaugure une série prometteuse qui ravira les amateurs de western en général et du travail d’Hermann en particulier…